LE MIROIR

Pierre Belleney

Ciné Roman

Editions de l'Obsidienne

Pierre Belleney, Le Miroir, Editions de l'Obsidienne, 2012

SYNOPSIS

Années 60... les actualités défilent en mondovision... Algérie, Tchad, Nouvelle-Calédonie, Vietnam, Irak, Chili, Palestine, Israël... De Gaulle, Pompidou, Giscard, Chirac, Mitterrand... années 2000...

Le temps passe... ex-collégiens, ex-lycéens, ex-étudiants, ex-hippies, ex-amants, amants et amis, Marie, documentaliste et militante féministe, Paulo, vendeur dans un magasin de musique, Valentine, Lolita malgré elle, femme au foyer, Jean, artiste peintre, Freddy, artiste sculpteur, ancien d'Algérie, Lulu, sioniste repentie, Léo, écrivain, Nati, employée de bureau, Laure, fille de la grande bourgeoisie, Anna et Georges, tous deux grands voyageurs et diplomates, évoquent, en récits successifs et entrecroisés, les bribes dispersées de leurs vies exaltées par autant de souvenirs musicaux et jeux amoureux, leurs rencontres, au gré des rails, des routes, des hôtels, des bars, des lieux de commerce sexuel, des déménagements, éclairant ainsi, progressivement, les zones d'ombres, les non-dits et les catastrophes, qu'ils entraînent par leurs silences complices, leurs coming-out subis, leurs agressions et révoltes passagères, inorganisées et désespérées, leur conformisme inconscient, leur opportunisme refoulé, et leurs multiples aliénations.

Le récit, dialogué, est organisé en placard aux multiples tiroirs que les visiteurs peuvent ouvrir, au hasard du moment, sans avoir à se soucier d'une quelconque linéarité des actes... et brancher, éventuellement, leurs oreillettes bluetooth sur une play-list suggérée au cours des pages, que chacun pourra reconstruire au gré de ses recherches sur l'internet.

Prêts au départ ? Borderline? In? Out? OK? Le monde est à nous!

BANDE ANNONCE

Ouais. Et alors? Tu n'as rien prévu pour demain?

Hous! Hem... Yeah! Yeah! OK!
Hous! HaHa... Yeah! Yeah! OK!
Hous! Ha... Yeah! Yeah! OK!

– Alors là... là! T'es grave... très... très grave... vraiment en dessous de tout, vraiment très grave... Tu ne sais même plus où elle est!
– Quoi?
– Ta ceinture!
– Ma ceinture?
– Laisse tomber...
– Je n'ai pas de slip...
– Trash! total-macho... Bon... . Tu vas y arriver?

– Tu ne pouvais pas tout faire depuis Linux?
– Triomphant! Hein, t'es content! Le pied! sous Windows, je reste sous Windows... question d'éthique !
– Tu manies innocemment des concepts dominants.

– tu mérites pas que j'continue...
– Le mérite est une valeur bourgeoise... C'est toi qui me l'as dit.

– si jamais tu as envie de faire l'amour avec une fille, ne perds pas mon numéro de tél'
– ...
– Tu connais le Miroir?
– La librairie-salon d'thé?
– Oui.
– Pourquoi?
– La dame fait bon accueil. C'est une copine... une très bonne copine... Tu peux aussi lui parler de moi.

– L'addition... s'il vous plaît!
– Tu t'en vas déjà?
– ... juste le temps d'faire ma valise et d'cracher!

– tu veux encore un d'mi?
– Oui, je congestionne...
– Tu devrais laisser tomber tes jeans moulants. Tu fais tapette!

– tu vois bien qu't'aimes les histoires de culs!
– Tu parles que de ça!
– t'oublie la Révolution! mon sujet favori!

– Et tu vas la suivre? tu te bourres le crâne! Tu t'es fait mettre!
– T'es vraiment un p'tit salaud gonflé d'amertume... Belle... j'y tiens. J'y tiens d'autant plus qu'el'me r'proche pas d'draguer les mecs; comme ta gonzesse! OK! Tu vois, c'est l'fond de c't'histoire...
– Il vaut mieux que tu t'arrêtes.
– Oui, j'crois aussi...

Mais bordel! Il m'faisait chier, ce con! Qu'est-ce qu’y foutait là?
Putain! qu'est-ce qu’y foutait là? C'était pas l'moment!

– Mais, nous venons d'arriver!
– Dis-moi... tu crois que je vais rester là combien de temps? T'es vraiment un plouc quand tu t'y mets!

– y avait conférence à la Cité-U hier soir?
– Oui... le Chili...
– Après, tu as recueilli des p'tits Chiliens dans ta p'tite chambre?
– T'es vraiment une petite bourgeoise mal baisée.

– L'école est finie?
– Papa papa, papa, t'es plus dans l'coup, papa! Tu ne me prendras pas la main.
– Même pas un petit becquot?
– Non!
– Allez, juste un p'tit...
– Non! Laisse-moi passer! ! !
– Allez...
– Non! Casse-toi! ! Mais casse-toi donc! lache-moi!
– juste un p'tit becquot...
– Non! Lâche-moi! Lâche-moi! Allez! Dégage!

– Bon... Si vous le voulez bien... je me mets de niveau! Je vais boire une bibine... et me rouler un péte!
– J'ai un bon petit noir. Va chercher ta bibine! Je roule!
– Wouah! Merci! Je vais être black! Tu veux boire un coup?
– Un coca.
– P'tite Nana! Coca! In?
– J'ai cru que tu m'avais oubliée...
– Et de deux! Out, Nana! Je ne me sens pas à l'aise...
– OK ! In! Le vestiaire est par là!
– Merci, les filles! Bien aimable! Á tout de suite...

– Tu voulais pas égoutter ton brûl'gueule?
– Si.
– Alors, sors'le, j't'attends. Y'faut rev'nir ensemble à l'étude...

– Tu veux! tu veux pas! C'est simple...
– Je suis déjà prise!
– Par devant ou par derrière?
– Les deux!

– maint'nant, tu vas faire comment?
– ... J'sais pas! J'vais lui mettre une mandale! C'est lui... l'problème!

– Vous allez où comme Ça? Au frich'ti?
– Au radada! J'l'emmène aux gogues! Il a la manche! Maousse! J'vais l'accrocher au radia! Y'fait frio!
– Y'peut pas s'la tenir tout seul?
– oh! tu fouettes! T'as la lucarne coincée! ! ! Fourre-toi la motte!
– Salopes! ! ! p'tites crapes! ! ! des vraies p'tites fiottes! ! !
– Quoi... des tantouses! Nous? Tu vois... moi! les keusses! j'suis douillet! J'reste calme... mais faut quand même pas trop m'en dire! Occup'toi d'tes miches! hein! Va t'branler! Rabats-la! Allez! Tir'toi, sous-cul! Tu crains la loi! Au placard! Tu vaux pas l'glaviot!

– Il y a quelqu'un!
– Où?
– Là! derrière nous! Il vient de rentrer dans le parc!
– Comme nous! ... Il nous suit?
– Je ne sais pas. Il vient juste de rentrer...
– Il va de quel côté?
– Á gauche...
– tu vois... Il ne nous suit pas... alors... tu veux bien?

– ... Ils sont homos?
– Non ... Ils font l'amour...
– Ils sont homos.
– Non ... Ils font l'amour!

– ... tu tournes en rond... tu veux vivre un monde différent! mais tu ne sais toujours pas si tu peux faire l'amour avec ta plus vieille copine!
– Qu'est-ce que j'aurais de plus? Tous les garçons du lycée nous traiteront de gouines! tu es dingue! Tu n'es pas bien aujourd'hui!
– Non. C'est toi qui n'es pas bien... Tu l'as dit il y a cinq minutes...

– ... tu vas mieux maintenant... Allez... Viens...
– ... tu veux bien faire l'amour?
– ... tu le sais... ne m'oblige pas à te dire non. Viens... tu peux dormir ici ce soir.

– Après, vous avez fait quoi?
– Discuté avec l'urgentiste...
– Je l'allume?
– Il t'attend avec impatience!

– Je suis sûr d'avoir déjà vu cette fille avec elle...
– Impossible! T'es qu'un jaloux parano!

– ... je crois que je me sens excessivement attiré par les très jeunes femmes.
– ... suis-je encore une jeune femme?
– Oui.
– Le tam tam du vent me dit que tu mens!

– Tu es marié?
– Non, veuf...
– Excuse-moi...
– Ce n'est pas une maladie incurable...
– ...
– C'est ma femme qui l'a eue...

– C'est quoi? leurs mauvaises fréquentations...
– Des barbouzes!
– T'es sérieuse? Ils en sont?
– Oui... si tu regardes bien les choses en face... mais je ne sais pas... tu ne veux pas me faire confiance, une fois de plus?
– ... c'est pas une question d'confiance.

– Là... là... t'es un vrai pédé...
– c'est juste parce que j't'aime! Bon! Tout va!
– Oh! Les chéris! Quatre verres! Merci! Dès que c'est le grand amour, il n'y a plus rien autour...

– Merci de penser à moi...
– tu es trop bête!
– Non! vieux seulement...
– ...arrête. Viens...
– tu m'attend?.. impatiemment?..
– ... La porte est ouverte. C'est la fête!

– Oui. Je suis en ville pour quelques jours... RVOD3D18H? OK?
– OK! la dernière fois... c'était quand? vingt ans?
– J'avais vingt-sept ans, darling!
– ... alors ça fait vingt-deux ans!
– Quelle ram!

– le partage... c'est des vannes! t'y crois?
– Oui! Ça t'dérange? Tête d'orange! t'es un vrai bouffon!
– Tu t'es vue! ! ! tu m'soûles, à la fin!
– j'aime faire l'amour...
– Ouah... La meuf'... La mytho!
– T'es qu'un nain d'jardin! Va t'cacher!
– alors? L'herbier de Papet? c'était du partage?
– ... Je n'avais plus rien à fumer!
– Là! ...là! t'es trop!
– Attends... papet plante de l'herbe dans le jardin... j'appelles les keufs?
– Wouhwouh! La bâtarde!
– j'te flashe! Péte au bec!
– Génial! Classe! l'profil FaceBook!
– T'es parano!

– J'ai payé... presque toujours payé... Tu vois! J'y reviens... Exploitée! ! ! C'est le mot. Tu comprends? D'abord... les affaires!
– La manie de l'acte gratuit est une vieille idée! horrible! horrible! horrible! C'est trop chair! ! !
– ... tu es devenu amer... Je ne te trouve pas drôle...

– t'es amorphe... Tu te laisses aller... Tu fouts plus rien...
– Je ne sais plus où j'en suis...
– Et alors?
– Je joue du balai...
– Je vais pleurer!
– Á longueur de journée! ..
– Tu ne sais plus où t'en es!
– Á cinquante berges!
– Paf! Déjà cinquante et un! Dis...
– Imagine! Le pastisse!
– Demain... Paf! Je meurs! TU FAIS QUOI?

– Willy Ki?
– Wilhem! Willy! Wilhem Reich!
– Ceki? Un NaZi?

– Alors? les gogues ?
– Wouawouawouah! ! ! Rien! Le désert! Faut qu'j'baise! J'suis en rut!
– C'est pas possible! Faut d'abord cracher l'addition!
– T'as tout compris, ma p'tite souris!

– j'aimerais beaucoup que tu fasses tes études à Londres.
– Je préfèrerais que tu m'offres un voyage en Inde.
– Je te parlais de tes études...

– Alors,! tu nous sers?
– Attends! Tiens! J'arrive, me v'la!
– Ouhouh! Il est amoureux- eux, il est amoureux...

... Putain de mômes! on peut rien leur cacher!

– Bon... ensuite!
– Tu es toujours trop pressé!
– Pendant tout c'temps, j'ai pris mon pied une cinquantaine de fois!
– Deux jours après...
– Tu t' branles toujours...

– ferme le rideau!
– Laisse tomber! on ne peut rien voir depuis la cour!
– Et si quelqu'un entre...
– T'es vraiment pénible... fais pas l'zigoto! Allez! Assure! Tire tes p'lures! Un jour, faudra bien qu'tu l'craches qu't'es pédé!
– Je ne suis pas pédé!
– Moi non plus... J'n'aime qu'les vieux... Les jeunes savent pas y faire!

– du calme! take it esay!
– ouais... take it easy... ... un p'tit whisky-coca?
– Si tu veux.
– Non! pas si je veux! T'en veux un?
– Oui.
– Pfou... t'es vraiment pénible.
– Oui...
– Alors?

– Je commençais à speeder. Trois plombes que j'attends!
– ne commence pas... Tu te calmes ou t'y vas tout seul!
– un poco de amor! Por favor!
– Le soleil m'éblouit!

– Il n'est pas mort... Non?
– Il ne faut pas dire n'importe quoi à son amour.
– WHY ?
– This country isn't ours

Ces histoires, amoureusement recueillies au coin de l'oreiller, sont dédiées aux enfants emmenés en Eldorado et voyages lointains.

POSTBOGUE

Le règne de l'universelle amitié ne peut venir que de la possession de cette sagesse qui brise les limites illusoires du moi nous faisant voir les autres existant en nous et nous existant dans les autres.
Cette sagesse, je ne fais que l'entrevoir, je ne puis ni vous l'enseigner, ni vous rendre capable de la répandre dans le monde.
Or, donc, voici ce que j'ai résolu. Je vais m'enfermer dans mon ermitage pour une stricte retraite de trois ans, trois mois, trois semaines et trois jours. Si à l'expiration de cette période j'ai acquis la connaissance que je recherche, je vous en ferai part. Si je n'y suis point parvenu, je ne sortirai pas de mon ermitage et continuerai ma réclusion. Je reviendrai...

– Foulère, le type!

... Madame... si votre fils était rentré vivant d'Irak, qu'est-ce qui vous garantit qu'il aurait eu une existence à la hauteur de vos espérances?

– Ordure! Salaud!

– Bonjour Myriam! Si tu connais un monde meilleur, donne-moi l'adresse, je veux y vivre !

– Tu les vois! Tu as vu ces bouffons? Plus tueurs, tu meurs!

– Ouais. Et alors? Tu n'as rien prévu pour demain?

J'ai rien prévu pour demain... mais c'est déjà bien d'y penser... je pense que demain matin... j'aurai du mal à me lever...

– Mon amour... j'ai un poème à te dire... Hej! Craouc... craouc... craouc! Un Dimanche Martin avec...

LA TÉLÉ

Craouc... craouc... craouc!
Eugène Barbeau se fait du cinoche.
Toutes les femmes sont... OK?

Craouc... craouc... craouc!
Bite à Gègène foirfouille. Ce cul!
Ce Trip! Petite pute mes couilles!

Craouc... craouc... craouc!
Un zeste de citron?...
Cinq cents balles?

Craouc... craouc... craouc!
Tu crames en direct!
T'as les moyens p'tit père!

Craouc... craouc... craouc!
T'as perdu Babette!
Melody est plus jolie...

Craouc... craouc... craouc!
Don Juan? T’y crois!
Ma téloche se r'garde!

Nous, bien braves...
nous r'gardons...

Sous vos applaudissements.

ZAPPE!

– Je te paie le cinoche! Myriam! Fais gaffe. Tu te spames la vie... Bizou?

– Tu fumes!

– Oui!

– Alors chausse tes tongs! Oublie le potager de Papet!

– J'ai honte.

– Tu n'as rien fait.

– Si! ..toi.

– Vati... bizou?

– Bizou.

– Vati...

– Déjà partie dans les embrouilles?

– Tu es un sacré parano... Bon...
   1. Rappel! David va passer. Nous partons au Festival pour trois jours...
   2. Et... cette nuit... Viens! Je vais te montrer... Allez! Viens! Mais viens, bordel!

– Myriam... je te l'ai déjà dit, pas de bordel à la maison!

– Sacré hypocrite! Je suis sûre que tu aimerais! Assieds-toi!

– Devant mon ordi! Tu as bidouillé mon ordi?

– Vati... juste un petit truc.

– Je m'en fiche! Tu ne touches pas à mon ordi! Point! C'est comme l'herbe de Papet! Myriam, je ne peux pas laisser passer...

– Les copains n'avaient plus rien...

– Maintenant, c'est Papet!

– Je ne me fais pas de souci pour lui.

– Je m'inquiète Myriam...

– Moi aussi ... OK. Your computer is a mill! Je t'explique?

– Myriam, cette histoire me ronge.

– Pense à autre chose... Start! Wentilazion! Wououh! de l'air frais! 1..2..3..4! Koncentrazion...

– Quèsako? Écran noir... Bordel!

JOLI BIOS!

– and! a blue square! Welcome... Regarde! Tip-top! le Check-up! No mysteries! OK! Vert fluo... Go! Mister Tux! Tu... kiffes? Login! Very funny... Je tape:

BillGates?

– Négociant en Portes et Fenêtres! Décode! B&G Cie pense:

Linux est un système d'exploitation pour les communistes!

– Le povre..! La crise de la cinquantaine... cinquante milliards de dollars, fondaté avec Melinda... La bonne oeuvre! Vite! calc.exe!

– Ram... ram... ram... ram... T'as pas fini! Un siècle! Trente mille galériens au SMIC! Bliss! Bill et Melinda sont de grands philantropes... Il faut les récompenser! Cinquante mille euros pour leurs bonnes actions! Ce sont des rumeurs... Action! OK ?..

– Tu me prends vraiment pour un abruti... Alors je fais quoi?

– Tu fais pitié... un thon devant un aquarium... Clique sur

root

– Clic! Voilà...

Password

Et là! hein? là! J'écris quoi? Là! Hou hou! Mademoiselle la pisseuse?

– Alors là... là! T'es grave... très... très grave... vraiment en dessous de tout, vraiment très grave... Tu ne sais même plus où elle est!

– Quoi?

– Ta ceinture!

– Ma ceinture?

– Laisse tomber...

– Je n'ai pas de slip...

– Trash! total-macho... Bon... . Tu vas y arriver?

SeS@ME_OuVrE_ToI!

Pas d'accent! Pas d'espace! tirets 8... Clique!

– Clic! Ouah! the Paradise! Les mille vierges!

– K! narde! down! left! the K Desktop Environment! KDE!

– Je ne supporte pas tous ces K...

– Le français y est très allergique... OK!

– Bon! Pour retourner à Redmond, je fais comment?

– D'abord, macho... ensuite, opportuniste... tu es très grave...

– Arrête Myriam... Tu n'es pas cool.

– C'est toi qui me le dis? J'te kiffe!

– Myriam... casher...

– Sorry... Dady! Au redémarrage de l'ordinateur, le lanceur te propose une liste de partitions bootables... Tu choisis ton système d'exploitation. Exploitation! Laquelle? Wouiiiiin98! ! OK! Tu choisis... Haut! Bas!

– J'hallucine! J'ai trois secondes pour le faire!

– Moi je n'hésite pas... Je fonce! OK! 1984-2004! has been les 486! Faut suivre! Speed up!

– Je ne vois pas l'intérêt... toujours plus vite!

– Paramètre le lanceur de manière à obtenir un délai plus long!

– En mode ligne de commande, hein! toujours aussi simple Linux! Tip-top! Épatant! É pa tant !

– J'ai toujours cru que tu adorais bidouiller sous DOS... Monsieur, vous êtes de mauvaise foi!

– Je n'ai rien à faire de tes bondieuseries...

– Alors clique! L'icône, en bas... le Knargueur! Au menu! Tu customises... Point barre! Je te dis tout...

– Trop bonne...

– Ce n'est jamais trop bon... Je te sens mal...

– Je ne sais pas Myriam... J'ai mes petites habitudes...

– Tu préfères encore les inifiles de Win 3.1? Le wintage collector?

– Tu as fait comment pour entrer dans mon beau PC XP?

– Pas de souci! Tu laisses les portes grandes ouvertes... Tu es allergique aux partitions NTFS...

– Tu as déjà bien planté avec ces saloperies?

– alors... laisse tomber Win! Ferme les portes!

– Il passe par les fenêtres.

– Tu es pessimiste... Réglemente au moins l'accès aux lecteurs de disquettes et de CD, banane!

– Je ne suis pas au Pentagone.

– C'est Lui qui sont chez Nous.

– Bon. Tu passes par les portes ouvertes. Pas d'infraction. Relax! Ensuite?

– J'ai mis toutes les chances de mon côté. J'ai pris ma…

SOURIS PS2

Parce qu'en souris USB... tu peux toujours y aller... Avec les vieilles machines... t'es mal barré! J'envoie la disquette Wouiiiiin98! Attention! Propaganda!

– Tu ne pouvais pas tout faire depuis Linux?

– Triomphant! Hein, t'es content! Le pied! sous Windows, je reste sous Windows... question d'éthique !

– Myriam, tu manies innocemment des concepts dominants.

– J'adore ce constat affligeant... Watch it! Partition Magic7! Version DOS... J'envoie la disquette!

– Piratée...

– Hackée! Nouvelle partition Linux ext2, swap partition! OK! Pousse-toi Win!

– Hé! Doucement! Tu fais mal!

– Reboot! CD-Rom Knoppix! Install!

– Trop bon... un peu intrusif quand même.

– Parano... Dans l'état actuel des choses, vous n'avez aucun secret pour moi! Très cher... j'arrive!

– Que me proposes-tu?

– Mets un mot de passe sur le bios.

– Je saute de joie. Je m'abandonne, passe par où tu veux!

– C'est bien ce qui craint mon p'tit père... T'as la boîte bourrée de secrets. T'administres tes romans autobiopornos en amateur...

– Myriam... tu es allée jusque-là...

– Yes, Dady... La totale! Au fait! Tu aurais pu me coller un autre pseudo... Je sais pas moi?.. Nina! Ouais. Nina, je kiffe... Nina...

– C'est déjà pris, Myriam...

– Bon... Je n'ai pas terminé! Tu pourrais aussi remplir les marges de quelques infos amusantes... histoire de!

– Genre?...

– Pour ceux qui aiment les gros cigares! ! !

– Les Castro! septième fortune del Mondo!

– Bravo! Pas de souci... C'est une rumeur!

– Elle bourre les crânes.

– Ils bourrent les culs...

– Les cubaines sont chaudes...

– mais total-saines...

– Elles sont bien suivies par leurs médecins...

– Faudrait pas que les touristes meurent du VIH!

– Tu exagères!

– C'est toi mon p'tit père... T'es baroque! Tu ne sais pas te vider! Tes documents récents! La liste Rechercher! la liste Exécuter! les favoris! ton fichier d'échange! ClearPageFileAtShutdown égal 1! Nettoie! OK?...

Attends...

JE VIBRE...

Il m'a retrouvée! Dad... Je crois que je vais être obligée de te quitter...

– Au revoir mon amour!

– Ciao!

– OH ! Cool, David! Papa veut pas d'bordel à la maison! Tu captes?

– Bouge! sinon je défonce tout!

– Non, pitié! j'arrive, j'a-rri-ve! Je suis prête! Á tout!

– Ouah! SuperShakira!

– Pédé!

– Pétasse!

Perdu dans la salle d'un vieux bar,
des souvenirs en vrac sur fond de ciel noir
se bousculent dans ma mémoire
assise sur des tonnes de cafard,
je reste seule à parler au miroir
il n'y a plus rien à faire que de revoir
le film à l'envers...

Dehors, une journée si Belle... Le flip! Myriam? Au concert... Tony? Au camping! Mon amour? En voyage...

Bonjour mes p'tits amis,

merci pour vos cartes, merci pour vos lettres, merci pour les CD.
Voici donc des nouvelles, en vrac, distordues. Vous vous rappelez? Un jour, nous voulions écrire des polars. Du Battisti, sûrement... Je ne suis toujours pas passé à l'acte. Je dirais qu'il y a quelque chose qui me gêne là-dedans... Tuer des gens pour écrire une histoire...

UN ÉPAIS MANTEAU DE SANG...

Ouais... Mais c'est toujours le même... Rouge... il coule sur la route...

Gegangensajnen sskejnim, kinder, wi zu der akejde rinder, mentszchns blutgeflossn is in gass.

Bon... La fatalité est ennemie de la révolte. OK! Alors, voilà... des nouvelles... et des poèmes... Ce n'est pas...

L'ELDORADO!

Enfants, en pleine course au Trésor, ils partent
vers des pays lointains... Une île!
Des filles brunes, nues!
pleines de rires, de l'eau jusqu'à la taille.
Les braves marins plongent! jusqu'à la garde!
À la corvette les gars! Tournantes!
Clic... Clic... Clic... parano... macho... pessimiste!

Je n'ai jamais oublié le 11 Septembre 1973.

Taches rougeâtres sur des torchons blancs,
elles s'étalent sur les draps encore tièdes.
Feuilles rousses, arbres gris, champs enfumés,
où paradent les corbeaux,
pas assurés sous un soleil d'or et d'argent.
Les armoires, les tapis, sèchent sur les planchers enflammés.
Une ombre, secrète, pare de justesse le portrait officiel.
La poussière s'étale sur le marbre de la cheminée.
La fumée s'élève sur le Palais, en efface les toits.
Un suaire recouvre le cadavre noirci.
De longues flammes lèchent les murs.
En silence un miroir regarde tomber la nuit.
Luna negra.
No Recuerdos!
Don José, condamnez cette porte!
Á vos ordres, Mon Général!

TROP TARD!

L'abri bus grouille de bonnes bouilles! Elles ont tout vu! la haine prend ses aises à Santiago... le ciel bas grisaille, dégouline sur la plazza glissante; les lumignons se mettent en branle.
Seul, en planque aux carreaux! j'flipe! j'attends... Des plombes que j'attends, l'nase dans l'godet vide... Nobody! No future!

Nightmare! Marre!

And... suddenly... a smile! du fond d'la nuit... un sourire!

– Zorro!

– Léo, tu r'gardes trop la téloche... el'cherche un fumeur!

– Tu as du feu?

– Directe... blonde, frisée, les yeux, verts, rieurs, ironiques, la moumoute, afghane, la jupe, blanche, mi-longue, les bottines, en cuir, l'sac, en vrac, sur la table, l'paquet d'clopes, j'té, à moitié plié, l'visage, presqu'enfantin... une allure d'femme qu'a d'jà roulé sa bosse... un parfum d'étudiante bien él'vée...

– Le châssis, Paulo! Hé! Tu entends? la The Nana...

– Ta gueule, Léo! C'est moi qui suis l'poète! L'corps un peu rond, éclosion tonique, ach'vée, d'une pratique sportive régulière, la fierté agressive, conquérante, l'assurance d'une maturité précoce... L'désir m'envahit, très physique, sans filtre et sans discours épistolaire...

– Et Sara dans tout ça... fée diaphane de tes songes tourmentés et inachevés... Sara! devient soudainement dérisoire... exit Sara! au placard! Ecce Homo!

– Léo, tu mérites pas que j'continue...

– Le mérite est une valeur bourgeoise... C'est toi qui me l'as dit.

– Bon... Léo... mon histoire t'intéresse?

– Non, mais Super Nana! Oui!

– T'as vraiment l'verjot... J'ai presqu'envie de t'botter l'cul!

– Excuse-moi, Paulo. Je ne m'attendais pas à une histoire d'amour...

– J'ai pas l'air... mais j'suis un p'tit'être sensible, Léo...

– Une jolie petite femelle ne laisse aucun mâle indifférent...

– Du calme... Son tutoiement appelle une réponse immédiate.

El'allonge le bras pour prendre mon briquet. Ses doigts chauds glissent sur les miens. J'ne peux r'fouler un sourire... Tu piges?.. son r'gard... vert... et rieur...

C'est pas qu'c'est gagné, mais c'est bon...

MERCI!

– Tu attends quelqu'un?

– Non, j'suis tout seul.

– Je peux?

– Oui.

– Ton verre est vide. Tu veux encore boire quelque chose?

– ...

– Aujourd'hui, j'ai dix-neuf ans! Attention! Mineure! Ceci sera d'une importance et d'un intérêt secondaire! Je suis grande! pour mon âge! Je paie ma tournée! Sauf si tu ne supportes pas qu'une femme te paie un coup...

– Non... enfin, non pour la femme qui paie l'coup, oui pour la tournée. Enfin... tu n'as... tu...

– Je m'appelle Marie.

– Paul.

– Paul, qu'est-ce que je t'offre? Pour mon anniversaire! Commande un truc qui marque le coup!

– J'vais pas d'mander du champagne...

– Moi, c'est gin-feez... Tu en veux un?

– Oui, merci.

– Tu aimes?

– Oui.

– Moi, j'adore! Le gin me donne une pêche... Au bout de deux, c'est parti! Bon! Je fais un saut aux toilettes. Je passe par le bar pour commander!

J'allume un clope. La nuit tombe. La buée s'étale sur les portes vitrées du bar. Mes voisins parlent d'la grève. Qu'est-ce qu'les camionneurs font dans c't'histoire? Tous ces communistes... planqués derrière un prix Nobel!

– Paulo...

– Léo, t'as toujours rien compris à c'que j't'ai expliqué? Nous n'avons rien à attendre d'la bourgeoisie... et encore moins d'ses députés communistes et autres élus sociaux-démocrates!

– Á la tienne, Paul!

– Á tes dix-neuf ans, Marie... Viva l'Internacional!

– ...

– J't'ai dérangée...

– Non.

– Marie, j'voulais t'dire... Pfou... Laisse tomber... J'sais pas, c'soir, j'suis pas dans l'coup... J'suis dégoûté, dégoûté par tout. J'suis... bien... bien... content d'discuter avec toi.
J'sais pas... comment t'as fait... J'y arrive pas... J'aim'rais bien... J'y arrive... dans certaines circonstances... Mais m'asseoir... là! À côté d'une femme que j'connais pas, lui parler... impossible... J'te r'mercie, Marie.

– Gamine, je parlais avec n'importe qui, dans la rue, dans le bus.
Dès que quelqu'un me remarquait, hop! je parlais...
Les gens "qu'elle a de beaux yeux, cette petite" j'en avais marre! ! ! Je ne voulais plus les entendre. Je parlais la première pour qu'ils ne puissent pas commencer... "qu'elle a de beaux yeux, cette petite".
Tu vois, je n'ai eu aucune facilité... juste l'envie qu'ils me fichent la paix... Paul, tu as dit que dans certaines circonstances tu y arrivais...

– ...

– Tu ne veux pas en parler?

– Je sais pas, Marie... J'crois que j'peux t'le dire...

– ...

– J'suis homo... T'es pas dégoûtée? Tu vas pas t'en aller?

– Non. Paul... j'aime les filles... et les garçons. Tu aimes seulement les garçons?

– J'ai jamais fait l'amour avec une fille...

– C'est avec les garçons que tu peux parler sans savoir où tu vas?

– Oui... quand j'drague, j'ai aucun problème. J'sais pourquoi nous sommes là. Pas d'mystère... pas d'sous-entendus... J'parle de tout. J’en n'ai rien à carrer... J'suis moi. J'suis bien. J'dis c'que j'pense, c'que j'suis... comme maint'nant... avec toi. C'est la première fois qu' j'en parle avec une fille. J'te r'mercie Marie...

– Paul, tu dragues les garçons... et sinon?

– La fac! Deuxième année de psycho. Et toi?

– Musicologie... Mais je ne m'y retrouve pas complètement... J'ai une caméra dans les yeux et une bande son entre les oreilles...

– Tu veux que j't'offre aussi un gin-feez?

– Paul, je te remercie... Je vais y aller... Si tu veux... tu peux... m'accompagner. Il y aura mes parents, mes amis, mes amies, tout le monde quoi! Tu veux venir?

– J'te remercie, Marie... J'crois que c'est pas encore l'moment... Mais j'aim'rais bien te r'voir...

– Je vais te donner le tél' de mes parents. Ne t'inquiète pas. Ils ont l'habitude... Tout le monde débarque à la maison. Ma chambre est ma maison. Ils n'y voient aucun problème. J'ai des parents cool... Je suis cool avec eux. Pas d'embrouilles. Tout est clair. Appelle! Si je suis absente, ils me le diront. Ils me laisseront un petit mot. D'accord, Paul?

– Oui, Marie...

Elle s'lève, prend mon visage entr'ses mains... El' m'fait un p'tit baiser sur les lèvres. El' se r'cule un peu et, très douc'ment, à l'oreille...

– Paul, si jamais tu as envie de faire l'amour avec une fille, ne perds pas mon numéro de tél'...

– ...

– Tu connais le Miroir?

– La librairie-salon d'thé?

– Oui.

– Pourquoi?

– La dame fait bon accueil. C'est une copine... une très bonne copine... Tu peux aussi lui parler de moi.

– Léo, c'était là! à c'te table... tu prends encore un d'mi?

– Yo, bitte... Paulo... Tu es allé au Miroir?

– Non... J'ne fréquente pas les salons d'thé... Léo... Malfamé, l'endroit... Qu'des gousses bourges... des gougnotesgnognotes! D'la peau d'socialo! Les bonnes œuvres! disreputable !

– Comme Marie?

– Léo, j' crois qu'un jour, j'vais t'foutre une triquée!

– La touche, Paulo! ! ! Tu vas l'appeler Marie! Je te dis! Tu vas l'appeler! Écoute the jukebox! faut savoir choisir ses troquets!

Oh please, help me, Oh please, help me...
Running dry, everybody knows this is nowhere

FIDÈLE

Au rancart, elle est là... comme si j'étais parti la veille! Julia... Il n'en faut être que l'ami... à moins d'être masochiste ou suicidaire. Elle veut vivre, elle fume des Boyards...

– L'plus mauvais plan légué par Jean-Paul à ses ouailles...

– Tu t'es fait avoir aussi Paulo...

– J'ne fume pas beaucoup...

– Fin de parenthèses... Julia est née kabyle. Maintenant, elle ruine sa mère adoptive... en de folles après-midi de flips, de cafés et achats impulsifs.

– Un p'tit mari par-ci! un p'tit mari par-là...

– Paulo... tu connais Julia?

– Non, mais j'commence...

– Je ne crois pas Paulo... Julia donne. Julia prend.

– Julia souffre terriblement...

– Paulo, tu es encore un peu juste comme psy...

– J'me calme, Léo.

– Tu te calmes, Paulo. Julia hante les cinémas. Dans la semaine, elle peut voir trois fois le même film. Sinon, elle expulse sa vie dans des poèmes jaillissants... pathétiques... écrits à l'encre violette sur de beaux papiers à lettre. Elle publie chez des éditeurs alternatifs.

– Tu m'étonnes!

– Paulo, tu te rappelles? Quand tu me trouvais trop?

– Oui, Léo... Parle-moi d'Julia... J'ai b'soin d'distractions...

– Tu n'es pas obligé d'être aussi désagréable... Bon... Julia se poudre le visage. Elle habille d'or et d'argent son petit corps menu, son cou très fin et tous ses doigts. Jais et ivoire... Ses pulls en mohair moulent parfaitement ses petits seins. Elle soigne son look...

– pour ses copains aux allures de pédophiles...

– Fais gaffe, Paulo... Julia est capable de colères terribles! Elle est d'une infinie douceur... Elle habite une villa, entre les quais et la Gare, sur les anciens coteaux. Attention, Paulo!

Boris! Boxer! Caractériel! Il est jaloux! Il n'hésite pas le bichon! Il te saute la barrière et te rase les couilles. Ne rentre pas si Julia n'est pas elle-même à la porte! Bien traité... Il a une chambre, un lit... une laisse pour les promenades en ville! Ouf!

– Baveux, l'lèche-motte...

– Tu n'es vraiment pas en forme, Paulo... Julia passe la nuit au volant de sa Coccinelle métallisée or. Elle se shoote au Mama Béa. Elle a essayé Patty Smith! mais Julia préfère lire Arthur en français. Et Planète...

– El'pourrait p't-être aussi lire Wilhem Reich?

– Tu lui proposeras toi-même...

– Julia, la terrasse des quais me manquaient. Voilà! Terminé! Retour!

– Quand les as-tu vues pour la dernière fois?

– Un soir, il y a quinze jours... à l'Obsidienne.

Deux femmes se sourient. Elles se connaissent bien et se confient l'une à l'autre... Leurs mains se caressent au rythme de leurs paroles.

– Hého! , Léo! allez ! viens! Qu'est-ce que tu prends?

– Comme vous.

Marie appelle le garçon. Valentine m'offre une cigarette.

Je n'arrive pas à parler. Elles sont si belles... Paulo ignore tout de leurs rencontres. Il ne verra pas Marie cette nuit-là. Femme libre, elle ne veut pas vivre chez lui. Elle considère qu'elle n'a pas à lui raconter sa vie... et Paul ne supporte pas la vérité.

– Il aurait peut-être pu l'accepter si elle la lui avait dit tout de suite...

– Paul est jaloux, avec les mecs, avec moi... Il le cache sous des pirouettes désabusées, mais il ne peut pas se dominer. Marie ne veut pas se retrouver ligotée. Je sais tout cela. Je me tais... Je ne veux pas trahir Marie. Hors circuit Paul! Valentine? Connais pas! Le mensonge permanent! Tu comprends Julia? Tu comprends pourquoi je craque! L'enfer!
Julia, il sort bientôt ton nouveau recueil?

– J'ai envoyé le manuscrit. J'attends... Viens demain à la maison, je te dirai mes derniers poèmes. Et toi, Léo, ton polar... tu en es où?

– Ah ouiche! le...

POLAR...

Tout bien réfléchi... je n'ai plus l'humeur sanguinaire. Je tourne la page! Je vais plutôt tenter le coup avec des histoires de tapet's boys et de gouss's girls!
Le toutime! la crim', les cognes, les condés, les hambourgeois, les indics, les bavards, les curieux, les gerbiers, les chats, c'est pas mon truc! Á force de fréquenter le grand carreau, tu te retrouves au grimoire, la corde au cou... T'es passé à table! Commissaire! les recettes de ta Mie t'empâtent... Obèse! Mais toujours prêt! L'Alphonse et le Piano sous le coude! Pâtée grasse à la gamelle... tu rugis au moindre suspect!

– MaMie! Bon sang! Là! un bloche dans l'panier!

Mamie trotte, docile. Bon sang! Elle va pas lui raconter des salades!
Elle dédramatise! Hop! Un coup de balayette! Changement de sujet!

– Perdreau, démite ta canadienne! C'est l'heure de la vadrouille!

– Mais MaMie... faut pas planquer ce cane! Citoyenne! nos enfants veulent un monde propre!

Mon vieux m'claquait l'cul! Mauvais débuts! Les boules! J'l'ai r'froidi! J'le jure! Sur la Bible!
J'dévide le jars! Libre! Relaxe! Sortie du ventre! Clair avec les cognes, les bavards, les juges, les assurances, les pasteurs et les cur'tons! Happy End! J'ai l'pébroc! z'ont la pitié!
Mais si... immoraliste, j'les accuse! Ces bourges! Y m'lynchent Julia! Au goudron l'assassin! Sauf! sauf... s'ils sont vraiment sûrs de m'tirer du pognon! M'sieur, l'coffiot est ouvert! Sourires... Style! Libre! Relaxe! La classe! Justice soit faite! un p'tit sursis! deux ans! c'est tout bon! Faut en finir avec la peur! de s'faire chopper les mains dans l'pot! On est une grande famille!

– L'addition... s'il vous plaît!

– Tu t'en vas déjà?

– ... juste le temps d'faire ma valise et d'cracher! Bon. Sérieux! Regarde-moi bien en face! Tu es prête? Dis! Maintenant! Tu es prête? Allô! Allô! Bon. Tu ne crains pas? OK! Justice soit faite! Tu m'as bien demandé si j'y allais? C'est parti ! Gloria! Gloria! Gloria! Pas trop vite quand même! Dès fois qu'il y ait des imprévus! ..sur la route! Qui défile... Sûr!
Le boulon qui pète! Tu ne t'y attends pas! Moi non plus! Des éclats de pare-brise, petits bouts d'indices explosés en désordre dans les connexions! Pfouh! Rien! Du fading dans la mémoire!
Keskimariv? Où? Je ne sais plus où! j'en suis! ..

– Tiens, un arbre? Keskifèlaçuila?

– Temps variable, un peu frais pour la saison... Ciel dégagé!
Bam! Une faute! Une distraction ?
T'as perdu ton latin? Tu l'as jamais eu?. T'as le style défoncé! T'es un métèque! Profil bas! T'as la tremblote! ! ! On va t'piquer! On saura si t'es clair!

– Y'm'dit... l'flic... OK! Mais keskifèsèlà c't arbre? Akilafote? Ma p'tite mère... réponds! J'en ai gros sur la patate! Yésortè trrankil démon trrou... Yémé sentè pènard'...

– Mèfvoila, Léo... touta ouné fin... Sétè biun fini, la beléfvi...

Fopasséoprézen, Léo! Ésèpatdrôl’! Shut! ! ! Le shok! ! ! Hej!

LULU

pozsonsak dévoyajsh’ sourr lé li! Elzsinstal’! Padédout’! Ouè! Elakoush'!

Fifi?... Fifi?... Ma petite Fifi! C'est moi! Ta Lulu! Tu es contente, Fifi! Dis... tu as vu! six lettres! en trois semaines d'absence... Regarde bien, Fifi... ce que je vais en faire... et hop! Non! pas d'inquiétude, Fifi! Je ne vais pas tout jeter dans la corbeille... Tu vois! Je ne les froisse même pas... Je m'en occuperai plus tard...

Loulou! Ayayaï! Ou! né! pa! rrra! no! maniako'posésivf’! Gravf’! Léo! La ffooli’ dé listé! Elvoulé maplé PS2! In mémorrriam! Dé PS! Pé! tit’ Sourrris! 1péti + 2 anba désa bafouï! Yè protesté! ! ! Loulou vidasa corbeï toutélésémèn’! Si! Asmoumanla, é silman a smoumanla! Elva a la rpêsh’! Ounaddress’, oun tunbrrr’, oun anvélopp’... ounélétrr’! Keskiveusélouila? Eléli lédébou, sautalafin é pasala suivant’té! Kantelella terrminé, ellé réprrantou... ouné parrroun! ..

Alorr! Ètalorrr seuléman... ellé réli entierrr’man... Elné satardpasourlé gratpapié! Ellébalansétou danlébak! Sourlébouro! té! Ounéfoi parsémène, lé lunès y sofjourrférrrié! elsébouff’lé faktourr’ é la paprrrass’. Éh! Sèkomésakélédi! si, Léo!

Elépasalasuivant’ té! kési elèsour davoir toubiun sinié! Léchèk, lécountrra, ou la démandéransénieuman. Toulavèrè! éké jtévérifi’! éké jté shipot’! ..té!

Ding!

Eléfourrétou danzoun' envélopp' bien adresé’! biun tinbrré’! Content’ Loulou! Eltéposétout là! alafverrtikal’! Pazounenvélopp’ ki tdépass’! Tdabor lé grand’ y... aprè! lépétit'! la! kontré ct'é kkoshonrrri’! Rrégard’! Levfass’! en porccélèn’! Mosh'! mè mosh'! é lédékkorr! ..ouné dékalko! ouné katzé! tigrrrré! Avfek sson rrrouban shaun'autourr dé kou! Imagin’! Léo! elémékol son sha souléné! ..

Nonmè! Elédouté dériun!

Stop! terrrminé toucécirk! Enfun débarrassé’! Détousséanbrouyeur... Wouah! eléva a la Post! Yé uné pétitaprèmididérépi. Pouh! ..

Touconpran, Léo... Loulou! elfvisseul'! danzson pétit trroipiès’! Ozantrévil! ..Lafèr’! ! ! Léritajsh’ dégranmèrr'! Sèpatrokonpliké! Yépeuanfèrotan! Cé paranss! ilzon plouzieur appartman... La dèch'! ! ! Lélokatair’... y kastou! Ysson diffissil’ munténan! Y veulèpadésélouissi... Ilélétroufv’ vieyo! Si! Möbel! Parrtou! ..

Plankasourri! No! Ilzézitépa!

Rénové?..Nonmè! touvoi léboulo! Lézartisan! Yzéxagèr’! Yapadourjanss’! Lim! meubl èsoun! déla pièrrr'! ! ! Y létoi! Réfèyadizan! ! ! Alorr! ! !

Loulouatoutrrié avekéséparanss. Elagarrdé toulérrest’! Leu must! Léfring’ délagrranmèr'! Ouh! la garrdérrob’..! Avek désap'pareï, j'pourè mêm'pa r'gardé Mikè anfass’... La hont’!

Régoulièréman, Loulou rétrritou, shoizi, é... transform! Tou voi léshgenr! Lagranmèr'! katréfvindouszan! Détissou, dérrob, défvest', démanto! Ni! kel! Anpilé, ssouss! pendou! Là! !

Danlagrandéarrmouarr’! ..è danlakkômod'! Jimè jshamè lé pié...

Jtédipa! La pouanteur! ..

Léboul! La Nafta! Pouh! Léo! réfvèïtoi! Lé Muzédélashoa! ..

Ligranpèr'! Ilèparrrévénou! Y voulèpaparrrétirrr! ! !

Lérest délafami’ a été sovfé... A mate doukousin dou frèr’ déla grranmèr' kitravayèta la pref'! Toulmond’ sè barrré enalgéri’...

Yzontdébarké ché dészami! Dé millionair'! déla fami’ a Lôr! Lamèjyeurrkopin' de Loulou!

Ansoissantédeu! rrétourrr! kass’ déparr! Fini’ la colo!

Léo, tapazouné pétit' grain’ dé tournésol?..

Dankeu, Léo... Skiouzmi... Jdékortik’ é jkontinu’! ..

Loulou! Tu voi! la granmèr'! crashé’! grand’... fort’! régard'! Là! Sur la komod'! son portrè ki trôn’... oun bovizaj’... ounépoco spanish... mè sévèr’! époui... lédoublmanton... domajsh’...

Parkontrélamèr'dé Loulou... La Klass’! Cè légranpèr'! la Mor! à vi’! ..Askénasz’! Grand’, distungué’, trè douc’, uné gueul’ pour les flyers de voyages! Yanavè toutéounépil’ danla korbèï... Jkroi ké Loulou elirèbiun laba!

Kantelèd'bon poil, Loulou manportavekel sour sonépol'... J'peu toujourrêvé...

Mèbon! Pourlémoman, touskelsèfèr’, cèmébaladé anvilavek sa mèr'! ..Loreur! Toulézom sérétourn’ sour leur pasajsh’. Jséplououmé mètr’!

Yrégard'... maman!

Loulounak’ deu kopîn’. Lôr è Nati! juifv’... Ossi!

Tavu, Léo? létashgèr’! Loulou napalâm’ rélishjieuz’. ElalouTéodor Herzel! Jlorè biun rongé... Yé pazoulkourashj’...

EléBorochof! Pouh! Odébu, elévoulètalé en Israël!

Danzounkibboutz!

Mèla Nazion... sèpassontrouk! Loulou elétapatrrid! OK, Léo!

Légars! Padésou duvoyashj’! Tdabor... fèrlalist’... ansuit’... lé valizs’! Pa d'souci, Léo! jé un moral danfer! Loulou parpasanzavoir préparé Sa List'! La List’! In! Fernal! ..

Déssékilfopenssé... Tutérenkont’? De ce qu'il faut penser! ..

Elmajamèzoublié’... dé ptitgamèl’ biunplèn’... délo... dupunsek...

Jtasour... elnèpa rrat'... dé ptitgrèn’ ossi... Cherchpa! tan trouvra padé MaryJane!

Leseul ga! l'bon! l'Momo! Ilatoukonpri! Loriblantiz’ de lémigrazionforssé’! nériun lècé ohaszar... Jpens’, Léo... jpens’! ..Tou doitêtr’ biun en plaz’ afvek l'administrazion, shakobjektdouman répertorié danzounpétit’ cellouldoucerrvo. Ilè mortel déperdre ouné tan préssieu omoman doutri vital... Toujour prêt’, Loulou!

Tiun, ya youstéman ouné bafouï’ dé Momo! Deu foi kel’lali sabafouï’! Ilana mizuntarrrtin'! Momo, l'trotsko! ! !

Tèsour dé toi, Léo?

– Oui, Fifi! Tout va bien, Fifi!

– Alorrr! Allô Loulou! ! ! Shit! Wischtendik sunik-schejn! Hej!

– Salut, Léo!

– Bien rentrée?

– Ouais. Alors?

– Ben... j'aimerais... tu pourrais... Tu as l'adresse de ton amie? Tu sais! qui est venue à la colo?

– Nati? Évidemment que j'ai son adresse, c'est ma meilleure amie. Pourquoi?

– Tu veux bien me la donner... son adresse! S'il te plaît... Lulu...

– Léo... imagine que ce plaisir ne soit pas... Dis donc, elle t'a retourné cette petite soirée... Je suis très jalouse, tu sais? Je ne veux pas vraiment te donner son adresse. Mais tu insistes, je ferai un effort.
Hé! n'oublie pas! c'est ma meilleure amie... Bon, tu es prêt?

– Merci, Lulu.

Ta destinée est à la merci d'une décision hâtive! Fais-lui une bise de ma part. Salut!

Hors de l'huile point de salut! Lulu... un conseil! de Colette!

– Tu sais, elle avait la rage. Elle a jeté l'écouteur pour raccrocher...

– Ellavècherché!

– Fifi, je n'en peux plus. Bon, Léo, d'accord! Il est sympa. Il a une voix si douce! comme elle dit Nati... et Laure! Elle ne trouve le pas beau... mais il a un truc qui me plaît vraiment.

– Laisse tomber... laisse tomber.

– Fifi... J'en ai marre, marre, marre! Trois semaines à supporter tous ces petits morveux! Non, c'est pas possible. Trois semaines!

Mais quand j’pense à Lulu, là, je ne bande plus!

Je n'achèterai plus jamais un disque de ce macho. Pauvres mômes... déjà complètement massacrés à dix ans!
Et maintenant, la totale!
Léo! ses cheveux longs et raides, sa tête à pleurer... qui me demande l'adresse de Nati... qui me balance du Colette! Je suis sûre que c'est un mauvais coup du P'tit Robert. Tu n'as pas rongé les pages, Fifi?

– Pourrki tou mépran?

– Je vérifie... Tiens... Tu vois... à Salut!

– Tarèzon, Loulou. Fotou férifié.

– Fifi... c'est tout juste si Laure ne serait pas allée le retrouver dans son sac de couchage! Ces deux petites enragées... Elles n'en peuvent plus d'être vierges. C'est passé de mode! Mes petites amies! Il paraît que la mode passe! Le reste aussi, hein, Fifi?

– Tèpaouné poco réak'?

– Excuse-moi, je suis trop grosse, moche... et maniaque.

– Pleurrépa, Lulu... tenfè uné tarrtine! yétède! a vidé tou dan larrmoirre!

Èlà, Léo, dé larmes sèsh plun la poitrine, Lulu a oufver son sak.
Ellatou vidé...
Si! !

SARA

habite aux Usines... y'a du boulot! Du boulot partout! la Ville déborde! Les Barres montent et encerclent un p'tit toit d'prolos! deux pans! T'es mort! À La p'tite porte... y'a pas d'Artistes! Juste la véranda et l'tilleul...

C´est un petit jardin avec une table et une chaise! de jardin! des fraises, des radis, des salsifis, des tomates, des haricots! verts! des patates, des poireaux, des choux, des carottes, du persil, des salades, d'l'ail, des oignons, des framboises, des mûres, des groseilles blanches et rouges! un pommier, un poirier, deux mirabelliers, un abricotier, un prunier, un laurier, du thym. Mrumfmrumf!

Mrumfmrumf! les lapins! Zoreilles! en arrière! gris, noirs, blanzyeurouges... grignotent leurs trognons... salades, persil, carottes, choux, haricots! Verts!

Toutl'monde les aiment. Mrumfmrumf! Mrumfmrumf! Y s'prennent régulièr'ment un bon coup d'bâton! Nickel! Derrière les Zoreilles! Et paf! Caldoche! c'est la vie!

L'clapier! Deux arceaux, quat'plots! un grillage à grosses mailles rouille sur la dalle d'béton... Vite faite la cage! Les p'tites boîtes aux lettres... défoncées! LSD... PTT! … EDF... GDF! la flotte... l'chauffage... complet! Stop! ORTF! Y'en a marre! OK!

Fallait pas l'dire! À l'abri! grêle de balles! Planches aux murs... plaque goudronnée au toit! T'es mal barré...

Des étagères... des vieux bidons d'huile-coco. Polope! Têtes de mort!

Éclair! L'éclate! Le crash de l'hurrican!

Des vis... Des rouleaux d'fil électrique! Du cuivre! Quoi?... t'es à ras les paquerettes, gars! Ils t'encadrent la planète! Et tu stockes du Cu! ! ! Oh! Camarade! des clous!

Des outils! Des Outils... d'jardinier, d'maçon, d'mécanicien, d'plombier, d'menuisier, d'paysan! Une faucille... Toujours la même... les Zoreilles! Faut leur couper d'l'herbe... avant d'les bouffer...

C'est l'jour des congés payés! Son père, P'tit Robert, ferme la lourde! Cinq bécanes... bien graissées... soigneus'ment rangées! Sors la carriole... deux roues, une roulette! Ridelles! Et la pétrolette... The Car! Carrus! deux temps... Tourne moulin!

Trois mouv'ments! Tous derrière! Au vert! C'est parti mon Kiki! Oh! Les drôles! Remplissez-vous bien les bronches!

P'tit Poucet... T'as les poches pleines? OK! Direction... la Forêt! en avant P'tit Robert! Mrumfmrumf!

Un peu d'vase fraîche? Va voir! À l'angle! À la gouttière! L'grand tonneau en plastique bleu! Direct d'Usine!
Léo... t'es pas bien?
t'as trop forcé sur le pète! Tiens... Allonge-toi cinq minutes...

L'banc! Deux planches disjointes noircies sous l'soleil, la pluie... et les champignons...

Tu rêves? Psitt! Cherche pas psilo dans l'dico... C'est par là... Accroche-toi à la r'morque! Mrumfmrumf! Ouh! Ouh!

Sous les couverts herbeux des prairies humides, parfois auprès des chemins, souvent encore dans les cultures de maïs bien fumées ou bien entretenues, ou dans leur voisinage, ou dans les lieux découverts ou les sentiers peu fréquentés des bois de pins et de chênes pousse le Psilocybe semilanceata Fr. (... )
Il croît en France dans les prairies de préférence abandonnées, non artificiellement fumées, au sein d'une végétation variée, sur sol très acide, dans des lieux à la fois notablement humides et ensoleillés
.

C'est pas tout neuf, Léo! Roger Heim, 1963!

à l'ombre... ... ... d'la Marquise... Aux fers! soudés-bloqués au ciment gris... dans l'mur d'la maison. La vigne vierge, s'y prélasse avec le lierre... à grosses feuilles! Faut cacher ces turpitudes!
Polope Léo! T'es trop bien éduqué... Snifsnif! Le Tas! The Big! La fierté d'la Future! P'tit Robert est un escroc! sentimental... Il n'a plus d'vaches d'puis longtemps! sous l'grand sapin dont les branches basses s'étendent jusqu'à la clôture. Jamais terminée!
Derrière les barrières, 'y a toujours l'arbitrage inacceptable! La sotie!
Des plots en ciment... quarante centimètres au-d'ssus du sol. En juin, ils disparaissent derrière les hautes et épaisses herbes d'une friche pars'mée de coqu'licots, d'grandes marguerites et d'souci soranges qu'le vent pousse hors des bordures.
Du côté intérieur, la pissotière de P'tit Robert... la haie d'buis. Seuls les copains ont l'droit d'faire pareil. En face, à cinq cents mètres... les barres d'la Zup!
D'l'autre côté, en facade, P'tit Robert a monté l'muret à quatre-vingts centimètres... quatre piliers en briques, un à chaque angle, et un d'chaque côté d'la porte... Jamais posée, la porte!
T'es encore plus vite sur l'trottoir! Allez! Ciao Sara! J'prends la bécane! J'vais aux asperges!

Á droite... la Forêt. Deux bornes plus loin... un macchab'... dans les fougères! La passe de trop! L'coup final! L'mauvais mich'ton! Johnny! l'dur en cuir! Larmes! Tu m'fais mal! Non! Faut garder la foi! Pas d'flip noir! La frite! J'descends douc'ment vers une rue plus chalande!

Allez! Au crois'ment... l'feu rouge sur l'Boulevard! À la lanterne! L'air naïf! Tu tends l'pouce! Un max de passage!
Á droite, l'Usine! et les gars! Coincés du larfeuille et d'la cervelle! Y'z'ont du ch'min à faire! Y'sont cotons! Mais y'z'échappent pas aux stats'! Y'en a aussi des camarades! À la vapeur! à la voile! et tout l'monde peut pas s'app'ler Berger!
Á gauche, sur la colline, l'boulingrin! La quille! ! ! et l'aérodrome! L'septième ciel! Cool, Raoul! Facile, Emile! À l'aise, Blaise! T'en as marre? Tu traverses un peu plus loin et tu descends toujours... Le pied!
Roi d'la pédale... au braquet! L'Casino, Les Vaps! L'Canal, Le Parc, les Quais! Ouah! Á fond su'l'parking! La ronde des guindes! Au Manège, noctambules! Gare auzibous! Y gâchent tout! Des trav'los! Putain... ralentis! T'en as plein les mirettes!
Ah! Une limousine! Plein cuir! Vite! Le pouce!
Il baisse la vitre...
Bruxelles, Liverpool, Neuchâtel, Marseille, Vintimille, Arles, Béziers, Barcelone, Bordeaux, Bilbao, Lisboa, Tanger, Basel, Wien, Bratislava, Sarajevo? Tu m'suis chéri! Finie la galère! J'ai des fafiots en trop! Arrête de mouliner! Pose ta bécane, mignon!
Pouh! Jour de chance!
Et fin d'la ballade à Paulo, l'Barde d'la Brune!

Sara, mon amour...

Je t'aime. Je t'aime. Je voulais prendre ta main. Mais je n'ai pas pu. je tremblais trop... Je ne sais pas comment faire.
Tu vas me dire encore que tu es ma meilleure amie...
Mais depuis que je t'ai vue avec Jim, je sais bien que tu ne m'aimes pas. Je n'en peux plus. Je ne sais plus quoi faire... Excuse-moi.

Rancart au Bar, le 11, 17 heures, et cette fois, s'il te plaît... viens seule. Je veux te parler.

Paulo.

– Sara! Sara!

L'frangin d'Sara accoste... Y'tangue! La Nef des Fous!
Ses deux mains r'tombent au bout des poignets, les coudes l'long du corps. Sa bouche vacille... de gauche à droite.

– Á table, Sara!

– Attends...

Sara s'lève. Ses ch'veux blonds s'balancent d'une épaule à l'autre. Elle sort l'tire-jus d'ses fouilles. Elle éponge doucement l'glaviot qui coule d'la bouche du frangin.

Ses mirettes bleues... amusées, tendres, protectrices, un peu moqueuses... Une vraie p'tite maman... Elle fait la plonge... un jour sur trois... avec ses autres frangines... Les deux frangins, HS! Maman souffle un peu... d'vant la téloche... El'r'passe.

Sara Pludwiski fille de... P'tit Robert Pludwiski! T'inventes pas un blaze pareil! et pis, au trois huit, dans l'équipe... 'y a aussi L'Grand Robert! Biondetta! 'y font la paire! les rondins! Allez! fini l'plumard! Quatre heures du mat', faut usiner!
Tu piges Léo... Et puis, d'toute façon... Sara... c'est Jim qu'elle aime... Alors, tu vois... ne m'parle plus d'Sara... Tricarde Sara!

– Paulo... je ne savais pas... Sara, je la connais un peu... juste un peu... Nous étions ensemble au Lycée. Je crois que Jim aussi, je le connais... Je ne faisais pas partie de sa bande... un peu loubard, le Jim.

– Tu vois, Léo... t'es trop bien éduqué! et Sara ! qu'elle suce son Jim! j'l'mmerde Sara! j'l'emmerde!

Franchement pas terrible ce petit folkeux comparé au petit gaucho.
Moralité (ou amoralité): la clé sera sous le poêle et moi sous l'édredon.

jeudi et vendredi soir, dis-je en rougissant.

Ciao Paulo! Je t'embrasse. Ta Belle!

P.S: Nous irons sous le pont. Nous serons majeurs sans culotte!
Giscard! Le Panard!

>

BELLE

est infernale. Elle m'envoie c'te carte, sans env'loppe!

– Ouf!

– Respire, Léo, tu veux encore un d'mi?

– Oui, je congestionne...

– Tu devrais laisser tomber tes jeans moulants. Tu fais tapette!
Final'ment, c'te garce! elle change d'avis! El'm'fait un cinoche!
Art et Essai! Le Désirable! du Benazeraf!
J'arrive en r'tard! dans l'noir! avec l'ouvreuse... Un couple est assis à côté d'Belle...

– Paulo, j'ai trop chaud...

– El' m'embrasse. Vit'fait! El' s'avance sur son siège, ôte sa veste. Ouh! Le p'tit boléro en soie noire... fines bretelles... El' m'jette sa veste sur les g'noux.
El' s'penche. D'ses deux mains, el' défait l'bouton d'mon jean et baisse la ferm'ture éclair. Aïe les bijoux! J'allonge vit'fait les gambettes pour libérer mes balloches. Ouf... décoincé! À temps!
Ses lèvres chaudes et humides s'ouvrent et se r'ferment autour de ma queue. El's'prend un pied! Le va et vient! doux!
El'prend tout son temps... descend lent'ment mon jean jusqu'aux g'noux... puis aux ch'villes. El'm'écarte les cuisses.
Ses ch'veux frisés m'massent l'bas du ventre... seul paravent offert aux voisins...
Elle sait exactement l'moment où il faut s'arrêter. El'se r'lève... s'adosse au siège... r'monte sa bretelle droite... vit'fait... avec grâce... P'tit sourire aux voisins... El'm'fait un baiser dans l'cou.

– Belle! J'en peux plus!

– Paulo! tu n'es pas au porno!

El's'baisse et r'monte mon jean jusqu'aux g'noux.

– C'est toi qui fais le reste!

– Lequel?

– C'est toi qui vois.

– Je r'monte le jean sans r'mettre ni la ferm'ture ni l'bouton. Encore un peu tôt pour l'faire sans risque...
Hé! Tu bandes, salaud! Tu bandes, Léo! hein! T'as toujours pas laissé tomber les filles! hein! ça t'excites... Ouah! Panique! L'loufiat fait son come back! Tu paies ta tournanche, Léo?

– Tu charries, Paulo! Vire ta main!
Tu veux que je te dise... pour les poils... Paulo... Achète une tondeuse, à trois millimètres, ils ne se prendront plus dans la fermeture...

– T'es con.

– Non. Pragmatique. Ce soir, je te rase! Finis les morbacs! OK?

– OK, Léo... et sous l'pont de Gaulle! Ouais? j't'ai pas tout dit! Sous l'pont? Nous l'avons fait aussi!

– pas possible...

– tu vois! comme tu gobes l'ham'çon!

– oh ça va!

– tu vois bien qu't'aimes les histoires de culs!

– Tu parles que de ça!

– t'oublie la Révolution! mon sujet favori! Bon! la s'maine dernière, r'tour en stop l'14 juillet! Pétards et

GISCARD! AU PLACARD! ! ! ..

Gaspard! c'est un pauvre noir, qui balaye les trottoirs! Quand il a fini de balayer, il rentre chez lui et il va se coucher! Qu'est-ce qu'il faut faire? Quand on ne sait rien faire... on devient un homme à tout faire! on a les embêtements les plus divers! on n'a jamais le temps de boire un verre sans risquer de l'avaler de travers! Ça fait trop longtemps qu'ça dure et y'en a marre! Marre! ! !

MARRE! ! ! Trois heures du mat'! coincé d'vant l'porche fermé d'mon garno. J'n'ai pas l'machin. C'est pas pro'! Mais des fois, Ça m'soûle! Il est trop gros... Y'm'gonfle les fouilles...

Alors, nous voilà! Belle et toto, l'arche du de Gaulle sur la tête... nous nous abandonnons... Et j'te jure... y'a d'ces gaspards!
Bonjour l'navire! à fond d'cale... tu t'arrimes... y'a du roulis.

UN ANGE

– Léo... Belle veut descendre dans l'Sud... El'craque. C'te pluie... l'été, si court... l'hiver, la gadoue... D'tout'façon, el'est bloquée. Ici, la fac ne prépare qu'le DEUG.

– Et tu vas la suivre? tu te bourres le crâne! Tu t'es fait mettre, Paulo! Tes beaux yeux morts d'amour gavés aux pornos gros lolos pendant quinze jours, même la nuit, pendant ton sommeil? Con... verti l'Paulo! En Vérité... je vous le dit...

– T'es vraiment un p'tit salaud gonflé d'amertume... Belle... j'y tiens. J'y tiens d'autant plus qu'el'me r'proche pas d'draguer les mecs; comme ta Nati! OK! Léo! Tu vois, c'est l'fond de c't'histoire... T'as vu ta Nati! ferméee ! complet !

– Il vaut mieux que tu t'arrêtes, Paulo.

– Oui, j'crois aussi...

VALENTINE!

– Tu viens avec nous?

– Non! Je fais un petit détour par le Cour.

– Une vraie gamine... Je m'arrête à la fontaine, jette mon cartable au pied du bassin, trempe mes mains dans l'eau fraîche... puis les bras, le visage... Les cheveux suivent.
L'eau coule sur mon petit corsage bouffant jaune... J'essuie mes mains... bien énergique... les seins... les côtes... froisse ma jupe grise entre mes doigts. Je reprends le cartable plein de flotte.

– Tu avais quel âge?

– quatorze ans en octobre. La prof' principale avait distribué les cahiers de notes le matin. Moyenne générale, seize cinquante! Je pouvais bien me balader!

– ... tu as un joli petit ventre de jeune mariée...

– Marie! depuis deux ans et demi que je connais Jean... tu crois que je suis encore jeune mariée?..

– ...

– deux années de bonheur... Je vais... Je viens... chez mes parents, chez Jean... et depuis... ce mariage à la con... Six mois à temps plein! ici! dans cet appart' et cette baraque horrible! du pur sixties!

Au milieu
du terrain minable, les étendoirs à linge... deux!
Un par F Deux!
Pas de garage! Tu as vu le parking?... du béton! Devant la maison... le trottoir... et la bretelle! Troisième zone avant l'autoroute! Du boucan toute la nuit! La haie d'ifs! Au milieu! l'allée... bétonnée! Archifou du béton l'proprio! Le compas dans l'œil! La porte vitrée du hall...
Au centre!
et deux autres portes vitrées! De chaque côté!
Une! deux!
Une par appart'! Du Tati, j'te dis! Leurs putains de grilles à deux battants... à te couper les doigts... La classe! Des compositions abstraites! Pouh! ..De la tôles découpées, des fers carrés et torsadés...

Conception : Jeannot Pygmalion, Artiste peintre éducateur
Réalisation : Freddy Brad'fer, Sculpteur-ferrailleur

Au pinceau et à la masse!
T'es pas ratée! ! !

FREDDY

Un enfoireur!
Le proprio se laisse faire. Six mois de loyers... contre une oeuvre du Freddy! La bonne affaire! pour tout le monde... Freddy, c'est le Naïf chéri des journalistes du coin, des politiciens locaux, des petits bistrots et restos chics de l'arrière-pays.

L'autre soir! L'apéro! Là! tous les deux, sur la petite terrasse! moi, au milieu! Ils sont déjà bien entamés! Je ne sais plus comment c'est venu...

– Freddy! tu l'as faite-toi? Non?

– Ouais mon Kolon! J'l'ai faite... Komtudi! Présent l'Freddy!
Six mois plus tôt, l'Freddy! il était sur sa Malag'! La gringue! La ouache! La p'tite grimbiche! Soixante et un... putain... La ouache!
Tout d'un coup, tu t'retrouves dans leur merdier! Joyeux! t'y comprends rien, tu t'fais chier! Mais tu t'fais chier la vie! Tu crèves de chaud... Mais putain de putain..! Tu peux pas savoir... Tu rêves d'ta barak'allah ofik...
Et paf! Tu crèves un felouze... C'type...

Tu lui tailles une boutonnière dans l'calot! Avec ta lame... Vla! La mouise!

Mais bordel! Il m'faisait chier, ce con! Qu'est-ce qu’y foutait là?
Putain! qu'est-ce qu’y foutait là? C'était pas l'moment!
Ra... louf! ! ! Sale boulot, Jeannot! Ces salauds! y't'font suer l'burnous! T'es l'larbin! Y't'les lâchent à l'élastique! Tu t'paies même pas la débine! ! ! Mais Eux! Hein! Eux! Y' s'incrustent, hein! accros à leur pinard! Y' s'font du lard! Des misérables pleins des fouilles qu'on l'crapaud coincé! Ralouf! ! ! Des carnes! ! ! qui cornent d'la gueule! ! ! Des hyènes! ! ! accros d'la colonie! Y s'croient chez eux! les ordures! s'permettent tout!

Attention! Essai! Boum! ! ! Réussite!
Bilan: un ministre! un! irradié! WOUARF!!! et tout c'qui bougeait autour!

Mafieux! Y'menacent, te pissent du plomb sur tout c'qui bouge dans l'lopin!
Y't'explosent la tripe Lapin! ! !
Toi, t'es là... sur les lafs! T'écopes! T'y comprends rien!
Si, tu comprends un'chose! Un'seule!
Lapin! T'as rien à faire là! C'est pas ton combat!
Fais pas l'decati! Nettoie tes Zoreilles! Leurs vannes, tu t'en fous!
Quand y'savent plus quoi faire, y'massacrent! Y'cassent!
Plus y'cassent, plus y's'remplissent les fouilles! ! ! Eux! ! !
Y'travaillent pas pour le dig! Les zombies! ! ! Faut réagir, Jeannot!
Faut RÉ... AGIR! Emborgne-les, putain! ! !
Ces SALAUDS! Y'nous lardent! ! !
Nous! Nous! Nous nous en carrons d'leurs trognons!
Salauds! Pourris! Ordures! Carotokus! Faut voir! ! !

Dans l'soleil! Clak! une arme! Finies les salades! ! ! Bons baisers d'Alger!

– OK! Jean?

– OK! Freddy.

– Les bourgeois lui font les yeux doux... Ils le sentent bien! C'est du costaud! Du long terme... un bon placement!
Freddy les emmerde. Dans son atelier, il a mis une pancarte :

J'ai donné! Merci! Maint'nant... j'suis dédouané !

Tant que Freddy n'a pas trop picolé, tout va! surtout avec les fouilles plates qui passent à son atelier... POUR VOIR! ! !

– Ach'ter?.. pas les moyens!

– No problem... prenez l'glass! J'vous rince l'cornet! Á l’œil!

Faut le suivre... Il y va pas avec le dos de la cuillère!

– Vous? vous? z'avez pas les moyens! bon... allez... celles-là? Je vous les brade! quinze mille!

– Ouh! Quinze mille!!!

– Quinze mille... Quinze mille les six... deux mille cinq cents balles la grille... J'accepte pas les pots d'vin! Sauf les bonnes rouillardes!

Jean n'a pas de bagnole! pas d'tank! y dit Freddy! alors ils ont installé du grillage tout autour du parking. C'est la terrasse! Bord de mer! Chevaux d'frise! rideau d'fer!
Trois jours de boulot... trois jours avec Freddy... Á se le faire!

– Jean, pas question d'thunes entre nous... Tu veux pas t'salir les doigts, Jeannot! Déjà qu'il faut leur palper la louche... Tiens... Tu veux pas boire un coup?
Bon... Jeannot! t'achètes le ciment pour les socles.

– Le reste?

– J'm'en occupe...

Tu parles... du bien rouillé... bien entortillé! Arromanches! Et il fallait de la nature dans tout ça! Allez! en campagne! Je vais te chercher des canisses... avec sa camionnette pourrie! Te voilà rassurée! Tu ne sais jamais quand elle va paumer une roue! ..
Un après-midi bien gris de novembre... un mois après le mariage!
Retour? Quatre heures du mat'! Complètement schlass... Tous les deux! Je me suis pris les boules...
Après, il y a eu l'histoire du chèvrefeuille...

– Je n'y comprends rien! Jean! Pourquoi tu plantes ce chèvrefeuille?

– Euh... J'sais pas... moi... j'aime le chèvrefeuille! ça sent bon... y va s'accrocher partout! ça fera de l'ombre!

– Tu l'aimes tellement que tu vas le massacrer quand il faudra partir et dégager toute cette ferraille!

– Mais, Valentine, nous venons d'arriver!

– Dis-moi... tu crois que je vais rester là combien de temps? T'es vraiment un plouc quand tu t'y mets!

– Je n'aurais pas dû. Il était à deux doigts de m'en mettre une...

– ... Tu n'aurais pas dû... Je la trouve jolie cette petite terrasse avec ses plantes vertes et sa petite table... ses deux chaises... juste en face la chambre, c'est une super idée...
Bisou?

– J'ai fini par la trouver bien, mais j'ai fait des efforts... Tu me chatouilles, Marie! au fait! y avait conférence à la Cité-U hier soir?

– Oui... le Chili...

– Après, tu as recueilli des p'tits Chiliens dans ta p'tite chambre?

– T'es vraiment une petite bourgeoise mal baisée. Je suis partie sucer mon copain coco! T'es contente?

– t'as vu ce qu'ils ont écrit sur le mur qui longe la fac?

GAUCHISTES, VOS FEMMES SONT LAIDES!
OUI, MAIS ELLES NOUS TAILLENT DES PIPES!

– Valentine... laisse-moi te faire un gros bisou!

– Tu te réveilles?

– Non, c'est juste un réflexe! Et alors, cette petite terrasse?

– Cette petite terrasse?..

– Tout à l'heure, tu m'as dit qu'elle avait failli mal finir.

– Parce que tu crois que je vais tout te déballer?

– Oui, je veux apprendre. Je suis à fond dans la psychologie des jeunes couples.

– Ton p'tit coco ne te suffit pas?

– Tu n'es pas un peu jalouse?

– Non, j'adore mon Picasso.

– Son copain Freddy et ta p'tite Marie. OK!

– OK! Bravo! pour une militante communiste...

– Tu n'as encore rien compris. Je te le dis, tu es une petite bourgeoise bouffée par les curés.

– Les pasteurs!

– C'est pareil! Ce que tu n'as pas encore pigé, c'est que même si cela ne nous plaît pas, world speak english.

Americae est imperare orbi universo !

OK? Tu nous vois? En latin?
Le but, c'est que tout le monde s'énerve en même temps! Le moment venu, si nous disons tous OK! eh bien! il n'y aura pas d'erreur possible. Ce sera bien le moment! OK! c'est un mot que presque toute la Terre comprend!

Ave Caesar! Pfouh, tu me fatigues... Bon, tu voulais savoir ce que je pense du Freddy et de sa terrasse? et ben... un mois après notre mariage...

– Votre mariage... béni par maman et le pasteur! l'après-midi, après le lycée...

C'est amusant, tu plonges dans le mariage comme une héroïne de Bourget. C'est une fin en soi. C'est le mariage-bonheur, le mariage sécurité, c'est le mariage-refuge. C'est drôle comme parfois tes idées ont l'air d'avoir été tracées en 1900.

– Mais qu'est-ce que t'as, aujourd'hui?

– Excuse-moi, Petite Amour, excuse-moi. Je n'ai pas contrôlé. Ne m'en veux pas.

– Je ne t'en veux pas, Marie. Mais je crois que si je nous ne l'avions pas fait, nous aurions eu des problèmes. Tout le lycée jasait.
J'entendais dire qu'une prof' avait branché ses élèves sur des histoires de Lolita! Lolita... tout juste si elle ne me traitait pas de pute!
Là-dessus, les Parents d'Élèves sont passés à l'attaque!

J'ai eu franchement peur. Maman a tout pigé, tout de suite, très vite. Alors, elle n'a pas hésité. Émancipation... Tu piges Marie?

– Excuse-moi baby. Je ne sais pas où me mettre.

– Tu railles ?

– Un peu, juste un peu, un tout, tout petit peu... N'oublie pas une chose... la fin de l'asservissement des prolétaires passe par la libération de la femme et la destruction de la famille.

Les discussions spontanées sur les problèmes sexuels ne peuvent pas être congédiées comme étant des diversions par rapport à la lutte des classes; les travailleurs ne devraient plus tolérer que des pasteurs socialistes, des intellectuels moralisateurs, des rêveurs obsessionnels et des femmes frigides détiennent le monopole de l'organisation de la vie sexuelle.

C'est balancé! Tu ne peux pas être plus clair! Il faut lire Willy, Petite Nana! Bon... un mois après ton mariage...

– Notre mariage...

– Tu polémiques?

– Marie... "La vie est simple quand on s'aime bien"... Tu es vraiment infernale aujourd'hui... Un mois après le mariage... OK! Freddy et Jean se barrent un samedi matin pendant que je suis au lycée. Quand je reviens à midi, enfin! le samedi après-midi! Un mot sur la table :

Chère Petite Nana, je vais chercher des canisses avec Freddy,
à bientôt, bisous.

Bon. Why not! Je me fais un sandwich au salami, une pomme, un coca. Je prends mon sac et je m'installe... Là! devant la porte vitrée, assise par terre.
Je pose mon cahier de math... Là! sur le tabouret rouge! la table de chevet!

Il y a de quoi faire. J'y passe un certain temps.

Une petite faim? Je commence à en avoir marre. Je cogne un peu le frigo. Je bois encore un coca et goinfre un paquet de BN. J'ai presque envie de vomir.

Là-dessus, il se met à faire nuit.

J'ai froid et je n'ose pas trop utiliser le fuel. J'allume tous les brûleurs du gaz, le cassette... Speak to Me...

La musique est le refuge des âmes ulcérées par le bonheur! C'est de Cioran... . De l'inconvénient d'être né... son petit dernier, quelques mois déjà... Excuse-moi, petite Nana!

– J'essaierai de m'en rappeler...

Je m'assieds à côté du gaz. Dix minutes... Je prépare un thé. Un péte?

Je farfouille dans l'atelier de Jean. Du tabac... de l'herbe! Au boulot!

Roulez, Jeunesse! comme dit Jean. Je le fume...

Le flip! Comme c'est pas possible! pour combattre la tremblote, il faut bouger! Ouais... Sûrement, Jeannot...

J'ai trop la trouille de sortir... Je finis par me blottir, assise sur le sol, contre le gaz... Finalement je me calme.

L'heure? Sept heures et quart...

– Allô! Maman?

– Tatati... tatata... Le lycée? Rien... rien à dire! rami rama! la famille! ma sœur! comme si tous habitaient à des kilomètres...
Elle se demande pourquoi j'appelle. Mais elle a compris que je veux parler d'un truc...
Elle me laisse parler... Elle attend... Elle maintient aussi longtemps qu'elle peut cet instant. Bon! Bonne soirée, maman!

Je raccroche. Plaf! ! ! Pouh! Un coup pour rien! Sept heures vingt!

Je me rabats sur le livre avec les photos du Bauhaus! J'essaie de bien regarder les images.
Je le balance au milieu de la cuisine. Sept heures vingt-cinq!
Deux pages à défroisser... un coin de reliure à redresser.
Sept heures trente! Je prends mon temps! Je range le bouquin.
Sept heures trente-deux! Après c'est encore plus horrible.
Je ne sais plus quoi faire!

– Petite Amour, viens dans mes bras...

– Pfouh... plus le temps passait, moins j'en pouvais.

Je finis par me coucher, les yeux ouverts dans le noir. J'essaie de me concentrer sur ce qui me passe par la tête, sur ce que je vais lui dire quand il rentrera.
J'entends la porte s'ouvrir. Je regarde le réveil.
Quatre heures du mat'! Quatre heures! Les salauds! Je les entends rigoler. L'dossier du Freddy... il prend du poid!

D'abord... le jour où il décharge toute sa ferraille, en vrac, devant la porte vitrée... comme une merde... Vlam! Le tas!
Délicat l'Freddy... un nuage de rouille! La camionnette en marche arrière dans l'allée! Le pot d'échappement quasi dans l'appart! Il n'en rate pas une! Là-dessus, il l'ouvre:

– Salut, Valentine! L'école est finie?

Papa papa, papa, t'es plus dans l'coup, papa! Tu ne me prendras pas la main.

– Même pas un petit becquot?

– Non!

– Allez, juste un p'tit...

– Non! Laisse-moi passer... Freddy! ! !

– Allez...

– Non! Casse-toi! ! Mais casse-toi donc! lache-moi!

– Valentine... juste un p'tit becquot...

– Non! Lâche-moi! Lâche-moi Freddy! Allez! Dégage!

– Jean!

– Je suis à l'atelier!

– Jean, il m'énerve!

– Qui?

– Freddy! Il m'énerve... Il m'a paluchée!

– Tu te fais un cinoche!

– Ouais! tu ne l'as pas entendu? L'école est finie! Il fantasme le mec! Il m'a foutu les pattes dessus! J'te jure!

– Laisse tomber, Valentine! c'est du délire!

– Jean! ... Il m'a foutu ses sales pattes dessus! Il n'a pas d'excuses! Sors-le!

– Valentine!

– Il m'énerve! Tu comprends? Jean? Je craque! ! !

– P'titeNana... calme-toi...

– Jean... tu ne me crois pas...

– Si... mais...

Bon... tu vois le genre des gars... Je les entends rigoler... Je sors de la chambre comme une somnambule. Je traverse l'atelier dans le noir... et là... Vlam! J'ouvre la porte de la cuisine!

À table! tous les deux! Blacks! dans la bibine! Ils boivent une bière! et encore une bière! et c'est la dèche! Il paraît que c'est la dèche! ! ! Je bouffe trop de cochonneries! ! ! Je me vautre dans le petit beurre! ! ! Je ruine le ménage! ! ! encore une p'tite dernière! Hein! l'rince-cochon! comme il dit, Freddy!
Jean se retourne. Il va parler mais il n'a même pas le temps de commencer. Complètement g'lé, l'Freddy prend la barre!

Salut, p'tite chérie! j't'attendais avec impatience! Á ta santé!

Il me regarde avec sa tête de busard, ses yeux rouges, son bec de rapace, ses joues creuses... son grand corps tout maigre un peu voûté. Fouhhhh..!

Immobile, je fume... je fume! ..

J'avance vers lui... calmement... avec concentration... Je lève la main... et bam! Purée! Je lui mets une bouffe! mais une bouffe! ..

Je me recule aussitôt, dégoûtée.

Sa joue me dégoûte. Il m'dégoûte ce butor! c'grand désossé! y' m'donne des frissons... ouh! tu comprends, Marie?

Freddy baisse les yeux... pose sa bibine sur la table... la main sur sa joue... Il se concentre...

Jean se réveille, se lève... calmement... prend Freddy par l'épaule... doucement... très doucement.

– Freddy... j'ai fait des partouzes. J'ai baisé avec des mecs...

Je regarde Jean... Mais qu'est-ce qu'il dit?

– mais... tu vois... Freddy, je ne suis pas encore mûr... Je n'ai pas encore réussi à t'offrir ma femme... Je suis confus, Freddy... Tu le prends comme tu veux... je ne suis pas né dans un igloo! Voilà! Je ne peux pas te prêter ma petite Nana pour qu'elle te tienne chaud sous la couette...
Je ferai mieux la prochaine fois! Bon, maintenant, nous allons tous dormir... Tu rentres chez toi... Demain y' f'ra jour!

– Jeannot... excusez-moi... j'me tire.

Freddy sort en chancelant. Dehors, il engueule sa camionnette qu'il n'arrive pas à démarrer. Il cale deux fois! et puis il réussit enfin à se barrer... CE CON!

– Tu devrais écouter Brassens... Tu ne le diras plus.

– Quoi?

ta fleur la plus douce, la plus érotique et la plus enivrante.

Petite Amour, laisse-moi t'embrasser...

Le soleil est rare
Et le bonheur aussi
L'amour s'égare
Au long de la vie
Le soleil est rare
Et le bonheur aussi
Mais tout bouge
Au bras de
Melody...
Les murs d'enceinte
Du labyrinthe
S'entrouvent sur L'infini...

LA VALSE

– est finie... Laisse aller... Tu entends?

– C'est quelle heure?

– Deux heures...

– Marie! C'est Jean! Il pianote sur la vitre... C'est lui, sûr!

– Va lui ouvrir!

– J'suis à poil!

– Vous baisez en chemise et en pyjama?

– Marie, je n'ai pas envie de rigoler!

– Mais vas-y! Vite! Sinon il va rentrer tout seul!

– ...

– Éh! passe par la cuisine!

– J'en ai toujours rêvé, P'tite Nana... Nue, tu m'ouvres la porte...

– Jean... Marie est là...

– ...

– Jean...

– Elle est toute nue aussi?

– Oui

– ...

– Nous dorm-i-ons... ... Jeannot... ... C'est con, l'imparfait...

– Je ne voulais pas déranger...

– ... Allez! Viens...

– ... Marie?

– Oui!

– Je te présente Jean.

Je te salue, Marie! Bonsoir... Nana m'a beaucoup parlé de toi... Je te remercie pour le bouquin de Jean Duvignaud...

La parole agit à distance sur les corps et les corps excitent la parole

– Bon... Si vous le voulez bien... je me mets de niveau! Je vais boire une bibine... et me rouler un péte!

– Jean... j'ai un bon petit noir. Va chercher ta bibine! Je roule!

– Wouah! Merci Marie! Je vais être black! Tu veux boire un coup?

– Un coca.

– P'tite Nana! Coca! In?

– J'ai cru que tu m'avais oubliée...

– Et de deux! Out, Nana! Je ne me sens pas à l'aise...

– OK Jeannot! In! Le vestiaire est par là!

– Merci, les filles! Bien aimable! Á tout de suite...

Ô, VAP!

– ... ... ... Luc... il faut qu'je sorte! Je me sens pas bien du tout... J'ai trop chaud dans c'te cabine!

– Paul... mon vrai prénom... c'est Jean... Quand je ne suis pas sûr... je dis Luc... Au téléphone... je sais tout de suite qui débarque... Pas de regrets?.. Tu sors?..

– Oui... ... ... Jean...

– Nous nous recroiserons, Paul. Tu veux mon tél?

– Non... ... ... merci, Jean... ... ... Nous nous r'trouverons! Sûr! Tu vois! Nous sommes venus tous les deux ici... chacun d'notre côté... Pas d'lézard! Jean... il faut qu'je sorte! ..

LA PÉNOMBRE

profonde... ne m'rassure guère... Bleu d'puis une s'maine, j'me monte l'bourrichon. J'y vais douc'ment... J'essaie d'suivre l'bouscueil sur la mare aux harengs! sans noyer l'brandon! Les troisièmes bourlinguent! Á fond dans les glaçons ! Y'a pas d'corvettes pour les calmer! Tu piges vite que, su'l'brigantin, fair'l'mutin... c'est pas coton!
Rester fier! garder son honneur! OK, Léo! mais...

gaffe aux mastards! le mètre quatre-vingt ! dix-sept ans! trois r'piquages! le bulbe, vivace, bien musclés par l'athlétisme et l'foot! Y' propulsent les gars!

Tu fais l'poids brimborion? J'vais voir! et vlan! te v'la broquette! et p'is y'a les teachers! dark sarcasm in the classroom!

Intelligence vive, mal exploitée.

Á toi, tête de piaf pédant, qu'à noté c'te r'marque dans mon dossier scolaire, deux questions... Là! Le! Lis!

1.tu crois que j'vais m'exploiter moi-même?

2.tu crois qu' t'es capable d' m'exploiter?

Lo! Lu! Réponds!

Crâne rasé! Au rata d' l'interné l'Paulo! L'affreux! L'hyperactif! ! ! l'pur product of the Pim! Pam! Poum du divorce et d'la débine! Tout l'tralala! des pauv'es mômes d'faux riches qu'ont tout juste les moyens!

Le reste... des d'mi-portions! Des broutards d'pécores et d'laitières! gavés à la stabulation! ! !

Et puis... y'a la crème! d'la crème... les truffes! Tsoin! Tsoin! à l'air libre! Sous les mouches! Les fils des fromagers! qui n'bouffent qu'à la maison... du filet mignon! Au Bled... Y’ s'la jouent... plus que parfaits! Chromés leurs bidets! American Cream!

Et, pour couronner l'tout! la c'rise su' l' plum-cake! Bob Le Chauve! L'pion des Sixièmes, l'Imperator à la Ch'valière! ki kalme l'bleu... à koups d'keusses su'l'koin du krâne. L'gros psychopathe... Tu vois un peu, Léo? l'profil ! ! !

Bon! J'négocie l'Droit d'pissage... D'bonne humeur l'Bob! Y' m'laisse y'aller sans palabrer!

Pas marle... j'tire mes groles dans l'couloir des gogues. Plic! Plic! ..

La cour d'la salle d'étude est entourée d'un mur... deux mètres! surmonté d'un grillage qui passe au niveau supérieur des f'nêtres du premier étage... trois mètres!

L'borgnio! noir! un' seule loupiote! Dès l'premier jour, pétée! l'abat-jour... en tôle! veuf!

Louche!

Plic! ..Plic! J'me sens pas d' rentrer dans la pissotière.

J'continue vers la première cabine. Plic! Plic! ..

La lourde est grande ouverte, rabattue cont' le mur.

– Allez l'Paulo! Allez! C'est par ici criquet!

L'Chef des troisièmes est d'bout d'vant moi, l'bénard aux g'noux, un bout'fas! du jamais vu! L'braqu'mart! Léo, j'te dis... Droit au but! Le gland... bien rouge! Pfouh! L'matador! turgescent!

– Allez! suce!

Je pige rien. Y'm' pince les poignets, gant d'fer! les poucettes! ! ! les pognes, broyées! Les didis! violets!

– Bon! maint'nant tu fais c'que j'te dis! T'ouvres la gueule! ! ! ouvre ta gueule! ! !

J'le r'garde du haut d'mon mètre soixante et j'ouvr' la bouche, terrorisé! tétanisé... Y'm' lâche une patte.

– Garde la gueule ouverte! bien! allez! baisse-toi!

Y'm'guide jusqu'à c'que j'sois en face d'son chibre.

Y'm'serre encor' plus fort l'poignet.

– Prends-la!

J'réagis pas.

– Prends-la, j'te dis!

Y'm'l'enfonce!

Là, j'fais comme y'dit. Y'm' lâche l'poignet, m'chope la brosse l'merlan! et m'masse le crâne! La perruche! ! ! Aux p'tits soins! Y'fait rien d'autre... droit! impassible l'gars! Tout d'un coup, y'm'tire en arrière!

– Calte! J'vais juter!

Y'r'monte son fut'.

– Pari gagné! Tu voulais pas égoutter ton brûl'gueule?

– Si.

– Alors, sors'le, j't'attends. Y'faut rev'nir ensemble à l'étude...

J'pisse. Y'm'regarde.

– Ho! T'as vu ta limace! La purée! baveuse!

Y sort son tir'jus, essuie ma blouse.

– Vingt dieux! l'geyser! comm' dirait l'prof' d'histoire-géo! Les burettes! Séchées-curées! En rout' la troupe! Fini l'boxon! Au burlingue l'Bleu! et ferm'la, mecton! parc'que sinon c'est

L'Y

pousse, droit sur son tronc, deux branches à cinquante centimètres du sol, dans un tournant en épingle, sur l'chemin d'graviers qui descend au pied du château, sous la terrasse... à la Prairie! Sur la Rive! au terrain d'foot! la Piscine! Á chaque crue...

OlYmpiK, la pYramide! un Bleu, su'l'ventre! bien calé! et deux autres, côte'côte, su'l'premier! L'i grec quoi! Léo! L’i grec!

Un troisième couteau costaud, assis su'l'tas, les pieds calés sur les nuques, clôture affaires et persuasions...

Claquent quatre ou cinq secondes lames! La fête commence!

Pied au cul, coude aux côtes, bouffes aux bajoues, mollards au mufle, mise à l'air, bite au cirage! Fouette-baguette!

Baffré-goulu l'ordinaire! ! ! Au dessert! La Banane Flambée! The Must! À l'obtus qu'a rien compris aux Délices du Siège...

Simple! Dissuasif...

– ferme-la, menton crochu! parce que sinon c'est

L'BRIQUET!

J'tourne la mollette? J'appuie sur la gachette? Chauffe, Marcel!

Il attend... pas trop longtemps... C'est pas vraiment Tourlourou pioupiou aux Aurès... J'l'a ferme... Pour l'Honneur, j'verrai plus tard!

Pari gagnant! La Nation compte sur vous... Á l'étude!

Le lend'main, dans l'parc, après l'rata, tombe le jour...

Au gros buisson, vautré Sur la Rive, l'Chef, mariolle! finasse.

– T'as les dents dégueulasses! Tu vois, mon pote? Il a l'dentifrice! ..

Hé! avec calme et volupté! comme dirait la prof' d'français!

Ouvr'ta gueule et prends la brosse! Hé! ferme-la! Sinon c'est

AU MUR!

Sous la terrasse du château, il domine tout l'parc.

Y'm' trainent à quatre... Y'z'en chient, ces irokois! Au silex! Y'm'font la peau! Skalp! Tartes! et lattes! KomiK! ..

Bob le Chauve, rape de kik! fume son klop au bord d'la vase! Au cinoche! Y voit tout, l'sadik! Y's'marre, ce résidu! y dit rien! paluches dans les fouilles! la balayure excrémentielle!

J'me jure d'lui rendre un jour à c'te pourriture... Zwwiiiiiiii! à la taravelle! KKK! Dans l'Ku! à fond la perku! KKK! ! ! Ça baigne dans la molle! Léo! Sors ton pébrok! ! !

et tu sais? maint'nant! c'pudding furonculeux, il préside au guichet! Á la SNCF! Tudo bem amigo! This shit! Pustule! Rictus d'anus! Y'm'vend l'tickson l'pitre! y'm' r'connaît pas!

J'lui mime l' cri-cri! J'lui fais du gringue! j'lui donne rancart en forêt! c'gros pédé! ! !

Cordes, fouet, rasoir! J'lui attaque la soie! À l'abattoir l'goret! Wouahouh!!!! J'rêve Léo! Mais, c'est pas l'moment!

Le Chef est assis su'l'mur. Y'm'tient par les poignets! Avec les trois autres, y'm'bascule dans l'vide, pantin-chiffon au bout d'ses bras tendus! Musclé l'gars!

– Gigote pas, parc'que sinon! j'lâche tout!

J'fais comme y'dit... L'parc sous les pieds, cin'mètres plus bas! J'ai les omoplates chatouilleuses... aïyayaï! ! ! J'krak! ! !

– Bon! c'est fini! reçu à l'exam'! J'vais te r'monter! Laisse-toi aller!

La rigue s'empresse. Y'm'asseyent! L'dos au parapet! Les ripatons su'l'gazon! Pfouh!

T'es un Mec, Paulo! Si t'as des emmerdes! appelle Grand Dab!

LA RIFLETTE

Alors, à la rentrée, j'passe l'bleu Legros au rituel... J'commence fort...

– passe-moi la!

Y'dit pas un mot. J'laprends... J'la pose par terre... tranquille... bien! étalée... le p'tit brac'let! tout! Kaïïïïïïïïï! ! ! C'est ton heure, breloque!
Monkiss! J'te la piétine! défoncée! complet! d'la terre partout! Elle vaut plus un zloty! L'zébulon, HS! La tocante!
L'aut' zouave... zinzolin! zygomatiques bloqués! y'zoome l'zée! échoué! en pleine zoopsie! Sur la Rive! C'est pas drôle, Léo...

Le lend'main, à la cantoche, j'm'suis assis à côté d'lui, avec des aut' bleus; un d'mi-sel mal affranchi, Jo La Dalle! lui choppe sa saucisse! Purée! J'me lève.

Arrête tout d'suite, mon pt'it gars... tu vois l'Y?

Jo me r'garde... Y' lâche la saucisse.

Respect, La Dalle! Finie, la briffe! Tu m'speedes le buffet! Calte!

Legros! J'te r'file ma gaufrette et mes c'rises au sirop!

Macéré, l'tortore! Mais il avale tout l'béni-bouftou!

Vin'dieux! T'as l'air d'aimer!

Y'm' remercie. Ses parents n'étaient pas riches!

Pendant c'temps...

LE CHEF

tire ses coups... Nous dev'nons copains.

– Honhon...

– J'baise pas avec les copains!

– Je croyais que j'étais ton copain... Tu m'suis, Paulo?.. Non?.. T'es con...

– oh! Léo! RESPECT! OK!

– Calme-toi.

– Non!

– Paulo, c'était juste façon de parler...

– OK, Léo! J'quitte l'internat, tout s'arrête. Finie, la taule!

Retour au berceau! J'me tape la colonne dans ma turne! Devant l'absurde! une conférence de presse de Pom! Pidou hou! hou! Tête de chou! qu'est-ce que tu veux faire? tu te défonces, tu fais sauter l'Elysée! Ou tu r'gardes autour de toi! T'es louf! Des p'tits lots partout! Libres! Les lolos à l'air! la jupette à ras l'bonbon!

L'érotisme est une dénégation
de toutes les structures de la société bourgeoise!

C'qui m'manque alors, c'est juste un plumard discret! Peinard! À poil! raconter ma vie, tard le soir, tirer ma crampe dans l'moite! Au poil! Aux cuisses! avec des jolies p'tites veilleuses pour m'guider à la crac et m'travailler soua soua! Dag dag! Mais voilà! Que dal! J'file la vingt-et-une! Chez mes dabs! En tringle! Libre quoi! ! !

Je r'garde les nanas... P't-être qu'il y en aura une... Une qui s'ra d'accord... mais draguer une nana! Non! Tout c' blabla! à la mords-moi-l'noeud!

– Tu veux! tu veux pas! C'est simple...

– Je suis déjà prise!

– Par devant ou par derrière?

– Les deux!

– Et là, Paulo! tu fais quoi?

– Dès fois, Léo, j't'en mettrais bien une...

– Sérieux, Paulo! tu es sur le plateau! ! ! Tu n'as jamais vraiment aimé un de tes copains? enfin... un de tes... mecs?

– Si... Pascal... J'ai cherché dans l'annuaire pour le r'trouver!

– Et alors?

– Il a un blaze d'arbi. J'ai jamais su comment l'écrire! Plutôt p'tit, la peau bronzée, foncée, brune, comm' tu veux... Il avait les menottes chaudes, chaudes! avec des didis! fins les didis! Son odeur m'excitait...
Agressif, sadique parfois... il lui arrivait de m'faire vraiment mal. Son problème? Sa gueule! Tu vois la trombine? Mal blanchi, l'poteau! Dylan! Cohen! Tous les deux m'ont toujours fait penser à lui. Peut-être plus Cohen... l'naze! aquilin! Pas un Bourbon, l'Pascal!
Il avait beaucoup d'enn'mis. Les profs font pas la loi! Faut pas les rater! Si! Il en était sûr! Leurs médailles... rien à battre! Fallait pas lui marcher sur les pieds... Pas d'hésitation... Tu cognes!

Intelligence, action! C'est parti! 1968! Offensive du Têt!

C'est la fête! Pétard! faut négocier!

Sa mère... Pas l'genre à s'laisser faire par personne... Elle s'fait la belle avec un goï! Excitée, la tribu!
Elle va rev'nir un jour à la maison! ?! ?! ?! Pascal attend...
Le week-end, il rentre chez une sœur d'son père.

Des youps zarbis mercantis! pas l'genre petits! Tous! à faire gerber l'gaulois! ! !
Léo! Tout l'monde n'aime pas l'sanglier! D'accord?
Faut s'le dire dans les casbahs! ! ! l'méchoui, c'est pas si mauvais!

J'vais t'tuer Paulo! Tu m'as trahi! ... y' m'dit l'Pascal !

Attends, Léo! Tu vas piger! Temps d'riflette, mon poteau! Un ch'veux gris! crâne rasé en t'nue de camouflage! un type bien poli dans son costard... déterminé... m'convainc! l'Dirlot! C't enfoiré!

Où j'en suis? Ah ouais! J'envoie l'Pascal au massacre! J'mange l'morceau! J'crois m'en tirer! Faut pas croire! Action!

Tuerie! Tous les deux, à poil, su'l'carrelage des douches... Pascal m'rue dans les côtes, d'toutes ses forces, sa bite sur la mienne... y' m'écrase les couilles. Les autres nous séparent.

Tout l'monde s'gare au paddock...

L'Pascal s'installe; victorieux! Pas rancunier, y'm'tire à lui.

Lotre! L'pion des troisièmes! s'approche...

Pascal sort sa main d'sous mes toiles.

– tire-toi, Lotre! T'es tricard!

Lotre s'casse... L'Pascal passe à confesse.

LE SCALPEL

vibre dans la lourde, en plein milieu du panneau et du pap'lard.

Sentence!

CHARBONNAY T'ES UN GROS CON PRÉTENTIEUX!

J'arrache le scalpel. J'le r'plante! Putain! Du calme! Regret! Un bon coup dans l'coffre. J'me défoule l'poignet! La poignée lâche... La lourde est fermée! à clé! Rien! J'arrache tout! et je r'plante!

J'me barre! à fond! par l'escale qui mène aux TP! Rrrrrabbia!

La veille... note bien! Dix-neuf heures trente! L'rata? terminé!

J'me r'trouve debout d'vant chez l'enflure...

Mon variateur dans les paluches, j'appuie sur la sonnanche du Charbonnay...

Il ouvre.

Bonsoir, monsieur Charbonnay! C'est fini! Y'marche! J'l'ai testé... Il a fallu qu' j'attende... La peinture n'était pas sèche. Alors... j'vous l'apporte seul'ment maint'nant...

Mon p'tit mètre soixante-cinq... ma gueule d'bougnoule!

Et l'aut' Teuton! son mètre quatre-vingt-dix! cent dix kilos! sa gueule de beauf! son bide d'vieux fortiche pattes d'ours! GROS CON! Sa brosse grise taillée sur la tronche... VIEUX... CON! Putain... Il ôte ses faux quinquets dorés d'press'bite! L'mec! tranquille!

Tu sais c'qu'y fait l'enflure?.. Y'm'engueule! ! !

– J'ai dit: dix-huit heures, dernier délai!

Y'm'claque la lourde sous l'nase! J'AI DIT ! l'fils de pute...

J'reste un moment d'vant la lourde. Sonné! Avec son variateur débile!

Salopard!

J'envoie tout par-d'ssus la rampe d'l'escale! J'décolle! à fond dans les marches! En bas! j'glisse su'l’carr'lage!
J'me rattrape je n'sais comment...
J'balance un coup d'latte dans l'tas d'ferrailles!
Y'gicle contre la porte vitrée d'l'entrée!
Ouah! L'tam-tam! d'enfer!

... Le pot! ! ! Pas d'casse... Pfouh... J'ramasse les miettes...
J'arrache tout c'qui tient encore!
J'balance tout dans la boîte de Chardonnay!
Retour à l'envoyeur!

– Pascal, maint'nant, tu vas faire comment?

– ... J'sais pas Paulo! J'vais lui mettre une mandale! C'est lui...

L'PROBLÈME

Dirlo, un p'tit matheux, sportif, cérébral, s'accroupit en plein milieu du terrain d'foot, en survêt'... Tu fais pareil! obligé! Psy l'gars!
Et là! y' parle. Son truc?.. la violence!

– Vous êtes braques, les jeunes...
Parfois... c'est vrai! vous avez peut-être raison... mais bon sang! restez calmes... partout! Maîtrisez-vous!
À la Buvette... les types sont bourrés! Derrière la ligne de touche... ils sont excités! ils provoquent... Le coup de boule? Tu es en tort! tu te fais sortir! sans discussion!
Du calme... les gars... Racine carrée de trois, quatorze égale?

et y' s' tape l'index sur le front... d'accord?

Flegmatique en fin d'carrière, il en a vu d'autres... Pas un hasard... sa nomination chez les barges!

Pendant l'intercours d'midi, Pascal est convoqué... Mal... il est mal... deux mauvais-mauvais plans... Mauvais-mauvais... Dirlo tente d'amadouer l'Pascal.
Y'lâche pas un mot! Y'nie tout!

Le lend'main midi, après un rapide conseil des profs, la cantoche!
Pascal passe à table.

– Reconnais les faits, Pascal... tu as été vu... dans l'escalier des TP...

– J'ai jeté les débris dans la boîte aux lettres. D'accord!

– Bon... tu vois! ..

– Le scalpel! C'est pas moi!

Au rata du soir, Dirlo s'ramène.

– En accord avec les professeurs, si... demain... je ne sais pas qui a vandalisé la porte des travaux pratiques... tous les internes seront collés dimanche prochain!

J'me lève. La table me r'garde en silence.

Les Polichinelles...

Tu les aurais vus, Léo! ! ! Tu les aurais vus!
Le Pascal et Bibi ! on n'était pas les seuls ! grand touche-touche sous les veilleuses! À tous les étages! ! ! Les pions savaient très bien c'qui s'passait. Taboo! Polope! 'ttention ! Les chieurs d'encre! Y'z'arrivent! manchette sur la poitrine!

DUKU AU BAHUT! JÉSUS! QUEL ABUS!

Tous au guignol! Bob! enchristé! Dirlo... pas d'pot... au Totem!
J'm'inquiétais pas... sûr! ! !

Détendu... tranquille... à la brune... dans l'allée principale du dortoir... Pascal m'balade à poil sous les veilleuses. Teuss! L'gaf! ! ! Bob s'la ramène. Torse poil! Y'fait son galoubet!

– Vous allez où comme Ça? Au frich'ti?

– Au radada! J'l'emmène aux gogues! Il a la manche! Maousse!

J'vais l'accrocher au radia! Y'fait frio!

– Y'peut pas s'la tenir tout seul?

– Bob, tu fouettes! T'as la lucarne coincée! ! ! Fourre-toi la motte!

– Salopes! ! ! p'tites crapes! ! ! des vraies p'tites fiottes! ! !

– Quoi... des tantouses! Nous? Tu vois... moi! les keusses! j'suis douillet! J'reste calme... mais faut quand même pas trop m'en dire! Occup'toi d'tes miches, Bobby! hein! Va t'branler! Rabats-la! Allez! Tir'toi, sous-cul! Tu crains la loi! Au placard! Tu vaux pas l'glaviot!

– Paulo, tu aggraves ton cas. Fais un effort! Sodomites! Nous! Je vais m'énerver! Occupez-vous de vos affaires! Merci beaucoup!

– Léo, tu l'vois, l'didi d'Paulo, hein? Tu l'as bien vu?

– Oui... suce!

– Bon. J'résume? ou tu suis encore?

– Tu t'es levé...

Et j'ai crié... Aline!

– Tu fais chier Pascal! Allez! Dis-le qu'c'est toi! Tout l'monde le sait!

Pascal et Chardonnay! c'est des pédés! Y's'adorent!

La rigolade... j'te dis pas... la rigolade...

Les tables des quatrièmes et des troisièmes tapent les couverts sur les assiettes. Les Bleus suivent! La Gloire!

Merde! Merde! Merde! J'suis mal... encore plus mal barré qu'Pascal... et j'le balance... Bon pour l'biribi! Merde! Merde! Merde! Putain... qu'est-ce qui m'a pris?

Vieux ch'val, Dirlo laisse passer l'orage. Cinq minutes... Y's' lève.

– Paul, tu tiendras compagnie à Pascal ce week-end... Maintenant tu viens avec moi! Tout de suite!

Paul... Tu as rendez-vous demain soir, dans mon bureau, à dix-sept heures. Tu présentes tes excuses. C'est tout. Entre hommes! Á demain, Paul!

NATI

– Léo! arrête... Tu me chatouilles...

– Tu n'as rien mis sous ta veste?

– Non. Arrête... Tu me chatouilles.

– Alors... là, tu vois... c'est Les Bains! le grand hôtel, le restaurant, le casino! et, à côté du pont! le Parc! et son Manège! comme dirait Paulo... Strictement interdit aux mineurs! Tu veux des détails?

– Je ne sais pas...

Ici tous les jours
à 14 h
j'encule des bougnoules.
à 15h
je me fais torcher le gland par un youp.

Vive la France!

Paulo a répondu!

Merci de laisser l'Etat dans les chiottes
où vous l'avez trouvé...

Viva l'Internacional!

– Nati... tu veux voir?..

– Je te crois, Léo.

– Paulo dirait qu'il faut voir...
je suis presque sûr que tu n'as rien sous ton jean...

– Tu le sauras... plus tard...

– Nous pouvons passer par le Parc... Il faut juste traverser la rue.

– Le jour va bientôt tomber, Léo. Sous les arbres, il fait presque nuit...

– Tu préfères rentrer? Il suffit de passer le pont...

– Léo, je veux bien continuer.

– Tu veux faire tout le tour?

– Oui.

– Mon père habite là! L'immeuble après le casino... avant le croisement. Tu le vois?

– Oui.

– Deuxième cage! cinquième et dernier étage! avec vue sur le Parc! Tu vois... je ne suis pas un clodo! mais je préfère habiter seul... chez moi, et sans douche! Celle des autres! c'est comme la rue... tu ne sais jamais où tu mets les pieds... dirait Paulo!

– Tu m'inquiètes, Léo...

– Tu es sérieuse?

– Je ne sais pas, Léo. J'ai demandé à ma mère si je pouvais prendre rendez-vous chez le gynéco... pour la pilule... Léo! je suis peut-être sérieuse... je n'en sais rien... je ne sais pas comment je réagirais si tu me disais que tu as fait l'amour... sans moi... Tu as fait l'amour cette semaine?

– Nous sommes à l'entrée du Parc... Tu n'as pas peur?

– Non. Léo!
Tu ne m'as pas répondu...

– Nous allons traverser le parc tranquillement, nous arriverons à l'entrée de l'autre pont. Nous le traverserons aussi... et nous serons chez moi... Tu veux?

– Oui, Léo.

– Et... j'en serai sûr... je saurai si tu es une fille sérieuse...

– Tu as des doutes?

– Non, c'est toi... . Tu l'as dit... je suis peut-être sérieuse...

– Excuse-moi, Léo...

– Pourquoi?

– Je t'aime...

– Moi aussi, Nati.

– Léo...

– Chut! Nous allons devenir niais!

– ... arrête, Léo!

– Tu ne veux pas?

– Si.

– Alors...

– Pas dans le Parc... Léo...

– Nous ne risquons rien. C'est tranquille...

– Léo, tu es sûr que nous ne ne risquons rien?

– Oui... J'en ai très envie... viens... Nati...

– ... embrasses-moi...

– ...

– Léo!

– Oui...

– Il y a quelqu'un!

– Où?

– Là! derrière nous! Il vient de rentrer dans le parc!

– Comme nous! ... Il nous suit?

– Je ne sais pas. Il vient juste de rentrer...

– Il va de quel côté?

– Á gauche...

– tu vois... Il ne nous suit pas... alors... tu veux bien?

– ...

– ... Tu n'as pas froid?

– Tu as les mains chaudes...

– Nati... tes seins! Ils sont tout frais...

– Léo... ne vas pas trop loin...

– Non. Je descends ma main... là! sur ton petit ventre... tout chaud...

– Léo... ne vas pas trop loin...

– Non... je veux juste voir si tu es toute nue sous ton jean...

– Léo... j'ai mis une petite culotte... Dans le train, je n'aurais jamais pu... avec ce jean moulant... j'avais l'impression d'être nue.

– Tu as essayé?

– Oui. Chez moi! devant la glace! Je ne pouvais pas...

– Ce n'était pas joli?

– Si! mais je n'ai pas l'ego si chatouilleux...

– Tu n'en as pas envie... quand tu te regardes?..

– ... Si... je pense à toi.

– ... Ne bouge pas... je veux aussi voir ta petite culotte.

– Juste voir, Léo!

– Juste voir... Promis! Après... nous continuons.

– ...

– Nati?

– Oui...

– ...

– Léo?

– Oui...

– Nous continuons?

LÉO

– Nati... qu'est-ce qu'il y a? Dès que tu es entrée, j'ai su qu'un truc n'allait pas. Qu'est-ce qui s'est passé?

– Rien! Laure... rien... Nous avons fait l'amour. Tu vois... vraiment... bien... tout... je n'arrête pas d'y penser...
mais... après m'avoir quittée à la gare... Léo a fait l'amour avec son copain... Paulo!

– ... Ils sont homos?

– Non, Laure... Ils font l'amour...

– Ils sont homos.

– Non, Laure... Ils font l'amour!

Léo me caresse. Je suis bien. Nous sommes assis sur le banc... le banc où il a rencontré Paulo... sur le moment, je ne suis pas vraiment étonnée... Un banc... dans un parc public!

– Nati, je savais pourquoi j'étais venu dans le parc. J'avançais... promeneur songeur... avec une vraie peur et une vraie détermination.

– Bonsoir!

– Bonsoir...

– Tu dragues?

– Oui...

Je m'assieds. Paulo me caresse. Je le laisse faire.

– Tu veux rester ici?

– Non.

– Tu sais où aller?

– Oui, chez moi. C'est juste à côté.

Laure, Léo m'a montré l'immeuble... chez son père! Il habitait encore avec lui... La mère de Léo est morte d'un cancer... Il y a longtemps. Léo était tout petit.

Nous montons. Dans la chambre, je panique. Paulo me laisse son adresse.

– Plus tard, Léo a trouvé une chambre, à cinq cents mètres de chez son père. Il venait tout juste d'y aménager quand je l'ai rencontré.

– Ils ont continué de se voir chez Léo?

– Non. Léo est parti faire ses colos. Il n'a rien dit à Paulo... jusqu'à cette soirée qu'il a passé avec lui... après notre deuxième rendez- vous.

Nous faisons le tour du parc. Des mecs draguent, passent... nous souhaitent bonne soirée. Nous sortons par l'autre pont.

Nous faisons l'amour... dormons... et nous faisons encore l'amour.

Léo m'accompagne à la gare... Nous sommes bien... bien tous les deux... Il sourit. Moi aussi.

Nous nous embrassons. Le train part.

Et là... je flipe... la nuit à travers les vitres.

Ce matin, je n'avais qu'une seule idée en tête... te voir! te parler... Laure... je ne sais plus quoi faire.

– ... Un petit thé? Tu veux bien?

– Oui, merci, Laure.

– Lulu grogne... Je l'ai vue hier... Elle pique sa crise... depuis que tu connais ce mec, elle ne te voit plus!

– C'est vrai... mais je ne savais pas comment lui en parler. J'étais tellement heureuse...

– Nati, ne dis pas: j'étais tellement heureuse... Tu as déjà choisi?

– Non, Laure. Je te l'ai dit... je ne sais plus...

– Bon... Léo est homo. D'accord?

– Non! il n'est pas homo! Il insiste bien là-dessus. Il ne se reconnaît pas comme homo. Il a envie de faire l'amour aussi bien avec des hommes qu'avec des femmes... enfin... avec moi... et avec Paulo!

– Léo ne rencontre pas d'autres garçons?

– Je ne sais pas. Il m'a parlé de Paulo. C'est tout!

– Le thé est prêt... Nati... viens... Approche-toi...

– Arrête! Tu aimes les filles? C'est ce que tu vas me dire?

– Ne t'énerves pas, Nati... je t'aime.

– ta provo’... je m'en fiche!

– Nati... ce n'est pas de la provo'... nous nous connaissons depuis des années... nous nous voyons presque tous les jours... Nous pouvons tout nous dire, nous ne pouvons rien nous cacher.
Je t'aime, Nati. Nous n'avons jamais fait l'amour... mais je t'aime... et je ne me lamente pas comme Lulu quand tu me quittes pour aller voir Léo? Non?

– Lulu! ce n'est pas pareil... Elle est seule! toute seule! Elle flippe tout le temps. Elle se trouve moche! trop grosse! La colo n'a pas arrangé les choses. Elle n'en peut plus! Lulu!

– Nati, tu n'en peux plus...

– Où veux-tu en venir?

– Juste te dire que je t'aime... que je ne m'inquiète pas si tu fais l'amour avec Léo... J'improvise, Nati... mais c'est vrai.

– Sauf que toi et moi! nous ne faisons pas l'amour...

– Nous pourrions sûrement. Non?

– Laure, je rêve! génial! j'aimerais que tu me sortes de là... pas que tu me racontes n'importe quoi!

– Tu me déçois, Nati... Moi qui te déclarais mon amour avec tant de fougue et de conviction...

– Arrête, Laure! Tu n'es pas drôle!

– Bon. Là... tu vois... je ne sais plus quoi faire... Quand tu as commencé... j'étais plutôt mal. Je me disais que je ne pourrais pas non plus l'accepter.
Mais... Léo a fait la même chose que toi! Quand tu es partie... il a eu un gros coup de flip! Il est allé voir son meilleur copain...

– Et ils se sont assis! Et ils ont bu du thé! Pour finir... ils ont essayé d'y voir clair! Tout allait bien! Ils en ont profité pour se détendre! Tu te fiches vraiment de moi...

– Je ne me fiche pas de toi... J'essaie de réfléchir avec toi. C'est tout. Tu ne vas pas me faire une scène maintenant...

– Il paraît que c'est courant chez les vieux couples!

– Bon. Tu vois! Tu reconnais l'évidence... Tu sais pourquoi ils se disputent toujours les vieux couples? Les vieux! Nos Vieux...

– Parce qu'ils ressassent toujours les mêmes vieilles histoires! Je ne veux pas être comme eux! Je ne veux plus faire comme eux! Je veux vivre un monde meilleur! différent...

– ... tu tournes en rond... tu veux vivre un monde différent! mais tu ne sais toujours pas si tu peux faire l'amour avec ta plus vieille copine!

– Qu'est-ce que j'aurais de plus? Tous les garçons du lycée nous traiteront de gouines! tu es dingue, Laure! Tu n'es pas bien aujourd'hui!

– Non. C'est toi qui n'es pas bien... Tu l'as dit il y a cinq minutes...

– Laure... j'y vais! Je crois que ce sera mieux.

– Nati...

– Non! Laure... j'y vais... parce que je vais pleurer... et que je n'en peux plus! Laure...

– Nati... reste encoreun petit peu. Laisse passer la crise. Après... tu partiras.

– Laure...

– Si... tu restes. Nati... je t'aime...

LE TRAIN

Une odeur de sang monte au-dessus de Sabra. J'suis écœuré par l'ampleur d'la vengeresse sauvag'rie, sanguinolente et rancunière bouch'rie, Mes voisins d'compartiment, moroses, ont l'regard téloche en rade! ils songent aux vannes d'l'arrivée, la bombe planquée sous la tondeuse à gazon!

Jacques, mon pote, l'barman des Premières Lueurs de l'Aube est très mal... Il a maigri d'quinze kilos...

Une jeune femme s'assied en face de moi. Nerveuse.
J'avais déjà vu c'visage...

– Excusez-moi, auriez-vous une cigarette?

J'sors mon paquet d'Boyard.
Une des sinistres cagoules qui nous entourent s'réveille!

– Ce compartiment est non-fumeur!

Et que j'm'embrouille... les neurones torturés par la tête de manga de c'te nana. Sara, m'en veux pas...

– Avez-vous du feu?

J'lui tends mon briquet; mais, surpris dans mon geste par l'regard noir d'nos tristes co-voyageurs, j'amorce un léger retrait.

La nana m'fait un sourire passager, infiniment amusé.

– Nous pourrions aller dans le couloir...

Je sais pas pourquoi, j'me mets à délirer... J'l'imagine entièr'ment nue sous son p'tit tailleur...

El'sort la première. J'suis maint'nant sûr qu'cela est bien réel...

– J'm'appelle Paul.

– Valentine.

L'court instant d'silence provoqué par l'agenc'ment d'mes souv'nirs est interrompu par une brève question posée malgré moi :

– Connaissez-vous Marie?

– Oui.

Soudain'ment, nous sommes tous les deux sur la défensive...

– Puis-je vous demander de ne pas dire à Marie que nous nous sommes rencontrés dans ce train...

– Valentine... je n'vois plus Marie...

El'm'fait un léger sourire. J'lui rends spontanément. Puis j'détourne fugitiv'ment mon r'gard, débordé par d'trop intimes non-dits difficil'ment r'tenus... et par l'envie irrésistible d'poser mes mains su'l'tissu si fin d'son p'tit tailleur... et là, elle me dit:

– Paul, cet après-midi est beau... Le galop des chevaux électriques est intense... Le voyage sera long... Tu veux un acide?

Nous sommes complèt'ment défoncés. L'paysage défile... L'couloir s'allonge démesurément...

J'm'appuie contre Valentine. El'dit rien ... Juste, el'pose sa main chaude sur mon épaule.

Dans ma cervelle ensorcelée frappent des tambours enragés. Des cris sauvages surgissent mêlés aux terrifiants hurl'ments d'une guitare hallucinée.

J'm'adosse cont'la cloison du compartiment... El'caresse mes ch'veux.

– ... Parle... parle... Dis ce que tu veux... Je suis ton amie... Je ne dirai rien... Paul?

– Sara... Sara prends-moi la main... Où es-tu ?..

Derrière l'guichet d'la Pizzeria, tu souris, une aura verte autour du visage.

J'monte l'escalier. Sur la scène, Magma hurle...

– Paul... tu vas mieux maintenant... Allez... Viens...

– Sara... tu veux bien faire l'amour?

– Paul... tu le sais... ne m'oblige pas à te dire non. Viens... tu peux dormir ici ce soir. Jim rentre seulement demain.

– Sara... my frustration...

Le sexe nu, un homme se penche sur son destin ...

TO MATE

est un petit resto', fourchette de hasard dans une rue à l'écart, guère fréquenté, ni par mes collègues, ni par mes amis. J'y vais rarement, Nati...

Valentine faisait un saut! Histoire de revoir Marie! peut-être! La Belle occasion! Mais elle me téléphone d'abord! ! ! en ce jour anniversaire! ! ! mon vingt-septième été... Affables aléas! et je n'avais pas de bougies! Noir! Bien tassé, le péte illumine la rue. Nous étions faits...

– Tu fumes encore, Léo?

– Oui

– Tu as de quoi?

– Nati, tu veux fumer la drogue du vice?

– Oui... merci, Léo... avec toi... en concerto...

– Tu n'as pas peur?

– Aucunement, Léo...

– Paulo s'appuie sur moi... il s'écroule au milieu du couloir... Léo! imagine la scène! Je suis trop stone... Je crie! ..

Monsieur! Monsieur! ..

Stone la nana! Je suis complètement stone Léo! Je crois que je ne vais rien pouvoir bouffer! J'ai fait trop fort aujourd'hui! Imagine, Léo! Je me retrouve avec Paulo! dans ce train! dans un trip! ! ! J’te dis pas!

La vieille peau sort, l'air sévère... méprisante! Pouh! La tronche!
Ouh! ..
Elle enjambe Paul en haussant les épaules.

Les portes s'ouvrent! Quai numéro deux! J'hallucine!

Stone, les mains sur les yeux, je me mets à hurler!

PAUL!

Ils se précipitent! Tous! À l'escalier souterrain! Dans les couloirs, tout le monde pousse...

Coincée, les pieds devant le visage de Paulo, je sens quelqu'un me tirer en arrière! Il pose ses mains sur mes seins!

Je me retrouve à l'intérieur du compartiment!

Le grand type derrière moi! il me paluche, Léo!

– Valentine pose sa main sur ma main... des larmes jaillissent de ses yeux.

– Léo! Léo! ce fut terrible! stone Léo... trop complètement stone...

Le visage sur mes cuisses, le front en avant... la chaleur humide de ses larmes, de son souffle et de ses lèvres...

Je relève Valentine.

Les garçons se précipitent. Les autres clients se retournent. Certains se lèvent brusquement... Les autres en font progressivement autant.

Le patron me prend précipitamment par les épaules pendant que les deux garçons se chargent de Valentine.

Elle tremble convulsivement.

Nous allons dans la cuisine du resto. Le patron, énervé, téléphone.

– Oui! deux! Oui! restaurant To Mate! Oui! les autres clients sont calmes!

– Après, vous avez fait quoi?

– Discuté avec l'urgentiste...

– Je l'allume?

– Il t'attend avec impatience!

... Léo... j'ai un ami... depuis un an... Nous nous sommes rencontrés le soir du 10 mai! Dans la rue!

Mitterrand! Président! Mitterrand! Président!

Nous sommes allés boire un verre.

Je n'avais envie de rien... Faire l'amour! peut-être... banal... une constatation banale et simple...
J'avais envie de faire l'amour!

Ce matin, je me réveille. Premier jour de congé! Seule...

Je pense à toi... très fort. Tu étais là! J'en ai pleuré... Je voulais être avec toi... faire l'amour... Léo... faire l'amour...

J'ai pris le train.

Arrivée ici, je vais à ton ancienne adresse... rien... Chez ton père... le nom n'est plus sur les boîtes aux lettres...

J'ai marché. Je suis allée partout où nous étions allés.

Un peu perdue, j'arrive sur les quais. Le soleil m'éblouit...

UN MIROIR

... me regarde arriver... un étang, glacé. Suspendue dans le ciel, une boule de cristal... et six livres, dans la vitrine, en glissade libre...

P.Bourdieu, Sociologie de l'Algérie, PUF, 2e éd., 1961.
P.Bourdieu, The Algerians, Beacon Press, 1962.
P.Bourdieu, A.Sayad, Le Déracinement, Editions de Minuit, 1964.
P.Bourdieu, A. Darbel, J.-P. Rivet, J.-C. Chamboredon, Travail et Travailleurs en Algérie, Mouton, 1964.
P.Bourdieu, Algérie 60, Editions de Minuit, 1977.
P.Bourdieu, Ce que parler veut dire. Fayard, 1982.

Ces institutions étaient dangereuses avant moi, elles le seront après moi.
Pour le moment, je m'en accommode.

François Mitterand, première conférence de presse à l’Elysée, Le Monde, 26 septembre 1981.

– Nati! qu'est-ce que tu fais-là?

– Léo...

– ...

– Je veux faire l'amour avec toi.

– ...

– Léo,

MON AMOUR,

il faut que j'écrive cette lettre sans plus contrôler ce qu'il me vient de te dire. Je dois en rester là...

Je me sens complètement incapable de te suivre dans ce que je n'appellerai pas tes délires.
Je n'y arriverai pas.

Je n'arriverai pas à accepter ton amour pour Paul.

Mon amour... pour moi... accepte d'en rester là... maintenant...

"Il en a toujours été ainsi: l'amour ne découvre ses profondeurs qu'à l'heure des adieux... "

Je t'embrasse... Mon amour...

Nati

– Tu vois encore Paul?

– Oui.

– Tu me le présenteras?

– Oui, il est revenu...

– Il était parti?

– Oui... Moi aussi... mon père aussi... avec son amie.

– Mon ami voyage beaucoup... lui aussi! J'en ai marre, Léo!
J'en ai marre... J'ai l'impression qu'il ne se passe plus rien... J'arrive chez lui! C'est bien! Il est content!
Mais tout ce temps... qui nous sépare en permanence... il nous grignote. J'ai envie d'autres choses... Á vingt-six ans... voir passer le temps aussi vite... tout ce temps, Léo! Ce matin, c'était trop fort... Tu es sûr que tu veux bien?

– J'en suis sûr, Nati.

– Léo... avant... j'aimerais bien boire un verre... et manger un sandwich...

– au fastfood, rue de l'Amour?

– Rue de l'Amour... Il y est toujours... j'y suis passée tout à l'heure!

– Léo, tu as flashé sur ma nouvelle vitrine?

– Superbe! Sabine... Beacon Press! Au petit jeu des initiales, tu peux aller loin! British Petroleum! Passons... J'aimerais bien The Algerians...

– Alors là! Là! il va falloir que tu sois très! très gentil! avec moi...

– Sabine, ne le dis pas devant Nati... Elle va s'imaginer des trucs! Attention, Nati! je vais être gentil avec Sabine!

– Merci, Léo... que tout roule pour vous! Au revoir, Nati! Enchantée de te connaître! Salut, Léo...

UN SOIR

Julia... je ne sais si je peux te raconter cette histoire...

– Léo... tu préfères en faire un roman?

– Á l'Auberge Espagnole! c'est plus facile Julia! Je bricole!

– Tu es mythomane, Léo.

– Non... J'essaie de survivre! OK!

J'erre dans les rues... Nguyên Van Thiêu vient de démissionner... Sur le Cour, je me retrouve face à face avec Jenny, une copine de Marie! of Frisco! Violinist! Money... showbiz! Mobilize against the war! Get Out of Viet Nam! Youth Peace Walk! World is beautiful! it's great day! Cool! she invites me...

Jenny rented a villa at the top of the city, in the pine forest.... very, very cool! Swimming pool, B&O! Teck & Goa Design! ! !

Valentine arrive juste après moi. Marie fait les présentations...

– Valentine... attention! une jeune mariée!
et... Léo! poète!

Valentine sourit de ses yeux bridés... Magnifique!

Je joue l'indifférent... sourire contenu, je commence à glisser...

Valentine se retourne. Devant le porte-manteau, elle retire sa veste en fausse panthère...

Sourire...

Sourire...

Hem... jupe longue en soie écrue, boléro assorti, discrètement décolleté; sous une tunique de mailles fines et dorées, je devine ses petits seins.

Sourire...

Sourire... ...

Elle retire ses chaussures...

– Je fais le tour! Á tout à l'heure, Léo!

– OK! Valentine...

Légère, elle promène ses petits pieds nus...

Le bar est bien pourvu.
La soirée dérive en compositions de cocktails explosifs et inédits.

Sabine, en visite chez Marie, passe quelques jours de vacances...
Chef de labo, elle briefe sa Colonne Durutti.

Valentine est très douée. Au zéphyr de ses petits airs de Lolita en plein délire éthylique, l'envie me prend!

Déchirer ses légers vêtements! la pénétrer avec sauvagerie! ..

– Léo... tu arranges!

– Non, Julia! De vieux restes! L'école primaire...

Rome! ..Blandine ligotée au poteau! ses longs cheveux blonds... son visage... confiant! le regard! amoureux! Dieu la regarde! ! ! Elle offre son corps... nu sous sa tunique blanche... Les lions la dévorent! ! !

Je pose mes mains sur ses épaules, ses hanches très chaudes, sous la douceur de la soie...

Rieuse, Valentine ne se retire pas.

Elle lape ses cocktails en riant...

Plus la soirée avance, plus la petite chatte m'excite... Je délire... J'improvise... Henry à Clichy! Du lyrisme le plus total à l'appréhension la plus brutale des choses! ... entre deux scènes de culs...

Mon délire verbal amuse Valentine. Le plus gentiment du monde, je m'assieds à côté d'elle.
Je chancelle. Vaguement, j'y parviens! Sauf mon honneur d'ivrogne!
Mon visage choit sur sa cuisse droite. Elle relève la gauche...

– Léo, regarde, le fils du poète suisse! Allan! assis de l'autre côté! Il nous mate!

Elle pose le talon de son joli petit pied nu au bord du canapé.
Sa jupe glisse le long de sa cheville.

Sans retenue, ma main se faufile le long de sa jambe avec insistance et rapidité, l'index et le majeur sur sa petite culotte... le pouce sur le pubis!

Elle se penche en avant.

Lentement... mes doigts se glissent entre la peau et l'élastique... sur ses lèvres... nues! épilées...

Mes yeux se ferment un court instant...

Allan se lève, manipule le variateur... La nuit tombe.

... Á la fenêtre étincelle la pleine lune...

– Aide-moi, je te veux nue sous ta jupe!

Valentine se cambre légèrement.

Je tire brusquement sa culotte jusqu'au bout de ses pieds.
Je la jette sous le canapé.

Je me lève et me précipite au milieu de la pièce.

Make Love! No War! No Money!
Triste Avenir!
Guerriers! Il faut rentrer!
Délires déchaînés! Rythmes frénétiques! Rifs implacables!
Rossignols d'une nuit d'été!
Aux abris!
Doux jardins mystérieusement animés,
Écoutez! ! !
Dans le lointain, de longs bourdons!
Dans leurs soutes... le Capital! Vengeur!
Éclatements enchevêtrés de béton armé,
étages de vitres implosées,
intimes secrets explosés...
Reîtres... qui foulez Nos êtres... Vous ne reculez devant rien!

Aujourd'hui ou demain, ici ou ailleurs! là où!
Aimables constitutions... Démocrates fervents,
Centrales nucléaires indestructibles... rêvent...
de planches à billets!
Approche, approche, approche, approche, approche... approche,
Le silence!
Une téloche épargnée, haut-parleurs crevés
diffuse, ahurie,
de sauvages images...
Caramba! Septiembre!
MY LOVE!
Trop réelle pour que je la nomme, vous ne l’épinglerez pas
dans vos collections d'insectes, fourmis martyres brûlées à loisir
en de sadiques après-midis... excessivement longs.
Laissez cette Femme! Elle vit! Vous-dis-je!
Ne tentez pas de l'accrocher à vos potentiels délires!

Valentine applaudit, se lève joyeusement et me saute dans les bras.

– Jenny, rallume les lumières! Allan, sors un vinyl! Je vous demande, please, Maestro, sur le champ, un slow magnifique et bien ringard! When A Man Loves A Woman! Muchas gracias! Danke sehr! Sound of Music! Funny Valentine! My Favorite Thing! ..

Je plaque Valentine contre moi. Elle ne s'écarte pas... Je me regarde dans son infini sourire passager.

Mains en vol plané, mes doigts remontent contre son ventre, chaude douceur sous la soie du boléro.

Paume entre mes cuisses, l'index en rappel sur ma fermeture Éclair, Valentine descend ma braguette.

Les autres suivent le mouvement.

Tendre, Allan fait son petit suisse. Timide, il approche Jenny.

Il renverse la bouteille de jus de tomate!

– Shit!

– Gilou, ne bondis pas! Ne fais pas croire que tu parles anglais! Sous de paresseuses allures, Jenny est polyglotte! Cool! Elle adore! Mais elle ne le fait pas savoir!

Lucas, lève le nez de la HIFI! Roule un joint! Ne nie pas l'évidence! La chute de cette sacrée bouteille fait crime au salon! Merde! une enquête! Sabine et Marie sont parties! Bonsoir, poivrots!

– Elles vont très bien, Léo...

Satisfaite de la confusion provoquée par cette phrase énigmatique au doux accent birkinien, Jenny m'adresse un petit signe du pouce! Cool!

La tête du Gilou!

Je souris.

– Qu'est-ce qui t'arrive?

– Valentine... je songe à une amie que j'aime beaucoup.

Elle serre légèrement sa main autour de mon poignet puis elle en amplifie la pression. Je me baisse et dépose un baiser rapide sur ses doigts petits et fins. Ses veines chaudes et légèrement gonflées courent sous la peau.

Jenny et Allan essuient le jus de tomate. Ils se sourient, rassurés par la propreté du plancher vierge de toute trace du crime.

Gilou & Lucas, Joint-Venture, attentivement penchés l'un vers l'autre, actionnent! Briquet! Leds! Vert! Rouge! Orange! Potards...

Slowly! boys and girls! slowly! sex pistols... Full bollocks... so young... animal lover...

Tonight’s The Night...

Sur le tablier de la cheminée en marbre rose, une très jeune femme, silencieuse, longs cheveux noirs aux mèches légèrement bouclées sur les épaules, bras gauche levé, aisselle d'une indescriptible tendresse offerte au souffle du vent, - voile, brume légère, translucide caresse -, seins nus, menus et ronds, ventre arrondi, nombril et pubis à peine perceptible qui laisse deviner ses lèvres, observe la scène.

Miroir de nos désirs, reflets indiscrets, pensées perdues pour tous ceux qui, à l'abri des regards, se réfugient dans les pénombres les plus profondes d'une chambre close... enflamme tant leur regard voyeur, qu'ils tolèrent, qu'enfin, éclatent publiquement les folies inextricables de nos corps mêlés!
Mais... tout cela peut-il être envisagé?... Amour! à jamais figé dans le bronze...

Quelle soirée Julia!

Préliminaires bien avancés, sous de sinistres sunlights, vibrent alors, horribles! , les cochonnes cruautés de coincés incivils! Non! Saved!
Nos mépris disparaissent... La soirée commence...

MAL BARRÉ

Paulo entre. Il m'embrasse, distrait! Sur le mur de ma chambre, sous un verre, une photo, un portrait en buste, Valentine, nue de la tête au nombril, les cheveux très courts, sourit.

– Putain... la mouillette! ! ! Gironde ta c'risette! ! ! Léo... c'est qui c'te super p'tite nana? El'te broute l'panais?

– Tu rêves, Paulo! trouvée entre deux pages d'un bouquin à cinq balles! Une inconnue... une fille d'Annam ramassée aux Puces... avec Ovide! Ovide? l'Art d'aimer! Tu connais? Les meilleures recettes pour draguer les nanas au cinoche! Elles viennent pour voir, elles viennent surtout pour être vues!

C'est là que vient échouer l'innocente pudeur.

Ne souffre pas surtout que, sans toi, elle se montre au théâtre dans tout l'éclat de sa beauté. Là, ses épaules nues t'offriront un spectacle charmant. Là, tu pourras la contempler, l'admirer à loisir; là, tu pourras lui parler du geste et du regard. Applaudis l'acteur qui représente une jeune fille; applaudis encore plus celui qui joua le rôle de l'amant. Se lève-t-elle, lève-toi; tant qu'elle est assise, reste assis, et sache perdre ton temps au gré de son caprice. Si, par un hasard assez commun, un grain de poussière volait sur le sein de ta belle, enlève-le d'un doigt léger; s'il n'y a rien, ôte-le toujours : tout doit servir de prétexte à tes soins officieux. Le pan de sa robe traîne-t-il à terre ? relève-le, et fais en sorte que rien ne le puisse salir. Déjà, pour prix de ta complaisance, peut-être t'accordera-t-elle la faveur d'apercevoir sa jambe.

Paulo gamberge... il fait sa gueule de soucilleux!

Je sors le livre de ma bibliothèque.

En haut de la couverture, deux angelots nus tiennent une couronne de fleurs tressées aux Gloires d'Autrefois. En bas, un encrier de bureau avec une plume reposent sur des feuilles enroulées entre deux rameaux.

Regarde... Paulo... sur la première page... ce qui est écrit...

Doux oreiller de mes volages amours!
Tes souvenirs les plus intenses
vomissent les putrides émanations de la terreur...

– Je suis sûr d'avoir déjà vu cette fille avec Belle...

– Impossible, Paulo! T'es qu'un jaloux parano!

Brutal, le mensonge! Julia! Je reconnais! Mais... avec Paulo... à ce moment-là... c'était la seule chose à faire!

JEAN

assis sur son tabouret, face à son chevalet, me regarde sourire...

Aigrettes au vent sous les platanes dorés, des fleurs de pissenlit en vacances légères et heureuses, volètent dans les éclats d'eau et de soleil qui pétillent dans la mousse verte des fontaines, sur ma peau, si fraîche... Anna... sur ma peau... si fraîche...

– Bonjour!

– Bonjour! Dis, pourquoi tu as peint tout ce bleu-là, d'un seul coup?

– Tu n'as pas vu? Dépêche-toi! Regarde! Là-bas! Ils sont encore là!

– Qui?

– Regarde, ils passent vers la Fontaine!

– Le groupe de touristes?

– Oui. Regarde! Ils sont tous en jeans! Je peins le Cour et Paf! Ils passent! Je flashe! Tout ce bleu... Alors tu vois! Je fais tous ces coups de pinceau verticaux!

Jean, sans bouger de son tabouret, essaie d'attraper un tableau dans un empilage vertical de quatre toiles.

– Tu ne veux pas me donner le dernier, au fond? Je tiens les autres...

– Oui... voilà!

– Regarde...

– C'est une deux-chevaux!

– Oui! Une deuche...

Á fond dans le croisement! Devant le marché... en arrière-plan...

Tu vis, tac! Tout va! Tu peins... tranquille...

Vraoum! Sur trois roues! Premier plan... décollage!

Toc! T'es mort! Tu as traversé la vie à fond les balais! Tu ne sais pas pourquoi! Faut vivre! Allez, allez, allez, faut vivre! faut courir!

Flash! Photo!

Stop! Fini! Irrémédiable... Retour arrière HS! Flash-back verboten! Tu gagnes ta place en enfer... Tu comprends?

– Oui, je comprends. Une fois, j'ai eu un petit chat, Diabolo. Je jouais avec lui dans la rue.

Tout d'un coup, il fait un grand saut de côté. Un tank passe.

Il n'y avait même pas de sang. Diabolo était juste immobile.

– Maman...

– Valentine... le petit chat est mort... Il a été attrapé par la roue, juste au niveau du museau.

– C'est arrivé si vite. Comme t'as dit. Paf! Fini! Fini pour de vrai! Rien! Plus rien...

– Tu t'appelles comment?

– Valentine.

– Ouh! Ce n'est pas courant comme prénom. C'est joli... Valentine... Moi, c'est pas aussi rare... Jean.

– Jean... ouiche. Y'en a des tas de Jean. Tu as raison. Mon oncle s'appelle Jean... Dans ma classe, il y en a deux... Plus! un Jean- Pierre! un Jean-Marie et un Jean-Michel! et aussi un Jean-Yves!

– Tu es dans quelle classe?

– Quatrième. Mais pour cinq jours encore! En septembre, je passe en troisième! Et toi! Tu fais quoi? Tu peins! C'est tout?

– C'est tout... C'est tout!

C'est tout? C'est tout? C'est tout? Et vous vivez de Ça? Le cadre! Là! C'est combien! Eh! Le cadre! Là! Oui! çui-là!

– Tu es vexé?

– Non... mais ne deviens pas comme eux. Peut-être, un jour, toi aussi, tu seras peintre... Peuchère! Ouais que j'en vis! Ils ne sont pas possibles! Ils ne s'imaginent même pas que je peux en vivre.Tu veux que je te dise?.. S'il n'y avait pas Ça, je serais mort!

– Et tu l'as appris?

– Oui un peu. Non! Difficile à expliquer... Tu vois, c'est comme toi! Nous discutons tous les deux... Tout à l'heure, tu vas rentrer chez toi... tu vas te dire... Tiens! Je vais faire comme Jean! Je peins mon petit chat!

– Mais... je ne sais pas! Je n'ai rien! Pas de pinceaux. Enfin si! Deux! Pour le cours de dessin! et une boîte de gouaches!

– En cherchant bien, tu as aussi sûrement un peu de Canson, un crayon, une gomme et d'autres trucs!

– Des bouts d'éponges! Jean! Nous avons fait une peinture avec des bouts d'éponges! Splacht! Splacht! Oh lala! l'éclate! Il y en avait partout! ..Il fallait faire vite! Comme toi! La prof, elle a dit:

Ne réfléchissez pas, allez-y. Il faut que Ça sorte!

– Elle n'a ni tout à fait raison, ni tout à fait tort. Il faut que Ça sorte. Tu as déjà vu un grand pianiste en concert?

– Oui... Martha Argerich...

– Rappelle-toi bien...

… Après les applaudissements... elle s'assied devant le piano... elle pose ses mains un court instant dans le vide, au dessus du clavier... Elle place ses doigts devant les touches.
Dans le silence de la salle, elle attaque la première note.

Tu vois... tu réfléchis bien avant. Tu es totalement concentrée, et paf! Ça sort! Ça sort parce que, pendant des mois, des années, tu as répété, tu as jeté des traits sur le papier, et ton geste, il part! Tu connais Pollock?

– Non... C'est qui?

– Un peintre américain.

Il mettait tout dans le geste. Furieux! L'instant qui passe! Tac! c'est fait. C'est fini en même temps que c'est fait! Action!

Tu sais comment il est mort?

– Non.

– ... ivre... dans un accident de bagnole... Un rebelle! OK! Very good! tatatatatatatatatatatata! Unknown soldier! Tu as déjà entendu un bruit d'accident?

– Non.

– Terrible. Tu l'entends à deux, trois cents mètres au moins!

Les freins, le klaxon, les taules! comme une espèce d'explosion...

C'est fini. Des ferrailles fracassées... immobiles! deux morts!

– C'est ma plus grande angoisse... mourir dans un accident... Bon... Stop! tu es la seule personne avec qui j'ai eu une conversation censée aujourd'hui.

– Tu pourrais m'apprendre à peindre?

– Oui, je suis là pour faire ma pub! Prends le tract jaune! Là! Il y en a toute une pile! Je vends ma soupe! Tu en parles à tes parents! Je donne des cours! Faut bien bouffer! Alors si tu veux... tu viens!
Tu es cool... Inscris-toi en fin de matinée! Avec tes sous, nous achèterons des pizzas! Nous les boufferons ensemble... T'es d'acc'?

– Je demanderai à mes parents. C'est loin, chez toi?

– Non. Regarde! L'adresse... le tél... les heures... tout quoi!

– Bon! Merci! J'y vais! Au moins une heure que je traînasse... Il faut que je rentre. Salut, Jean! Á bientôt!

Anna, tous ces souvenirs me rendent mélancolique... Parfois, je me dis que nous aurions pu vivre encore longtemps de cette façon, avoir des enfants... . Mais depuis plusieurs années déjà, nous fréquentions les clubs échangistes et j'avais déjà trente six ans quand nous avons commencé à vivre en trio avec Paul.

AUX ENFANTS D'APHRODITE

Paul entre dans le hall de gare, un peu abasourdi, dans cet état si particulier de tous ceux qui terminent un voyage un peu long.

Perdu dans la foule, il cherche Jean, son seul repère...

Sans aucun choix possible, son regard croise brusquement le mien... Il me reconnait immédiatement. Il me fait un sourire totalement incontrôlé. Il avance sans réfléchir...

Nous nous enlaçons tous les trois au milieu de la foule.

Au resto', Jean ne se formalise plus de mon ironique indifférence envers cette étiquette que les étrangers attribuent volontiers au savoir-vivre des Français, dès lors qu'ils les imaginent autour d'une table bien dressée.

La carte consultée, il choisit un vin avec Paul.

– Valentine?

– Valentine! Coca! In! Vous comprenez? Le retour... Merci!

Le garçon me sert le coca dans un grand glass.
Il leur présente la rouille. Excellente, la reniflette!

– Nous sombrons tous dans ce mépris facile de l'autre dès lors que nous le sentons prêt à se rendre... Un langage de soudard! Je dirais plutôt... prêt à s'offrir... Nous sommes tellement éduqués à ne donner notre corps qu'en cas exceptionnels d'amour sans faille, que l'offrir uniquement par pur plaisir n'est que blasphème méprisable...
Une femme devient, pardonnez ma vulgarité... une petite pute! une adorable salope...
L'homme?... Inimaginable! Oh! Trompettes de la Renommée! Murs de Jéricho! sauvages massacres de l'être! Ce soir... faisons fi de ces détestables conventions, sésames sordides des biens seyantes braguettes...

Vous pouvez nous servir, s'il vous plaît...

Levons notre verre! Buvons! Á nos amours triangulaires, trinquons!

Ce vin nous conviendra parfaitement... Nous vous en remercions...

Soudainement devenu autiste... le garçon se retourne.

Photo!

Á la fin du repas, Jean nous souhaite une bonne soirée.

Á très bientôt mes amours... J'ai rendez-vous Aux Enfants d'Aphrodite...

– Anna! Valentine! Encore une bière?

– Merci, Georges. Tu es bon!

– Un coca pour moi... s'il te plaît...

Angoisses mélancoliques et indicibles jubilations nous conduisent, trop lentement, presque à contrecœur, aux chemins de ma chambre.
Sans faire aucun commentaire, Paul regarde longuement la boule noire posée sous un globe...

Je le sens très gêné... hanté... de la brise au rideau... Debout derrière lui, je ne vaux guère mieux.
Je ferme la fenêtre...
Je pense à ma mère, plutôt austère, protestante pratiquante, si profondément chrétienne...

– Jean... s'il... vous plaît... asseyez-vous... Thu Thi! refuserons-nous, injustement, d'accorder la main de notre Fille, Valentine, à notre Fils, Jean... ?

– Roger, il est indéniable que l'Amour unit Jean et Valentine... Personne ne peut s'y opposer.

Mon père admire le français parfaitement académique de ma mère. La légende dit que si jolies sont les filles de Lang Son, qu'en statue elles changent l'étranger...

– Valentine... Paul fait un très joli éphèbe...

– Ouh! Anna... je vais trop rire... Chut! ..

Dans les jours qui suivent, Paul se rend compte à quel point son banal commerce des vaps et des clubs, arrangements convenus et faciles, lui conviennent trop parfaitement et le confortent viscéralement, malgré toutes ses idées révolutionnaires, dans un cocon fondamentalement traditionaliste. Il paie. Il entre. Il prend son pied. Il repart.
Il n'a pas encore réussi à lier son combat contre l'oppressante omniprésence du Capital à la misère de sa propre vie sexuelle, mensonge aliénant de tabous imposés par des privilégiés auto-déclarés, libres délinquants de luxe en état d'anomie protégée et permanente.
Anna... Je n'arrive plus à penser autrement... Les Cercles encerclent. Tout le monde le sait. Même les plus nuls en maths.

Un matin, style la gamine bien réveillée, douchée, la peau toute fraîche, je m'allonge, nue sur le tapis, au pied du lit.

Anna, ce n'était pas de la provo'! J'avais déjà trente ans passés... Il fallait que j'assure! Tu comprends... avec ma tête de poupée... le reste doit suivre! Et j'aime trop les pédés!

– ...

– Non! Chut! ..

Vautré au milieu des draps, Paul, encore un peu endormi, regarde mon petit cul...

– Paulo, j'ai vu ton regard... tu le veux mon petit cul? hein? dis-moi? tu le veux! ... douceur de la pêche prise au moment de sa presque parfaite maturation, qui s'enfonce doucement en résistant légèrement sous le doigt

– ... je n'sais pas, Valentine. Prendre ou être pris, j'suis bloqué.

Une poupée de porcelaine, ce n'est pas ce qu'il te faut! Ne fais pas la chochotte... Jean m'a tout expliqué à notre troisième rancart! Au premier, nous nous sommes branlés! au second, sucés... au troisième... au troisième? Je t'aime, Paulo.

– moi non plus ... Valentine... tu fermentes du couvercle! T'as une jolie rosette... mais j'suis pas touche-caca! J'crains l'colombin!

Bien... Je m'agenouille, les yeux plongés dans les siens...

Il se penche au bord du lit. Je le fais tomber en riant.

– Allez! Pose-les, tes mains... Ouh! Tu bandes! tu bandes! tu bandes! Tu vois bien que tu l'aimes mon petit cul! mon petit cul! ! mon petit cul! ! ! Allez Chevalier! ! ! C'est par-là! L'entrée des artistes!

Neuf années passent ainsi...
Paul me suit dans tous mes désirs. Je ne céde jamais.
Je l'aime, je pars, je reviens. Je mène ma vie. Paul tente de trouver la sienne. Malgré tous ses blocages et sa jalousie maladive, il finit par l'admettre: je reviens, je l'aime, je pars.

Á la fin de ces neuf années, en un grisâtre milieu d'après-midi de congé, nous faisons l'amour...

– Valentine... je crois que je me sens excessivement attiré par les très jeunes femmes.

– Paulo... suis-je encore une jeune femme?

– Oui.

Le tam tam du vent me dit que tu mens! Tu te rappelles, quand tu étais ado?

– Oui.

– J'annonce mon mariage à ma meilleure copine du lycée...

– ... Lily... je vais me marier avec Jean...

– Valentine, il a vingt-sept ans! il est aussi vieux que mon cousin!

– Elle était dégoûtée et révoltée... Paulo... j'ai déjà quarante-cinq ans... Dans quinze ans... auras-tu encore envie de me toucher? Serai-je encore une très jeune femme?

– Arrête, Valentine... je t'aime...

– moi non plus... Paulo.

Oh Ça alors... Ça... J'y croyais plus...

Anna, c'est à ce moment là que j'ai repris contact avec vous...

LE VERTIGE

Tongtong! tong tong! tong tong! tong tong! tong tong!
Hully-Gully! Tong tong! tong tong! tong tong! tong tong! tongtong!
Tongtong! tong tong! tong tong! tong tong! tong tong!
tata ta ta! ta ta ta ta! ta tan tan tan! ta tan tan tan!

Ouah! C'est pas possible! Il faut que je bouge!

Tongtong! tong tong!

Non mais, je ne vais pas y arriver, je ne vais pas y arriver!

Tatan tan tan!

Pfouh! J'ai quand même réussi à descendre du tabouret! Ce que je tiens... pas de répit!

Tatan tan tan! ta tan tan tan!

Il faut que je me bouge!

Tatan tatan! tatan tatan!

Encore un mètre! Dans la lumière noire! Ouh! Comme elle balance! Super! Super! J'y suis! Tu y'es gars! Tu y'es! ! Ho lala! Ce que je tiens! Ce que je tiens! et... tittit tit tittittit! Ferme pas les yeux! Ferme surtout pas les yeux!

Togtododung! Dungdung! Dungdung Dungdung Togtododung! Togtododung! Dungdung! Dungdung ! Tong zwi tong! tong zwitong!

Elle balance! ! ! Non! Non! Ne la touche pas! Ouh! Elle se rapproche! Elle se rapproche!

Zwi zxwi tong!

– Je m'appelle Anna!

Zwizwi tong!

– ... ?

Tzaoutong tong!

– ANNA! ! !

Tzaoutong tong!

– GEORGES ! ! !

Tzaoutong tong! Tongtong tong! Tong tong tong! Tongtong tong! Tong tong tong!

– Allez! Allez! Allez! C'est parti! Dance! Dance Giorgo! Dance! Attention! Attention! Derrière!

– Houla, il y a du monde!

– GEORGES! ! ! TU PRENDS UN VERRE?

– Non! Non! pas maintenant! Il faut que je bouge Anna! Danse! Danse Anna!

Togtogdung! Togtogdung! Togtogdung! Togtogdung! Togtogdung! Togtogdung!

– Anna! ! ! Hou...

– J'ai soif! Georges! j'ai soif!

– Viens! Aux toilettes! Je veux boire de l'eau!

et là, tu vois, Paul, je lui prends la main. Nous traversons la piste.

Anna se penche au dessus du lavabo, le visage sous le robinet.

Nous glissons tous les deux, agrippés au lavabo. L'eau coule, l'eau bien fraîche! qui gicle partout!

– C'est bon! c'est bon...

– Non... regarde... Nous sommes trempés.

J'arrache une serviette en papier. Je lui donne. J'en arrache une autre. Nous nous essuyons. J'en arrache encore une autre. J'essuie le lavabo. Je lui donne ma serviette. J'essuie encore tout avec les serviettes. Je les jette dans la poubelle.

Plaf!

Nous sortons de la boîte. Il fait froid sous les lumières blafardes du parking... fin août!

– Là-bas! la Mercedes!

– Blanche?

– Non! La grise! Á côté! Et toi?

– Là-bas! Titine! La Fiesta métallisée!

– Tu peux conduire?

– Oui.

– Moi... je ne sais pas trop... dans un petit moment... peut-être... Je ne suis pas encore en place.

– Laisse tomber, je te ramène.

– Non, j'ai besoin de ma voiture demain matin.

– Il est quatre heures!

– Oui, je sais... J'ai rendez-vous dans sept heures!

– Un dimanche matin?

– Ouais! Un dimanche matin...

– Et tu le savais avant de venir?

– Oui... mais je pensais rentrer tôt. Juste histoire de faire un tour... Mon fils m'attend... demain...

– Tu es marié?

– Non, veuf...

– Excuse-moi...

– Ce n'est pas une maladie incurable...

– ...

– C'est ma femme qui l'a eue...

– Cancer?

– Oui.

– Il y a longtemps?

– Notre fils avait trois ans...

– ...

– Dis-moi... la musique?.. quand je suis arrivé sur la piste!

– Là! Tu as de la chance! Je sais ce que c'est... un pur hasard!

– Tu crois?

– Non. Il n'y a pas de hasard... Tu vas pouvoir écouter tout l'album.

– Alors, c'est quoi?

– Attends... Assieds-toi...

– Merci, Anna.

– ... Marco Repetto, Martin et Stephan Eicher... Grauzone.

– Stephan Eicher?

– Oui. Stephan Eicher.

– Tu écoutes beaucoup de musique?

– Oui, beaucoup... en tout genre.

– Moi aussi.

– J'ai froid. Je vais mettre un petit coup de chauffage. Regarde toute cette humidité! Je n'en peux plus! Je n'en peux plus ce pays pourri!

– Moi aussi, j'ai du mal. Le boulot passe bien... mais ce froid... même en été! le soir... cette humidité... pfou...

– Tu viens du sud-ouest?!

– Oui...

– Oui... Moi aussi.

– J'avais l'impression... Je n'en étais pas certain... Parfois, ça sonne comme si tu venais du sud-est... Ne t'en fais pas... Nous finirons bien par redescendre.

– Tu y crois?

– Pour moi, j'en suis sûr. Je fais tout pour.

– Moi, je ne sais pas... Ils n'ont pas l'air de vouloir me lâcher. Je parle allemand, anglais, russe et... polonais.

– Polonais?

– Oui... mes grands-parents maternels!

– Immigrés dans le sud-ouest?

– Non, le sud-est..

– Ah, tu vois... j'avais bien entendu!

– Tu as une très bonne oreille, Georges... Mon grand-père, polonais était mineur... employé de la Société des charbonnages du Midi... ma mère a épousé un gars du sud-ouest encaserné à Orange. Et moi... j'ai fait la fac à Toulouse Mirail !

– Quand?

– J'y suis entrée en soixante et onze... jusqu'en soixante-seize... soixante-dix-sept...

– Á ce moment-là... j'étais au Tchad... avec Galopin! Putain! ... excuse-moi... ce n'est pas ce que j'ai vécu de mieux dans la vie!

ANNA

– a la petite cinquantaine... Paulo... c'est vraiment une approximation... Bon... Elle a deux ans de plus que toi! Style! melting-pot passe partout bourgeois et vague esthétique Katmandou-Bangkok!

– J'vois l'colis!

– Anna voyage beaucoup! et... Georges est un gros sexagénaire bien avancé!

– Pfouh... non! C'est pas possible... d'la viande à violon!

– Tout juste dix ans de plus que Jean... En bonne santé le Georges! bedonnant, bon vivant! un peu chauve... d'accord! et sans aucune sorte d'originalité extérieure! pépère tranquille! Il a une petite fille! canon ! Si!

– Non, Valentine! C'est pas possible... des vieilles noix! Non!

– Paulo... tu es bourré d'idées préconçues... Je te dis... Ils sont cool... Tu verras! Ils ont traîné partout sur la planète... Ils ont vu le monde... Ils le savent et se méfient des enracinés.

– Mais... ils sont quand même bien un peu d'ici?
– Ils ont l'accent!
– Lui! c'est sûr.
– Elle... je sais pas...
– Si! Sa mère! Á elle! Elle a été mariée avec un gars du coin!
– ...
– Si! Je t'assure! Tu te rappelles...
– La Polonaise!
– Voilà! Tu vois...
– Je les avais complètement oubliés!
– Jérôme... Pas une fille du coin ne lui allait...
– Vu ce qu'il a fait de sa vie...
– C'était aussi bien...
– En tout cas, sa fille, elle s'en tire bien!
– Tu as vu leur bagnole!
– Ouais... Bon... y'a mieux...
– Il paraît qu'ils sont copains avec Mitterrand...
– T'y crois, toi?

Paulo! Un couple cool!

Georges et Anna participent aux banquets de la Mairie! Ils dansent rocks, slows, valses et paso-doble jusqu'à la fin des bals du quatorze juillet! et de la fête locale!

Georges fréquente! mais sans plus... un des bars de la place! parfois accompagné d'Anna...

Ils parlent avec le Maire! disent bonjour au Curé! Ils ont toujours quelques mots à dire à ceux qu'ils croisent dans la rue.

Des bons étrangers... Paulo! ils ne le font pas exprès! C'est tout! Ils n'ont ni chien ni chat! Leur voiture, neuve, banale, blanche, coûte tout de même assez cher... C'est à peu près tout ce que les commères peuvent se mettre sous la langue! Paulo... je ne vais pas te présenter, ni des abrutis, ni des gratteurs... ! Avec eux, pas d'embrouilles! Ils sont un peu bourges... OK! Peut-être un peu bouffés par des mauvaises fréquentations...

– C'est quoi? leurs mauvaises fréquentations...

– Des barbouzes!

– T'es sérieuse? Ils en sont?

– Oui... si tu regardes bien les choses en face... mais je ne sais pas... tu ne veux pas me faire confiance, une fois de plus?

– Valentine... c'est pas une question d'confiance.

– Leur villa... invisible depuis la départementale! n'a pas de clôture. Tu entres... et là! derrière une haie... après avoir suivi un petit chemin bordé d'arbres... un petit paradis...

– Les barbouzes bien él'vés fréquentent pas les taudis... Ils envoient la troupe!

– Bon... c'est l'heure! Arrête de râler... Georges et Anna ne sont pas des rats... Nous avons rendez-vous dans la brasserie la plus...

– bourge du Centre... Ils ont de très bonnes ma...

– ... bières... Tu as tout pigé, Paulo!

– Ouais... j'vois! Tu conduiras au retour?

– Pour cette fois! OK ! je m'y colle... Tu signes?

– Valentine... j'te remercie... avec deux ou trois méga-chopes dans l'estomac... j'me sentirai mieux! aux gogues !

– Paulo... stratégie! aux toilettes! Tu connais le mot?

– quatre étoiles! avec un miroir en face d'la cuvette!

– Bravo! Bon! avec l'âge... tu vas finir par tout piger...

– Je sais pas c'que tu veux dire exactement... mais j'ai pigé un truc! même cool! un bourge! il n'oublie jamais ses intérêts! et Nous! Nous n'avons pas les mêmes... Leur monde Nous débecte!

– Paulo, tu es dogmatique.

– Non, Valentine...

EXPLOITÉ

– Paul, enchanté de vous rencontrer... Nous pouvons... nous tutoyer... si vous voulez...

– enfin revenus... dans ce pays de mon enfance, après des années passées sous la pluie... la villa nous parut un peu chère... mais bon! tendre insouciance! nous avons craqué!

– Vous le pouviez, Georges...

– Certes... Paul! je commence à comprendre votre façon de voir le monde... Vous allez me prendre pour ce que je ne suis pas... mais je suis de votre avis... L'arrivée de Mitterrand n'a pas changé la donne... C'est tout de même une date importante pour moi... au niveau professionnel... et...

– Mitterrand était un escroc...

– oui... je sais ! Jarnac ! ! ! et puis ses discours pendant la guerre d'Algérie...

– ... son règne n'a été qu'un révélateur supplémentaire de ce qu'une gauche institutionnelle sait le mieux faire... casser la lutte des classes! Mais bon... tu parlais de ta vie... professionnelle et affective... excuse-moi...

– Sous Mitterand, notre vie professionnelle a considérablement changé... Nous sommes devenus des champions de la trottinette Classe Affaire! Europe de l'Est... Afrique... Moyen-Orient... Asie... Wien... Budapest... Rabat... Bamako... Ouagadougou... Ndjamena... Abidjan... Yaoundé... Kigali... Djibouti... Beyrouth... Saigon... une ville que j'aime... beaucoup, Paul...

– Et tu as posé tes valoches!

– Non... pas vraiment... J'aurais peut-être pu... mais je me finis tranquillement! formateur à la sécurité informatique en entreprise.

Tu prends encore une bière?

– Oui. Merci, Georges... excuse-moi... je vais faire le vide...

– Pouh! si tu savais! les bringues! le champagne! à l'Élysée! le Hernu! Si! Je t'assure! Avec lui! Le voyage en Côte d'Ivoire! Tout le staff civil et militaire! Technologies et Communications...

– ?

– ... laisse tomber... je dois la fermer! Je suis un peu gai. Stop! Tu vois... ma vraie passion! c'est l'exploration! Vingt mille lieues dans les abysses des systèmes d'exploitation… et leurs vers géants! Longs remords, ils vivent, s'agitent et se tortillent! je les hache!
Paul... pas de déni! Les systèmes d'exploitation... sont une allégorie! une projection de notre organisation sociale... sur la machine... sur l'être humain...
J'initie ma petite fille... Myriam... une grande ado... une hacker de premier plan... Paul... je me trompe rarement à ce sujet...
Pour le reste! j'écoute de la musique! beaucoup de choses... Tu verras! Á la maison! l'étagère est pleine... Paul, je gagne bien ma vie!
Bien! Fini le C.V.! Je vais! faire le vide... comme tu dis!
Paul! les nanas sont parties dans la psy... Bonne chance!

– Oh! Giorgio! Tu nous gonfles...

– Une autre petite bière?..

– Tu conduis, Giorgio?

– Euh... je ne vois pas bien le ballon...

– Giorgio... les nanas se sacrifient pour vous...

– Danke, Anna! Tu es trop cool!

– Alors?

– Valentine... t'as mis ta ceinture? taux d'alcoolémie égal zéro!

L'alcool brûle les tissus de l'organisme, et vous l'sentez quand vous en buvez... Ça pique!

Alors que le vers solitaire... Ah non, pas le vers solitaire... Heu... Heu... Heu... le fer est salutaire... Hè Hè Hè! Hè Hè Hè! HèHè Hè! Il est salutaire, le fer... Hè Hè! Heu... Hè Hè! Heu... D'ailleurs...

FLASH-BACK

– Trente ans en arrière, ma poule! trente ans en arrière! en soixante-quatorze! mille neuf cent! autant dire... 'y'a un siècle! des milliards d'années! Comm'y'dit! Tu sais... l'pote de Belle ! J't'ai d'jà parlé de lui! l'batteur! la virée à Madrid avec les Parisiennes! l'orgie! Tu vois?... Alors lui! lui aussi... y'peut pas les blairer... Les Saigneurs!
Faut dire qu'il a donné... sûr! Pas cool... l'show-biz! Toute la bande de Bohème de Belle et Jenny!
Putain! 'xcuse-moi, Valentine... j't'fais la politesse... j'suis dans l'lac... j'aurais pu la tuer! ! ! Ma deuxième victime! Serial killer! Hein! avec le Bob! env'loppé! ligoté au poteau! saucissoné! en tranches! à la tronçonneuse! Fallait pas v'nir avec moi, Bob! Du sang partout! Pfouh... Gore...
J'ai trop bu Valentine... J'te sens nerveuse, Coca?.. In!

– Out, Paulo! Merci!

– Gaïe! In! ma poule! ..ttention Watson! logique!
Quand Georges a parlé d'son fils unique, Léo! Là... tu t'rappelles? Léo! mon pote Léo! Il veillait bien sur moi... sur ma p'tite santé mentale... l'Léo... Y'm'trouvait fragile... J'ai quand même réussi à parler comme Eux! Pas trop longtemps! J'ai aut'chose à dire! J'ai pas l'temps d'faire le singe avec des bourges! J'ai terminé mon doctorat! OK! payé! l'tribut! OK, Léo! ! ! D'accord... Valentine... d'accord... j'ai pas fait grand chose avec! ! !

– Je n'ai rien dit, Paulo!

– Si! et t'en rajoutes!
Léo! le monde en est plein! D'accord! Je sais! Mais... c'est pas un prénom si courant... T'es bien d'accord! Tu m'suis, mon amour?

– Paulo... compteur à cent dix! J'essaie de suivre Anna!

– Et après! ! !
Georges! sa première femme détruite en quelques mois par un cancer que personne n'avait vu venir... comme il a dit!

– Le hasard, Paulo...

– Valentine... depuis qu'nous nous connaissons... j'ai fait d'gros efforts... dialectiques! J'pensais t'avoir convaincue! Le hasard n'est pas digne de confiance.

– Tu digresses, Paulo... Il ne reste que dix kilomètres...

– mon amour... après l'internat, de retour chez mes vieux, j'passe quatre années d'abstinence au lycée... quatre longues années... J'tente de vivre comme les copains! ..

– Tu fais la fête et tu dragues les filles!

– Gaïe! Tu suis?

– J'hallucine sur la route!

– J'm'tire dans une p'tite turne en ville. C'est vraiment la misère! Mais, enfin seul! je r'vis...

Un soir d'avril, j'rencontre Lé..

– Paulo! j'ai vu un sanglier!

– Tu l'as vu? Bon... Continue! Un sacré coup d'pot! Le Bon Coup! Léo m'emmène dans un immeuble! Cossu! à côté du Casino! Cool quoi! putain! J'en rêvais d'puis un moment... Y'commençaient à m'brouter, mes vioques beaux amoureux...

– Aux faits! Paulo!

– Cool, Raoul... fais gaffe au camion!

– J'assure...

– T'as vu la biroute?

– Á l'ouest, Paulo!

– West is the Best! Onze heure et d'mie au quartz!
Léo entend l'ascenseur qui monte... Y'm'demande d'sortir! vit'fait! par l'escale Paulo! C'est PAPA! l'Retour! ! ! WOUARF! ! !

– Arrête, Paulo! Je me marre trop!

– Mon amour!
... Le lend'main après-midi! Léo... est chez moi. Nous nous r'trouvons... assez régulièr'ment! pendant un an... J'déménage... complet! J'suis ma Belle! Léo déménage... L'povre! y'suit son Paulo! Nos visites continuent... Tout va! ! ! Arrivent tout'ces aventures si compliquées... Chacun part d'son côté... Léo fait la belle en Annam... Tu n'dis plus rien mon amour...

– Paulo... j'ai failli couper dans l'panneau...

– Moi aussi! Léo garde l'contact encore deux ou trois ans. Puis il y eut un long silence! Oh Psyché! S'y mire son amour... Ouais... Du boniment à la manque! Loufoque! En route pour l'Pays du Vermeil... plus rien que le silence... ouaté d'l'oreiller! Le marle! Quinze ans... Coule la douce... rivière... Oh quais sous le soleil couchant, tombe la brune ! Quinze ans! et puis... un coup d'bigo! Léo s'était marié! Il avait une fille de deux ans... et un rancard raté! J'en ai l'vertige, Valentine...
Et alors... le p'tit détail qui tue! l'rouleau sur les relations d'voisinage! Anna... avec son laïus sur les personnes avec qui il était possible d'abattre le masque! l'éditeur installé dans la ville voisine! Exact'ment l'blaze collé sur la couvrante des deux premiers bouquins d'Léo... J'me marre! les couacs du hasard! Marron l'Léo! Fini l'incognito! Au mitard!
Mon amour... C'était l'moment! Mal à l'aise, gonflé à bloc, guibolles en fer à ch'val, Lucky Luke s'lève, fait détour empressé par ces lieux, aux rêveries, propitiatoires... mûr! Pour réchléfir face au miroir...
Á mon retour, chang'ment d'disque! Vous étiez partis zizique vintage et peoples en goguette ! L'bordel dans les bacs! Jagger! en flag! avec Aladin Sane! Bianca, wouh! Bianca! Eho! Eho! C'est moi! Fais pas ta p'tite gueule! Bon. S'Kiouse Me Mike! Ta nana! Super! And Nico... la cover-girl! SM! Venus in Furs! Hero! Hic! Wouh! Kiss Me Cooper... ! I'm Your Queen! Gene loves Jezebel !

– Conclusion?

– Du rock sans sève est une curiosité ethnographique... d'la musique de morts... à fond dans le sillon, charge à la baïonnette! faut qu'ça baigne dans l'raisiné!

– Paulo! Va falloir jouer dans le velours...

NOUS Y SOMMES! ! !

Attention, Paulo! ! ! Coup d'patin! Ouh! voici La Taupinière! ! !
Paulo! Oh! Paulo? Tout va bien! on est arrivé! OK?

– OK! mon amour... OK! Sur mes deux pieds... fini Luna Park!

– Georges! C'est à toi tout Ça?

– Paul... Mes machines sont en fin de vie! sauf deux... ! celle-là, rien à voir avec le boulot! le petit plus! Quarante gigots! que de la zique...

– C'est ton Bureau?

– Je déteste les bureaux indiscrets! Que quelques sympathiques algorithmes soient avec toi! Tu tires la chasse! Rien n'est jamais radical... Paul... le problème... il n'est pas logiciel! Il est HUMAIN!

I LOVE YOU!

Tu ne te sens plus! Tu cliques! et alors! ça commence! Rien ne va plus! Tu es fait! Tu cours chez le pharmacien! acheter du vermifuge! Toute la meute débarque! Razzia! Infos d'onze heures! les chiens accourent! Imagine qu'il y en ait... des policiers... Tu es mal barré! Méfie-toi des gâtes-sauces! Tu fréquentes les barbouzes?

– Non.

– Très bonne réponse, Paulo! Tout dans la tête, fondu dans la foule... silhouette dans la brume!

– Justement... tout à l'heure... à la Brasserie... Anna parlait d'un ami éditeur... Il a publié, presque sous le manteau, deux livres que j'ai eu l'occasion de lire.
Dans le premier, deux potes! Une histoire d'pédés! l'passager taille une pipe au chauffeur! qu'en perd les pédales! Y plante la bagnole! Non, Georges! J'rigole... Au bord d'la route, une p'tite jeune fille un peu folle lève le pouce... le trip! Please... DJ Giorgio! Un gentil méli-mélo touche pas à mon pote... inspiré par un fait divers!
J'résume! Décor! un lavomatique! Une jeune femme bohémienne(sic) ôte tous ses vêtements, les lave puis repart,

– Je mouille, Paulo!

– Georges! Passe l'éponge! Attention! Second récit!
Encore et toujours! L'vieux mythe! La colonie d'vacances!
P'tites gonzesses! ! ! beaux mecs! ! ! jeu coquin... Séisme nocturne!
Une gentille p'tite cal’çonnade... très délicat!
Un jour, une mono très laide reçoit deux copines canons en visite à la colo! Le soir, quand les mômes sont au plumard, c'est la veillée des monos! C'est l'grand jeu! de l'allumette!
Simple... Georges! Gaby oh Gaby, por favor!

Règle du jeu

1. S'asseoir en tailleur et former un cercle.
2. Sur le mur, accrocher un poster! psychédélique... Nue! une femme! tire l'péte...
3. Ramasser une allumette... le long, le long, le long des golfes pas très clairs.
4. Prendre l'allumette entr'les dents
5. et la passer au suivant ou à la suivante
6. qui doit la r'cueillir et la passer d'la mêm'façon.
7. L'allumette est coupée en deux à chaque passage...

Volcanique, l'auteur! Y'passe ses trois millimètres à sa voisine! l'une des deux p'tites mignonnes! Leurs deux corps vibrent d'émotions ret'nues! Leurs lèvres s'affleurent puis s'séparent... Wouh! Fin d'la partie! Chacun rejoint sa tente. Demain, y'joueront au cochon Kiri! Mais! la jeune visiteuse quitte la colonie...
Trois s'maines plus tard... Chang'ment d’décor!
Une Bohème d'écrivain: chambre mansardée, alcôve, lit installé à l'arrache sur un tapis d’sisal, une chaise, un bureau, divers rêves! des soies indiennes, des rayons de soleil, des bâtonnets d'encens qui attendent une allumette sur leur p'tit support en laiton... une théière écossaise, du thé, du sucre, des verres, des p'tites cuillères, des galettes (bretonnes), des K7, une boulette de shit...

Réveil! Quelqu'un frappe à la porte! Challenge! Dadd'! C'est fait. Terminé! Je peux pas r'culer! (J't'explique tout)!

– Father!
– Yes son...
– I want to kill you!

Gaïe! J'suis encore mineur! J'sais! Dadd'... J'ai passé quinz'jours de Lune de Miel avec mon copain Paulo l'homo... Nous attendions qu'fin juin arrive. Une chambre devait s'libérer en ville... l'jour d'la Saint Paul! faux hasard... vraie fin d'mois!

Ouf! C'est pas papa! Saved!

– Paulo... je regrette... je n'ai que de l'alcool à t'offrir... Un trio de petits jeunes est passé dans mon lopin... J'espérais! De mars à octobre... Ils ont moissonné! Allez, sans rancune... la main verte! C'est parti! Á ma petite fille! Myriam! que de la tendresse! relookée post-hippie... et si jolie!

TOP SURPRISE!

– GIORGIO! du calme!

– mais non, Anna... c'est vrai, non? Myriam... elle est si jolie!

– Giorgio, vise la commode laotienne! la petite boîte en ébène! ..

– OK, Anna, j'arrive!

– Thank you, my dear!

Valentine, notre petit salon n'est-il pas adorable? Peut-être un petit peu bourgeois... me diras-tu... Les poufs recouverts de velours! du synthétique! bon... d'accord! une erreur! mais... d'une douceur! La table basse, verre et bois de poirier... en direct du Salon des Métiers d'Art... Notre soutien électoral! L'Artisanat, le Patrimoine... National... un Trésor vivant! Je me marre Jacquot! Bon...
Trois minutes, douche comprise! Valentine... Je continue? Style... Côté Sud! Grand soleil et rêves de Palestine... immortelle beauté de la Mer Rouge... L'artiste! Joseph l'ébéniste, perdu dans les Montagnes... un très bon copain... Il plante une herbe! du producteur au consommateur! direct! Je roule?
Georges, un CD... s'il-vous plaît... April. Merci! Relevez-vous doucement! vos articulations craquent sur l'intro! Songez un court instant... un très court instant... que nos invités commencent à ressentir les mêmes symptômes... Ah... douce guitare...
Au fait, Valentine... il a un fils!

– Qui?

– Joseph!

– Non!

– Si! Jésus!

– Le Roi de Yerusalem?

– Oui, sur son âne...

– Comme tous les rois d'Israël...

– Depuis Salomon...

– Le cheval est bon pour le romain...

– Paul... continuez votre épître...

L'meurtre du Jésus! Attention psyréveil... quelqu'un guette au judas... Fin d'digression!

Résumé

Papa arrive!
Premier réflexe! Mett'fin à une vague et rassurante masturbation.
Deuxième réflexe! Se r'mettre vite fait d'une soirée abandonnée autour de quatr'heures du mat', shit! Chut! J'ouvrirai pas! Merde ! Pouh... huit heures et quart! C'est pas possible... Panique! Vite! Faut tout planquer! Slip! djinn! Cukoo to you!
Ben non... erreur! c'est pas papa! Apparition (de la Vierge)! tout'p'tite... une Indienne... tête de Lune, mains brunes et fines, ch'veux noirs, les yeux! brillants! accentués par un adroit maquillage au khôl... Mon'p’tichery! Ce matin, j'ai pris l'premier train!

Y'passent une journée merveilleuse... pasolinienne p'tite folie... Les vétérans du corps à corps parient: qui, des amants, s'allongera-t-il, l'premier, su'l'corps d'l'autre? Hououououououou... Cérémonie du thé! Ne riez pas! C'est bien du thé au jasmin! et l'bâton (d'encens)...

Excusez-moi... Du bout de ses mains fines, ridées et bronzées Anna me tend 'pétard... ses doigts dégagent une chaleur intense. Un partout, Georges!

– Les mecs sont tous pareils, rien de changé...

– Pouh... profil bas Anna! quand les nanas vident le sac, elles font pas d'détails. T'es ratissé! sec en moins d'deux! s'xusez-moi... la fumée stone toute l'assemblée! Désolé... j'ai complèt'ment perdu l'fil du récit! faut qu'je bouge... le plus calmement possible... dès fois qu'je craque... Georges! t'aurais pas que'que chose à boire..!

– Paul! Bitte sehr! Assieds-toi! Je vais à la cuisine... et ne flippe pas! le remue-méninge! c'est le bac du frigo! très compliqué! C'est Anna qui range!

– Georges, un tonic, si tu veux bien! Wouh! The Rock Star! Marks & Spencer... p'tit ventre bedonnant! coton blanc!

– Là... là... Paul! t'es un vrai pédé...

– Georges, c'est juste parce que j't'aime! Bon! Tout va!

– Oh! Les chéris! Quatre verres! Merci! Dès que c'est le grand amour, il n'y a plus rien autour...

– Anna... crois-tu que je n'ai pas r'marqué ta longue robe décoll'tée? ton doux et ample pantalon en soie? tes seins nus sous l'coton? et... Valentine! oh mon amour! t'as mis ton p'tit tailleur écru! grand col en V jusqu'au nombril! Les dessous! Minimalistes! Ouh! Tes lisses ont déjà bien souffert! Sacrée toquade! T'aurais pas du lâcher tes pompes...

– Cela n'inquiète personne...

– Si! Moi! J'étouffe! J'vais pas faire l'prince! J'déboutonne ma liquette jaune préférée! et j'desserre l'cordon d'mon futal noir en coton. Excusez-moi! J'peux garder mon string?

– Un peu artificiel...

– Anna... c'est un artifice de l'orgueil... qui s'abaisse pour s'élever! François... Duc de La Rochefoucauld-Liancourt, physiocrate!

– Dear Paulo... Old Ladies?

– Yes, Giorgio... my only friend...

– Excusez-nous, mesdames! Il y a urgence... à la nôtre... Paul!

– Giorgio, un coca... pour mon amour! et un coup d'jaja pour Anna!

– Sec, le coca?... Valentine, ne ris pas! ton tailleur s'entrouvre sur la pointe de ton sein droit.

– Paulo, si je lève le bras, c'est bon?

– Parfait, Valentine.

– passe-moi la bouteille, Giorgio!

– Je vais te servir moi-même... avec une extrême et touchante gentillesse... Tu v-v-vois, mon vieux whisky, toi t-t-tu t'es transformé en b-b-boule, mais moi je suis d-d-devenu un joli petit z-oiseau! Tchip! .Tchip! . Tchip!

– Chers amis, une longue vague de bulles fraîches et amères parcourt ma gorge en feu. Giorgio! L'orge! Ça vaut du blé! ! ! mais bon... j'vais pas faire l'bourge! Excusez-moi! Vous n'auriez pas une Chaire! Trop drôle. Bon! Sérieux! J'suis prêt! Chang'ment d'rouleau! La P'tite arrive...

Léo la serre cont'lui! Á s'péter les roupettes! L'bécot! aérien! léger! Bonne bourre, les chéris! ! ! et un p'tit péte de noir! C'est vach'ment mieux! La main sous l'kimono! Aux oranges! Attention la descente! À table! À l'ouvrage!
Vorace, Léo boulotte d'la craquette! La P'tite boit à la théière! d'la baguette! Fraîche! Gratos! y'a pas meilleur! La fringale trouve sa fin, l'buffet lesté, la veine gavée d'suc de figues!

Anna et Giorgio... mes p'tits oiseaux... l'ressent vous ronge! Vous m'paraissez songeurs. Voulez-vous un p'tit dico d'argot? Bon... J'vais m'tenir à carreau! Et baver clair! Cukoo? Vous vous rapp'lez?

Y'avait tant d'insouciance dans leurs gestes émus...
Ils buvaient dans le même verre
toujours sans se quitter des yeux,
ils faisaient la même prière
d'être toujours, toujours heureux.
Y'avait tant de lumière...
alors la belle affaire...
le nom du bal perdu...

COUCOU ?

Excusez-moi... dès fois... c'est plus fort que moi!
Vous vous rapp'lez? Vous vous rapp'lez?
La première fois... que tu as fais l'amour... tu te rappelles?

– J'y vais d'la mienne! Paulo! à moi!

– Au viol! au s'cours! à toi, Valentine!

– Mes parents sortent! Soirée de prières chez des amis! Je ne veux pas venir. Maman proteste... une vieille habitude! Papa prend sa Bible!

– Laisse allumée la lampe au dessus du garage. Ce soir... les Morts reviennent... fais attention à toi!

Licite, j'appelle Jean...

– Salut, Princesse! Genoux esseulés, Croque-Notes se demandait s'il oserait t'appeler!

– Je suis seule... toute la soirée!

– Super! Tu veux sortir?

– Non! Je ne peux pas! J'ai dit à mes parents que je voulais rester à la maison! Sinon, j'aurais dû aller avec eux... J'ai envie de te voir...

– Merci de penser à moi...

– Jean... tu es trop bête!

– Non! vieux seulement...

– Jean... arrête. Viens...

– tu m'attend?.. impatiemment?..

– Jean... La porte est ouverte. C'est la fête!

Je m'envoie deux verres de vieille fine champagne... petite folie de papa! J'attends l'arrivée de Jean avec la Lettre de Ferré.. à donf!

– Valentine, tu parles comme Myriam...

– Georges, vous êtes un vieux pédéraste! J'avais piqué le disque à ma sœur... huit ans de plus que moi... la frangine! Je fus un cadeau divin! Inespéré! Inattendu! retour de noces agitées... et parfait ouvrage! ne suis-je pas si jolie?..
Excusez-moi... Paul... continue...

– Non, Valentine! Vas-y! Ton ombre est là...

– Trois quart d'heure plus tard! Marre! Je suis vautrée sur le lit... ça sonne à la porte.

Je sais que tu es là...

– Tu t'es perdu?

– Une circulation sur les trottoirs! Un fantôme faisait la manche en roulant des hanches!

– Nous nous vautrons l'un sur l'autre... Nous arrachons et jetons tout ce qui nous gêne... Ivres de sueur, nos peaux glissent l'une sur l'autre...

Ce que tu fais, c'est bien, puisque tu m'aimes
Ce que je fais, c'est bien, puisque je t'aime
À ce jour, à cette heure, à toujours,
mon Amour, mon Amour.

– Je veux prendre une douche avec toi!

Redevenus raisonnables, à poils, à quatre pattes... nous effaçons les preuves! essuyage des miroirs et du carrelage!
Nous nous activons... bons enfants qui savent devoir bien ranger leur chambre... Papa et maman seront contents! et nous aussi, nous serons contents qu'ils soient contents!

Je pousse Jean dehors sans l'embrasser. Les voisins pourraient nous voir...
Mes parents arrivent un bon quart d'heure après.

Au salon, je regarde, tranquille! la fin de Jour de fête. De la pure provo'! Papa est content! sa Valentine est sagement installée devant un film de son cinéaste fétiche. Maman trouve tout de même que c'est bizarre ici... Papa l'a regarde, interloqué.

– Tu trouves?

– Non, une impression... Je dois être fatiguée...

Nous nous souhaitons une bonne nuit.

Dans ma chambre, je me caresse pour m'endormir...

... Je venais d'avoir quatorze ans! Paul... je te sens... envieux et... jaloux.

– Valentine... laisse tomber... continue...

– Jean a toujours trop fumé... il a le cœur dans un sale état. Il bande moins... Il fatigue vite.
Il revient... de l'hosto... très amaigri... gentille et attentionnée... je m'énerve silencieusement... Je l'aide à se relever quand nous sommes dans la baignoire. Je prends soin qu'il ne glisse pas.
Nous passons encore de bons moments, mais dès que nous nous retrouvons avec d'autres, souvent plus jeunes, Jean sait bien que je prends encore plus mon pied et qu'il n'y peut rien. Il n'en fait pas une histoire... Finies, Les mortelles jalousies... Basta! Hého! Paulo? OK?

HOU HOU!

– Léo sait pas trop comment continuer la matinée à peine commencée. Y's'lève... ouvre la f’nêtre d'la mansarde et s'appuie au balconnet.
Il fait frais. Août arrive vers sa fin. Après deux p'tit mois d'pâle soleil mélancolique, vaguement grise, la ville cuve son goudron.
Il a envie d'sortir... Une envie obligatoire d'sortir, d'marcher, d'quitter cette pièce dev'nue si étroite.

– Viens, viens, Nati! Je veux te montrer ma ville. Viens! Tu verras... Il y fait moche mais c'est une jolie ville.

Y'marchent ainsi tous les deux. Sag'ment, y's'tiennent par la main, montent la colline.

Su'l'muret qui borde la falaise, au-d'ssus de la rivière... y s'font un baiser... très doux...

Puis y'r'descendent en ville, mangent un sandwich.

Ces jeunes... y'z'ont toujours faim!

Les nuages disparaissent.

Y'r'trouvent le ch'min perdu d'leur turne, boivent encore du thé, fument des Camels... y'z'attendent d'y voir plus clair. La nuit tombe.
Allongés su'l'plumard, y'parlent... écoutent des cassettes, cherchent une émotion commune.
Y's'parlent... d'puis huit heures du mat'! ! ! Y's'entravent bien les p'tits! Du bon boulot! L'bon fad!

Neuf heures du soir! Faut entamer l'capital! s'faire les cuivres! Léo, allume l'pétrole! et la cal'bombe! Faut ripoliner l'candélabre!
Y's'rapprochent un peu plus... bien l'un cont'l'autre! avec leurs vêt'ments... chauds! Au kirsch, Pomponette! Les povres!

– Petite musique! très agréable, calme, merveilleusement chantée, un duo de voix amoureuses... Chris & Carla... C'est parti... Le Swinger 500! un bel instrument!
Enfants... écoutez Paulo! L'institutrice et la bibliothécaire vous encouragent...

Seconde épître... et Bingo Catastrophe!

– Léo, où sont les toilettes?

Y'l'accompagne su'l'palier... attend... entend... d'la tinette l'tint'ment... l'pipil'ment! du papier, l'déroulement... d'la chasse, l'engouffrement... du coton, les intimes bruiss'ments... du siège, les grinc'ments... The Good News First! El'sort.

– Je peux me laver?

Y'a pas d'salle de bain. Y's'incruste dans les douches d'la Cité U! Mais... mais! y'a tout d'même un lavab’! commun! su'l'palier... et une cuvette, un étendoir à serviette! dans l'cambron, à côté d'l'alcôve! Ils rentrent dans la chambre. Y'va chercher d'la vase su'l'palier.

– Tu la veux chaude?

– Non.

Cal'bombe à la main, y'remplit la grand' cuvette, la pose sur la chaise avec une serviette propre.

– Il repousse douc'ment la lourde du cambron, ôte toutes ses fringues... Il enfile son pyjama... dans ses toiles d'vieux garçon! y pense... un peu gêné... aux auréoles d'ces vieilles branlettes...

El'sort du cambron. C'est l'heure des mimis... synchro! Swinger 500! Merci Georgio!

Ses longs cheveux très fins, descendent au long d'son dos en lignes mélodieuses de sage merlan chic! P'tite fille en culotte courte... blanche... simple, un p'tit maillot su'l'nombril, elle avance... Les amoureux s'croient tout permis! La cal'bombe en main, Nati en chandelle fait l'appel! Léo r'monte ses toiles! ! ! l'fada! Y's'fait l'adja!

– Léo... qu'est-ce que je fais de la bougie? Je la mets où?

– Giorgio! The Musical Box! Merci! ..
Un jour, Léo m'parle d'Genesis! Sans l'prévenir... j'lui colle Musical Box... Dès la première note, y'm'dit d'arrêter la lecture. Très troublé, j'obéis immédiat'ment...

– OK, Paul! Je zappe! C'est parti! Minimal Compact, Raging Souls.

– Merci, Georges...

Bodies on a used-up bed
candles lit the room
...

UN TERRORISTE!

– Allô?.. Valentine?..

– ... Léo! ..

– Oui. Je suis en ville pour quelques jours... RVOD3D18H? OK?

– OK, Léo! la dernière fois... c'était quand? vingt ans?

– J'avais vingt-sept ans, darling!

– ... alors ça fait vingt-deux ans, Léo!

– Quelle ram!

– Le numéro? comment t'as eu mon numéro?

– par courriel! sur l'écran de mon père! Par-dessus son épaule, j'ai vu ton adresse... tranquille, pépère! Je ne l'ai même pas fait exprès!

Merci Georges et Anna, à bientôt. Paul et Valentine, 068 69 96 086

Je n'étais sûr de rien... Et hop! Pendules à l'heure! Alors? Dix-huit heures?

– alors... ta femme?

Ma femme... ça fait pas touche! Pré Carré! Non? Je dis comment? Valentine, je fais comment?

– Comme tu veux, Léo... allez...

– Femme... je ne sais même plus à quoi ressemble ton corps...

– Pouh! Comment vous faites?

– Vingt ans de vie commune! les enfants...

– Combien, Léo?

– Deux! Myriam et Tony! Dix-sept et quinze... Ils remuent le plateau! Sac de nœuds au buffet! TOC! TOC! TOC! en scène! style: eau dans l'gaz!

– le partage... c'est des vannes! Myriam, t'y crois?

– Oui! Ça t'dérange? Tête d'orange! t'es un vrai bouffon!

– Tu t'es vue! ! ! tu m'soûles, à la fin!

– j'aime faire l'amour...

– Ouah... La meuf'... La mytho!

– Tony! T'es qu'un nain d'jardin! Va t'cacher!

– Myriam... alors? L'herbier de Papet? c'était du partage?

– ... Je n'avais plus rien à fumer!

– Là! ...là! t'es trop!

– Attends... papet plante de l'herbe dans le jardin... j'appelles les keufs?

– Wouhwouh! La bâtarde!

– Tony! j'te flashe! Péte au bec!

– Génial! Classe! l'profil FaceBook!

– T'es parano!

– J'suis parano! wouah la meuf'! c'est pas toi qu'as farfouillé dans l'ordi du pater?

– je voulais juste m'amuser...

– Tu parles! Tu fous ta merde! C'est tout! t'as aucun respect! Rien! Rien!

– tu veux tout savoir? j'ai même recommencé!

– t'as recommencé?

– Oui... Papet m'a expliqué que...

– Papet! Papet... de quoi il s'mêle! Papet!

Style todo va bene: dad' has been

– Prêt, Tony?

– 1... ! 2... ! 3... ! 4... !

– La dauphine...

– Une vraie savonnette!

– Le frigo...

– Vive les mikos!

– Les Chocobéhen...

– Ah! Verchuren!

– Carambar!

– Viva Mexico!

– one... ! two... ! three... ! four... !

– Du viet' rôti au napalm!

– assaisonné à l'agent orange! ..

– Hard!

– Gore!

– GI! GO! Black & White! ..

– Blue Stars!

– Red Blood!

– Mission Ranch Hand!

– Quatre-vingt millions de litres d'herbicides!

– Cinq millions de vietnamiens contaminés!

– Sols pourris jusqu'en deux mille cinquante! ..

– Je meurs! Tony! Du gore! Tony! Bordel! ..

– P'tite pute de Viet! ..

– Une bonne balle dans l'cigare...

– OK! La téloche optimise...

– Les gars gardent le moral... Pas de mouise!

– Hard! Tony! les Bogues!

– 1... 2... 3... 4... !

– Rwuanda!

– Yougoslavie...

– Irak...

– Baoum! Ground Zero! Les polonais déblaient!

– Caramba! Septiembre! De l'amiante partout!

– Des bribes... des FAILURES!

– Erreurs inconcevables dans la gestion du matériel humain...

– Peace and Love,

– fleurs dans les cheveux,

– guitare au poing!

– Lustucru, Jésus?

– Quelle époque...

– La Paix...

– Nous l'attendons toujours...

– Ouais... en couleur!

– Monochrome!

– Du rouge partout! ..

– Bien gore!

– faut arrêter!

– d'attendre...

– Action!

– OK! Dad'... OK!

TU VOIS LE TOPO

La tête du populo! Rigolard au poulailler! Peint au premier rang! Vite! Tu fais l'Auguste! Tu agites ton portable! tes clés! Tu fourres tes thunes, tes clopes, dans tes grandes fouilles! Vides! Allez! Aux planches! Ouf! Le sac de noix! ! ! Bis! Ils sont contents! T'échappes au bide! Demain il y aura la queue!
Mais dans dix ans? Soixante balais! Un hôtel! Soir de cuite! Vieille peau fripée! Le désir qui monte! faire l'amour... faire l'amour... Merde!
Tiens... Regarde... tu veux la voir? Ma femme!

– Léo, elle a une tête! ta femme... Un regard!

– Merci, Valentine... Je reviendrai! ! ! Changement de rouleau! alors le Paulo?..

– Paulo a rencontré Jean dans un vap'. Ils se voyaient peu... sans rendez-vous... pendant plusieurs années... et puis... Jean est tombé malade...

– C'est grave?

– Le cœur... Il fume trop. Il n'arrive pas à s'en sortir... Un jour, Jean me parle d'un ami, Paul... Nous serions bien ensemble... Il en était sûr...

– Un hasard? Valentine... un hasard?

– Je ne sais pas, Léo.

– Valentine...

– Léo... je te dis réellement ce que je pense... Tu comprends... après toutes ces années... je ne te dirai pas que j'ai fait le tour... d'infinies connexions... mais j'ai vu! j'ai lu! ..

Dans cet établissement vous êtes libre de vos actes!

J'ai payé... presque toujours payé... Tu vois! J'y reviens... Exploitée! ! ! C'est le mot. Tu comprends? D'abord... les affaires!

– La manie de l'acte gratuit est une vieille idée! horrible! horrible! horrible! C'est trop chair! ! !

– Léo... tu es devenu amer... Je ne te trouve pas drôle...

Après les apéros, un dîner très spécial et bien arrosé, les armagnacs, le péte, la piscine à trois heures du mat'... victoire!
Paulo, sexologue en chaleur, à quatre pattes sur la pelouse, Anna entre ses cuisses... l'espionne s'envoie en l'air! Baisez-moi partout! Grimpe-moi dessus et fais-moi mal! ! !

Tu ne crains pas, Léo? Je continue? Famille tuyau de poêle! Deux! ! !

– Ça me fait un peu bizarre quand même...

– Léo... tu avais vingt-six ans quand ton père a rencontré Anna! En 81... facile... l'année Mitterrand! Pouh... la Révolution! ! ! un mouvement en courbe fermée... dit l'Dany! Quel con! Rouge? Dany?... Á la Tribune! Fais-moi rire! Il pêche sa dialectique dans les discours du Parlement!

Efficacité économique, justice sociale et développement durable!

Allez! Au Vert, Dany! Léo... j'étais vraiment une gamine en soixante-huit... Mais quatre ans après... je m'en suis posé, des questions! Quand les Autres... les Parents d'élèves! ces enfoirés! ont commencé à se mêler de mes histoires... Là! tu vois... je me suis réveillée! mauvaise!
Ensuite, Marie débarque! elle en rajoute une louche! Elle y allait fort... Aujourd'hui... je dirais... pas assez fort...
Léo! ..Ils nous mènent où? hein? ils nous mènent où? Ils vont remettre des menottes à pointes aux mains des gosses! Faut pas s'branler la nuit! Les enfants! Ces monstres de violence! faut les endormir à la ritaline... Bande de pharimaciens! Faut être clair! D'abord... les affaires! OK, Léo?

– OK, Valentine!

– Les doigts d'Anna descendent le long du cul de Paulo. Il a un très bref moment de refus. Georges ne s'en préoccupe guère... Le majordome est bien monté! Il applique généreusement ses deux mains chaudes et potelées sur le ventre de Paulo. La star sodomisée!

– Valentine, je crois que nous avons trop bu...

– Tu te fais des soucis pour ça, Léo?.. Á ce rythme-là... la prochaine fois que nous nous reverrons, nous serons à la retraite! Si tout va bien! Tu veux faire une pose? La vie te fatigue?... Je vais commander un coup à boire et... je vais pisser!

– Valentine...

– Tu n'en as jamais envie?

– Si... maintenant.

– Alors... tu vois! ... tu n'as pas changé, Léo! toujours aussi coincé! Je t'aime...
Hé! d'abord, je commande... puis je vais pisser! Honneur aux dames! tu m'attends! après... tu y vas! Les tasses... c'est à droite!

– alors, ta fille...

– Ma fille? Mauvaise question! Tu me fais jouer les cassures! La soirée d'adieu! Je vais avoir un trac! Bon! Je mets la moumoute! Lève le torchon! J'ai le rôle dans la peau! Intro! Myriam? Elle mène sa vie... Myriam mène sa vie... Allez! Tu l'auras voulu! J'envoie la tartine! Gare au graillon! Branche les gamelles! Elle a un succès fou!

Petite fille mannequin, sous mes yeux,
elle se la joue, ondule son ventre à l'Olympia.
Faut-il que je mette mes gants blancs?
Je ne veux pas! Non! Pas de succès fou!
Tu es vraiment trop jolie... Ouh! ouh! Un petit rendez-vous!
Je crois que je vais aussi inviter tes amies...
C'est sympa d'être venues...
Folies perdues...
En bas de l'escalier, la foule attend la Princesse...
C'est moi qui angoisse, comme d'hab'!
Je vais finir par mourir d'un cancer!
Il va falloir que je me bouge! que je fasse quelque chose!
Petite fille! La Croisette! Oublie!
C'est de la bouillie!

Un tabac! L'applaudimètre dans le rouge! Valentine... Passe-moi l'optex! J'suis qu'un ringard dominé, bourré d'images glamour marchandisées.

Jolie bouteille, Sacrée bouteille!
naninanananinana naninana nanana...

Allez! Un demi! une clope! Je suis de plus en plus barré...

– ...

– Qu'est-ce qu'elle a, ma gueule?

– Quoi, Léo?

– Qui? ... Belle! ! ! Marie! ! ! qu'est-ce qu'elle devient?

– Léo... ... ... Marie est morte.

– ... ... ... ... ... ... ... ... ...

– Un accident de voiture... elle a pété un boulon, la tête dans le mur...

– Paulo... ?

– Il sait. Quand Marie a fini par tous nous larguer pour rejoindre Sabine, il n'a plus voulu entendre parler d'elle! ! ! Il était trop dégoûté... Il a croisé Marie dans la rue, quelques heures avant l'accident. Sabine m'a raconté... Il a presque changé de trottoir... Marie était complètement démolie...

– Paulo... quand il ne veut plus en entendre parler... ... ... Valentine... nous étions atteints! ... Préserver l'Paulo! Tous à genoux devant l'Paulo jaloux! à pieds joints dans la trappe! le froc tartiné!

– Nati... ?

– Je n'arrivais pas à l'oublier... Je voulais la revoir. J'ai essayé.

Je téléphone à sa mère. Elle reste polie, cordiale. Je sens qu'elle ne me donnera pas son adresse. Je n'insiste pas.

Lulu avait déménagé. Nati avait une amie, Laure, dont je n'ai jamais connu le nom... Je ne savais plus qui contacter...

Paulo s'était barré... avec un musico friqué! Paulo suit tranquillement! il se laisse entretenir! Tout va bien! Il finit par m'appeller... quelques années plus tard!

Léo, j'suis entrain d'crever tout seul! J'n'ai rencontré qu'des pigeons maniaques et des pétasses avec qui rien n'allait! Des Julies! Qu'el's'jouent d'la mandoline! J'bosse comme sous-sous-fifre dans une boîte de prod'! Des marchands d'soupe! Finie la zique! Que du dollar! J'n'en peux plus! Voilà, Léo! J'suis un collabo'! Et j'vois même pas comment faire autrement! Ils nous baisent, Léo! Ils nous baisent!

– Il voulait me revoir. Je n'en avais plus envie. Je sentais revenir les problèmes... Je ne me sentais pas de remettre ça avec Paulo...

– Paulo a laissé tomber la prod'! Il vend du CD d'occaz', comme salarié.

J'en ai marre! Le singe! il a très bien compris que j'suis compétent! Y'm'laisse faire! Carte blanche! Mais pas la moindre p'tite augmentation! Rien! Les temps sont durs pour l'commerce! Y-dit c't'enfoiré!

– Bon... il est clair Paulo! Nous en sommes tous là! avec des petits boulots à la con! Bac+! ! ! C.V.! ! ! Combien, Léo?

– +10! = 0! Tu connais, Valentine? Le baccara! Non! Pas de confusion! Pas d'enthousiasme prématuré! Je ne suis pas le banquier! Laisse tomber... je suis loser! Parle-moi plutôt de toi... Le temps est passé si vite! La dernière fois que je t'ai vue... quelle fin de soirée!
Wouah! Barge! L'urgentiste! Le retour chez Sabine! Je me suis sauvé en courant! Je suis allé cuver mes pétards! Pfouh! Peinard! au plumard! devant le scopX... Bon... tu prends la télécommande! Retour!

– Léo, quel plan?

– Léo et Paulo tombent à la vase! La Méduse dérive!

– La mer s'est calmée... Mais bon! tu vois?.. rouli-rouli! le besoin gamin de rester dans une situations table... dans mon p'tit monde à moi... la dînette avec mon p'tit Jeannot Lapin!

Je rencontre Yvon. Pour la première fois... un garçon de mon âge... Le pied! Nous nous éclatons pendant un an! Je vis chez Jean... Il le prend cool. Je suis bien. Very good! Mais Yvon s'énerve... Il veut faire l'amour dans Sa piaule... avec Sa nana! Super! Mais je connais déjà... Jean! lui! pendant ce temps! Pas de souci! Il sort! ! ! J'ai bien envie de l'imiter... de faire la fête... dans des boîtes de jeunes... Je baise à droite à gauche... j'avais pas encore pris le temps de piquer ma crise d'ado! Jean, l'enfoiré! il drague mes copines...

Je me défoule... Je commence à en vouloir plus! toujours plus! Je passe le code de bonne conduite dans les clubs échangistes... Toujours brimée! rien de changé! Tu es dans le convenu! rencontres tarifées et discrètes de couples mariés! en lieux sécurisés! Sorti de là! c'est le quiproquo! T'es à l'amende!

Nous recevions assez régulièrement des nouvelles de Sabine et de Marie. En quatre-vingt-neuf... la dernière fois que j'ai vu Marie... elles mijotent un projet de festival sur le thème de l'emprisonnement. Hop! J'embarque! Trois femmes bien décidées! Le Mur tombe... Marie croise Paulo dans la rue... Elle part pour Berlin... Rideau!

– ... putain... putain de putain... de putain...
excuse-moi, Valentine...

Ma fille! Elle se prend pour une cartomancienne... Elle m'a dit que j'allais mourir demain... et le temps passe sur les calendriers et le temps casse tous les miroirs qu'on aimait... et ça fait mal och och och och och! och! och och och och och... och!

– Dad'... t'es amorphe... Tu te laisses aller... Tu fouts plus rien...

– Je ne sais plus où j'en suis...

– Et alors?

– Je joue du balai...

– Je vais pleurer!

– Á longueur de journée! ..

– Tu ne sais plus où t'en es!

– Á cinquante berges!

– Paf! Déjà cinquante et un! Dis...

– Imagine! Le pastisse!

– Demain... Paf! Je meurs! TU FAIS QUOI?

– Voilà! ma fille... Myriam... Je l'aime bien... mais... pas cool les jeunes...

– Tu as vu ce bordel, Léo?

– Oui, je sais...

– Alors! tu vois... logique! Non?

– ... et Sabine? elle est dans quel état?

– Elle ne voulait pas venir à l'enterrement... La famille... tout ça... Tu comprends?... J'y suis allée avec elle... Je l'ai convaincue... Je voulais la jeter... ma motte... Tu comprends?

Nous restons à la queue... Toute la famille passe... Ensuite... le tour des amis... Nous attendons encore... Ils s'apprêtent à prendre les pelles. J'y vais... Je tiens Sabine par l'épaule... serrée! fort... contre moi... Je ramasse une grosse motte...
Je l'égrène doucement, debout, devant le cercueil, en bas... la terre s'écoule... sur les roses rouges... Sabine est derrière moi... Je lui prends la main... Elle prend de la terre dans ma main... Nous laissons tout glisser... comme une caresse...

Sabine vend tout ... l'appartement... les meubles... le Miroir... Pétée de thunes! Direction Grand Sud! Elle achète un mazet, dans une garrigue perdue... Elle place les restes à la Banque! Plus de bagnole... la citerne... légumes bios et tisanes! les bougies... dans la nuit brille Orion Fleur de Carotte! Elle peint! ! ! Je me la ferme! je me tiens à carreau!

Jean booste Sabine autant qu'il peut... Je ne l'avais jamais vu dans cet état... Pourtant... j'ai l'habitude! Quand il se met à peindre... tu l'oublies! C'est plus simple! pour tout le monde! Ils remuent des planches, des vieilles poutres, des caillasses, des tuiles! Ils construisent un cabanon à côté du mazet. L'Atelier! Ils restent tous les deux, là-haut, pendant une! deux semaines! Ils ne voient personne... sauf quand ils descendent au marché. C'est tout! Ils peignent...

Quand ils n'en peuvent plus, ils font un tour dans la garrigue.

Ils sortent des trucs! au début... du noir, du gris... partout! Et puis... Jean pousse Sabine dans l'ocre... un éclair dans un ciel d'orage! Sabine jette du rouge! partout... toreador!

Jean prend une grande brosse... Il étale un ciel immense, avec un bleu d'une tendresse infinie...

Tu sais, ce bleu, comme dans les fresques! avec... sur la frange... un ocre jaune très doux...

Ils exposent... ensemble... chez un galeriste avec qui Jean travaille régulièrement. Le public suit.

– Peste émotionelle! sortez les marchands du Temple! Valentine... parlez-moi plutôt de cette soirée... chez mon père...

– Suite... alors... Georges, très excité par mes seins et mon pubis qui lui frottent le dos...

– ...

– Léo... tu me désoles...

– C'est plus fort que moi...

– C'est toi qui a voulu changer le rouleau...

Parlez-moi d'amour.

– Léo... je viens de t'en parler!

– Oui, Valentine. Mais tu as terminé... avec ce ciel si bleu...

– Je sais Léo... Sabine n'hésite pas! Je l'ai vue faire!

Tu discutes... tranquille... debout... le cul appuyé sur le dossier d'une chaise... juste avant de t'asseoir... avec des invités qui te branchent. Ta chaise est placée à côté d'une nana que Sabine a repérée! L'air de celle qui va foutre ses deux pouces dans une motte de vingt kilos pour te monter la jarre du Guiness, elle arrive!

– Vous n'avez pas envie de vous asseoir!

– Si! Justement... Nous allions le faire!

– Bon... eh bien! Je prends cette chaise!

Elle te chope le dossier de la chaise! Tu n'as plus qu'à voir ailleurs si tu es!

– Bon... Chut! ! ! Léo... no comment!

– Valentine... alors... la soirée... chez mon père...

– Paulo! Il est brave! Il se fait une représentation bestiale de la pénétration... de n'importe qu'elle pénétration... Ça l'angoisse...
Le lendemain, il m'avoue que Georges l'a pénétré avec une douceur qu'il n'aurait jamais imaginée. Mais il a trouvé un nouveau sujet d'inquiétude!

– ... Ses hémorroïdes?

– T'es con, Léo...

– Valentine, je crains... de ne plus pouvoir défendre mon honneur dès lors que je me ferai un jour traiter d'enculé…

– Paulo... tout le monde se fait un jour traiter d'enculé...

– Je le sens bien... l'Paulo... Valentine... j'ai l'impression de parler cul avec un mec.

– Léo... tu as des progrès à faire! je dis progrès... juste pour ne pas perdre de temps... Les Lumières... c'était il y a des années! ! ! Jean, c'est toujours ce qu'il disait... quand j'étais en philo! Les Lumières... je m'en tape... tu es d'accord?

– Les tyrans lâchent le blé pour faire leur beurre... tranquilles! Allez, les gars! Tous au charbon! OK!

Paulo a encore des doutes... Trois tomes du Divin Marquis plus tard... il n'imagine toujours pas que je peux me délecter de choses aussi... repoussantes. Il lui faut du papier glacé photoshopé et romantique! le pipicaca... c'est pas son truc... mais un soir...

URGENCE!

– Valentine, il faut qu'j'aille pisser!

Bien excitée... je l'accompagne dans la salle de bain! Je m'agenouille dans la baignoire... Bien installée! en face de sa queue! Je ris et lui tape sur les cuisses.

– Allez! mais vaz'y! pisse!

Il ne se décide toujours pas. J'ouvre... la douche. Il ne peut pas résister.

– Valentine, je crois que j'ai assez bu...

– Fauvette pleure?

– Oui... sûrement... Mais c'est surtout que j'ai assez bu...
Tu comprends?

– Chacun comprend ce qu'il peut.

– Léo... tu écris toujours?

– Oui. La Révolution sexuelle! C'est pas un beau titre?

– Léo, tu me désespères...

– Nous désespérons! Nous en sommes tellement loin... Tiens! Demande autour de toi...

RADIO TROTTOIR

– Willy Ki?

– Wilhem! Willy! Wilhem Reich!

– Ceki? Un NaZi?

– Ils retournent tout! Ils réduisent la pensée à des traits mondains, ridicules, des histoires de coucheries minables! Freud est un macho hystérique! Marx, une relique! Reich, un pervers fou! Psychologie de masse du fascisme! Faut vraiment être pervers pour écrire un bouquin pareil!
Ils triomphent! Ils se croient tout permis! Ils salissent, dénaturent, révisionnent, annoncent La fin de l'Histoire... le choc des Civilisations...

– Léo...

– Je n'ai pas fini! Choquée, bourgeoise? Valentine... je suis rétamé.

– OK! Tu as tous les droits.

– Tout à l'heure, tu disais... Tu disais?.. Les Lumières! Abolition des Privilèges! Fin de la Propriété! Vive le Bien Commun!

– Les Lumières! ça fait des années!

– C'est vrai! Excuse-moi! Mais tu vois? Arme ta cervelle! Tire! Défends-toi! Résiste! Lis dans le texte!

Aux yeux du philosophe, les grands propriétaires ne le seraient pas sans l'heureux hasard de la naissance [... ] (ils) doivent leurs domaines considérables à leurs aïeux, qui, dans le partage des propriétés foncières, eurent l'adresse de se faire favoriser au préjudice de leurs semblables, pour arriver, non seulement à confisquer sur eux le droit [... ] départi à tous les individus [... ] de jouir par égale portion du grand et commun héritage du globe terrestre, mais encore de les dépouiller de leur liberté en les chargeant d'odieuses chaînes.[... ] Quelle terrible conflagration, si la multitude venait un jour à se demander pourquoi quelques-uns ont tout et les autres rien!

Je me répète... Mais il paraît que c'est péda... péda-quoi? péda-quoi, Valentine?

– dale!

– Bingo! Le pédagogue conduit les enfants. Führer! Les dictionnaires... c'est terrible... Tu sais quoi?... Le mot suivant... c'est pédale, 1935. Un pédéraste!

– Léo... tu délires.

– OK, je me range! Maréchal me voilà!
.. S'cuse-moi Valentine... faut vraiment que pleure fauvette. Réfléchis!

– Alors? les gogues ?

– Wouawouawouah! ! ! Rien! Le désert! Faut qu'j'baise! J'suis en rut!

– C'est pas possible! Faut d'abord cracher l'addition!

– T'as tout compris, ma p'tite souris! J'en reviens à ta question...

Je n'écris plus! Tu as vu les manuscrits? Un bordel! Des ratures partout... Laisse tomber! Les stylos me soûlent! Seuls les ordinateurs m'intéressent encore. Tu coupes! tu colles! tu copies! J'use de mes privilèges de ringard arrangeur... rien de nouveau au scénario!

Au pouf de la garouse, le niais retrousse son prépuce! la pute à un cul d'enfer! le maqu' sort son flingue! l'commissaire est alcoolo! on vide deux quintaux de ketchup!

Bon... ton mec va s'inquiéter. J'abandonne! Faut rentrer au plus vite, ma p'tite copine!

– Ce soir, c'est perm'...

– Trop bon! mon capiston!

– Prends ton barda!

– Au paddock!

– Tu es à l'hôtel?

– Oui...

– Ouh! la route de l'étable sera longue...

– Valentine...

– OK, Léo! J'te l'ai dit! Nous allons la faire! ensemble!

– La bagnole est au Grand Parking...

– Non, Léo... à pied! Nous serons blancs en arrivant! Et puis les ballons... les Genses d'armes! Mais c'est surtout que... depuis Marie... tu sais... la bagnole...

– Madame! Monsieur! Hé! Vous oubliez quelque chose!

– Merde! Le dealer s'excite! J'vais planter l'drapeau!

– Non! Faut cracher l'lingot, Léo! C'est ton karma!

– P'tite Nana! t'as le râtelier garni? Ça va faire mal aux pieds nickelés...

OUH LALA!

nous ne sommes pas arrivés! Tu as encore une clope?

– Non, Léo...

– ... ... ...

– Léo! Super! Léo!

– Quoi?

– La clope!

– La clope?

– Par terre! Le premier qui la chope!

– Valentine! Attention!

– Ouahhhh! ! ! Je l'ai!

– Valentine... tu as regardé... avant?

– Je r'gardais la clope, Léo...

– Il roulait comme un dingue! Viande à pneus! T'as encore eu du pot!

– Et la clope! Léo! et la clope!

– Valentine... ... ... tout à l'heure... ... ... je ne me sentais pas d'aller plus loin... Dis-moi, Paulo... ... ... qu'est-ce qu'il a fait? Qu'est-ce qu'il a dit? dans la rue... ... ... quand il a croisé Belle...

– Sabine se préparait à fermer. Marie arrive... avec une tête!

– Marie... qu'est-ce qui se passe?

– Je viens de croiser Paul.

– Ouh!

– Ouh! Sabine... Tu l'as dit. Ouh! ..

Encore en pleine réflexion, je sortais de la Bibliothèque... et là! Paul! En face de moi! sur le trottoir! Je ne sais pas comment réagir!

Salut, Paul!

Il me regarde... Il s'écarte... le regard! dur! très dur... avec une haine! Une haine...

Belle, je ne suis pas prêt!

Et il continue... comme si Marie n'était pas là.

– Ouh lala!

– Oui, Léo... ouh lala!

Marie veut faire le voyage de nuit. Sabine essaie de la retenir... Marie l'envoie promener. Elles chargent les bagages ensemble... Marie ne veut pas rester une minute de plus. Elle met le contact...

BERLIN, ÇA FAIT UN BOUT!

– ... Oui, Valentine... Ça fait un sacré bout! Encore bien deux bornes! trimard... au ruban!
... Marie... tu l'as rencontrée comment?

– Au cinoche!

– Au cinoche! Ils ont vu mille films! Marie prenait son pied au cinoche! Manches retroussées... elle exhibait ses pectoraux! sacré Paulo! au début de leur rencontre, il aimait bien! mais plus tard... quand il a commencé à se sentir couillonné... il s'est fait parano! Là! changement de refrain: Léo... je m'tire une nana à la masse! une bourge décadente! Si! C'est ce qu'il m'a dit! quand il a commencé à l'avoir vraiment mauvaise!

– Quand?

– Après le cinoche!

– Ils ont vu 1001 films, Léo!

– Après le film! Je ne sais plus lequel! C'était... pfouh... je ne sais plus, Valentine! mais pour Paulo, sûrement des vannes... même pas la peine d'en parler! d'la bouillie pour les p'tis bourges! l'cinoche... c'est que du discours dominant! En tout cas, c'était... peut-être... au début de ton mariage... quelque temps avant que je ne te rencontre...

– Alors! c'était sûrement le soir... juste avant mon mariage... J'étais un peu larguée...

– Maman... je veux sortir... Il faut que je me change les idées.

Elle ne me pas demande lesquelles...

– Après manger, je vais au ciné.

– Toute seule?

– Oui, Maman... je préfère.

Fantastique Soirée!
PINK FLAMINGOS
HERE AND NOW!

La salle était pleine. Je m'assieds, la tête ailleurs... à la première place que je vois libre!

– Bonsoir!

– Bonsoir!

– Bonsoir!

– Je peux? Je ne vous dérange pas?

– Non.

– Non.

– Vous le connaissez, ce film?

– Non.

– Non.

– Bon... Nous verrons bien.

– Paulo et Belle! En sortie! Au cinoche!

– Belle? Elle commence par toi ou par lui?

– Tu es complètement à côté, Léo!

– Sers-moi plus, Valentine! J'ai la traquette...

– Tu le connais, le film?

– Non.

– Alors... accroche-toi! du trash! Tu vois le style?

– Là... là... je sens bien le tric-trac! Critique, Paulo se réveille!

– Belle... j'me casse!

– Paulo...

– Belle... il est nase, c'navet. D'la merde! ! ! Une histoire de cervelles bourges décadentes! J'ai aut'chose à faire...

Il se lève. Il attend deux secondes. Marie le regarde avec un petit sourire... joli! ironique! mais d'une douceur! ..

Paulo ne voit rien... il est déjà parti! Il me bouscule...

– Excuse-moi... Je m'cavale!

Je regarde Marie... Elle continue de sourire. Elle avance la main... tapote sur le siège de Paulo.

– Un mort! Tu viens à côté de moi?

Le film terminé, Marie m'accompagne jusque chez moi. Je vide mon sac... ce mariage... qui arrive... Nous nous promettons de nous revoir...

– Valentine... Tu es sûre de toi?

– Oui, Léo... je me sens claire.

– Pas d'excuses?

– En mon corps et conscience, Léo! Sors ta carte...

– Tiens!

– Le code, Léo?

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1303 3D
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RIDEAU
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LAURE

– Léo... tu l'aimes bien, Laure! hein! Quand nous sommes arrivées à la colo... j'ai vu tout de suite que tu lui plaisais... Vous vous êtes fait un joli sourire! ..
Laure est ma meilleure amie, Léo! Ma Belle au Bois Dormant... en son Château Pinard! date au Fronton! 1899!

– Une bonne petite place au soleil...

– Léo... tu es cynique.

– Nati... mon amour... le cynisme est trop souvent confondu avec la brutalité... Un chien qui s'envoie en l'air avec une chienne... ils prennent leur pied! en pleine rue! Ils assument sans complexes leur mépris pour les conventions sociales, l'opinion publique et la morale communément admise... Nati... loin de moi toute pédanterie... tu connais l'importance que j'accorde à la Parole...

– L'immeuble de ton père... il est pas mal aussi...

– Il n'est pas propriétaire... Ma généalogie est très bâtarde...

– Et la leur! Tu parles! des vignerons...

– Tout de même... le nec plus ultra des rouges... pas de coupages douteux... les torchons d'un côté... les serviettes de l'autre...

– Tu te sens mieux, Léo?.. Bon! Je poursuis mon petit conte?.. Le Château de la Princesse ! trois étages... le premier! plus deux autres! loués...

– Les Rothschild ont perdu de leur lustre...

– Léo... tu planes! Le père de Laure est l'un des principaux actionnaires d'un grand groupe agroalimentaire... Big! l'appart'... Une entrée sur le palier... avec, sur le côté, une autre porte... l'ancienne chambre des bonnes... Laure la squatte depuis quatre ans... son petit cadeau d'annif! ses treize ans! au lendemain du Référendum!

Les travaux de rénovation seront terminés à cette date... C'est tout. Absolument rien à voir avec de Gaulle... il est nécessaire de savoir prendre les artisans avec tact et fermeté...

– dixit le père de Laure! Note, Léo! Tu as saisi?

– Avec un gantelet... la chasse à l'épervier... les Mille et Une Nuits...

– En soixante-huit... Laure, elle avait peur!

La télé! Images du Quartier Latin... les manifestants debout sur les voitures renversées en pleine ville...

– Nati... juste un flash! Paulo... il dit des tanks! pour les bagnoles!

– Paulo?

– Mon copain, Paulo! Je t'expliquerai! à ce moment-là, il s'est barré de l'internat, planqué sous la banquette du minibus des demi-pensionnaires. Il voulait voir! ! ! Les internes n'avaient plus le droit de regarder la télé! ! ! Il a fait le mur! ! ! Un mur de collège voulait planquer soixante-huit! ! !

– Le père de Laure n'aime pas les évènements hasardeux.

– un bourgeois timoré...

– Non... il considère qu'ils ont déjà beaucoup donné...

– Donné?

– Léo, la rue n'est jamais très tendre avec les juifs.

– Tout dépend des juifs... La rue n'aime pas les marchands d'fric!

– Léo... tu sais ce que son père lui disait ?
Livrés à eux-même, les ouvriers sont imprévisibles et sectaires. Ils ont assassiné Trotsky parce qu'il était juif!

– J'ai du mal à suivre!

– Laure aussi... et moi, pas davantage! Nous ne savions pas de qui il parlait! Il commençait à nous fatiguer! Nous avons profité de sa conclusion pour nous lever de table.

Peu de temps après cette discussion, au Lycée, deux gars de ma classe s'énervent!

– Mais t'es un vrai juif! Mets-toi la dans le cul, ta pompe!

Le prof d'histoire entre dans la salle... Il pique sa crise. Lui-même de famille juive... et patati! et patata! La Révolution d'Octobre! la Révolution permanente... Staline... Le Capitalisme d'État... l'URSS... n'ont rien à voir avec le Communisme... l'assassinat de Léon Trotsky... Il faut décoder la pensée dominante! une heure de prise de tête!

Le père de Laure parle facilement politique pendant les repas.

Ici, personne n'aime de Gaulle. L'Algérie... fut une catastrophe maîtrisée... de justesse... Mais la gestion des affaires... c'était la vieille école! Une léthargie quasi suicidaire... Cohn-Bendit a été un traître... nécessaire!

Je ne sais toujours pas ce qu'il met là-dedans. Il se contente de prononcer une sorte de condamnation pleine de regrets...

– C'est un réac'... Mais il ne se trompe pas sur Dany.

– Tu crois...

– Oui. Paulo en est sûr! Il dit que Cohn-Bendit! c'est un fils de pute! Qu'est-ce qu'il dit encore? le père de Laure!

Il fallait bien que le verrou saute! La France était à la traîne... Les syndicats ont fait rentrer tout le monde à la maison, calmé les étudiants et négocié avec le patronat! Du bon travail! enfin quelque chose de positif, de constructif...

– C'est un salaud intelligent... Tu as compris? les Dany! il les a pigé... au fond de lui-même... il sait très bien qu'ils ont fait un bon p'tit boulot... Il ne va pas le dire en public... même à sa fille... avec des Dany comme ça, tu es sûr que la révolte ne restera jamais rien d'autre qu'une révolte!

– Je connais Laure depuis la maternelle... Mais son père... c'est vrai... parfois... tu ne sais plus où te mettre!

Votre génération est sympathique. Vous prenez des billets d'avions pour l'Inde et l'Amérique latine! vous admirez Che Guevara! Bien! Vous avez parfaitement compris qu'il fallait penser et agir sur le monde! La France, c'est petit!
Laure, j'aimerais que tu acceptes de suivre des cours de langue chinoise... et que tu sois persuadée qu'il est absolument nécessaire de progresser dans l'appréhension subtile et profonde de l'anglais. Étudier les textes de la pop' music ne suffit pas... L'Asie mérite mieux!
Si tu veux... la semaine prochaine... je te propose une invitation au restaurant... à HongKong! J'en connais un qui fait une excellente cuisine chinoise... Il ne faut pas vous tromper de destination! La Chine ne s'éveillera pas... Elle se réveille!
Excusez-moi l'expression... mais les paternalistes sont des dinosaures! Une économie moderne n'a que faire des réglementations d'État. La grandeur de la France n'est pas au Québec! Elle est dans ses entreprises! et la Mondovision... All You Need Is Love... ces gars là ont le sens des affaires!

Nous étions un peu dégoûtées... Il s'en est aperçu; mais il a continué...

– Laure, j'aimerais beaucoup que tu fasses tes études à Londres.

– Je préfèrerais que tu m'offres un voyage en Inde.

– Je te parlais de tes études, Laure...

Je ne disais rien. Il me regarde...

– Nati... aimerais-tu partir en voyage avec Laure?

– Oui... J'aimerais aller avec elle et Lulu dans un kibboutz. Mais Lulu dit que ce n'est plus le moment... La tension monte... et puis, le socialisme sioniste, c'est... du nationalisme!

– Tu l'as dit?!

– Oui, c'est la vérité... Mais Laure n'y comprend rien. Elle est très romantique... l'Afrique du Nord, les juifs séfarades... Esméralda! Elle n'arrive pas à saisir ce qu'il y a de biaisé dans l'amour réel qu'elle éprouve pour les cultures orientales. Nous en parlons souvent avec Lulu qui insiste... persiste...
Mais ensuite, au château! son père argumente! Laure est très attachée à sa famille.

Une porte intérieure relie la chambre de bonne directement à l'appartement des Maîtres. Á sa place, je l'aurais condamnée... histoire d'être vraiment chez moi... Son père lui a même fait installer une petite salle de bain-toilettes...

Sa fenêtre donne sur l'arrière de l'immeuble... une courette intérieure très calme remplie de plantes vertes alignées sur des étagères en métal forgé.

Ses parents lui ont fait cadeau d'un petit lit à baldaquin apporté dans sa chambre, en grande cérémonie, en présence de toute la famille! La princesse déménage dans ses appartements!

Son oncle et parrain, Samuel, lui offre un secrétaire Louis-Philippe... son oncle Léonard, quatre tapis berbères!

Tout cela occupe beaucoup de place.

Á quinze ans, Laure fait le tri dans ses poupées. Elle dispose les plus belles, celles qui lui ressemblent le plus, sur un petit banc, à ras du sol, à côté du secrétaire.

Au-dessus, elle suspend un grand miroir vertical qu'elle entoure de foulards indiens et de deux chandeliers posés sur deux petites consoles murales en bois doré de Bali.

Samuel finit par lui laisser le grand plateau à thé et son support, relique de l'exode algérien remisée au grenier. Il monte lui-même le plateau dans la chambre pendant qu'elle court avec moi dans l'escalier, avec le trépied en bois de cèdre à la main.

Après, nous sommes allées toutes les deux acheter quatre poufs marocains avec notre argent de poche. Depuis, nous avons joint au sérail des colliers en perles de verre suspendus aux murs au milieu de foulards indiens en soie multicolores... et les pochettes de nos disques préférés...

DarkSide Of the Moon et In The Court of Crimson King.

Je lui ai offert un radio-cassette...

– Elle n'a pas les moyens de le faire elle-même! Un vrai petit ménage, votre affaire...

– Tu n'es pas très gentil, Léo. Les filles sont ainsi...

– J'essaie de suivre Nati... Excuse-moi. Je ne voulais pas te fâcher.

– Laure, j'arrive de chez Léo...

– J'ai compris. C'est pas la peine de le dire. Alors?

– Je ne sais pas...

– Entre... Tu veux dire quoi avec ton: je ne sais pas?

– Rien, je ne sais pas.

– Tu pleures...

– Entre, Nati, entre...

– Nous avons passé une super journée. Nous nous sommes promenés en ville, assis à une terrasse. Il m'a montré des endroits qu'il aime bien. Nous nous tenions par la main et nous avons beaucoup parlé... de toi, de Lulu, de ses copains. Il m'a montré où ils habitaient. Le soir, nous sommes rentrés chez lui.

– Et c'est comment, chez lui?

– Il habite sous les combles, dans une ancienne chambre de bonne! Comme toi! Mais tu sais... il n'a même pas l'eau courante. Il faut aller sur le palier... Je me suis lavée dans un espèce de placard, dans une bassine remplie d'eau. C'était bizarre! J'avais l'impression d'être dans une vieille maison de grand-mère, à la campagne. Il avait allumé une bougie et une lampe à pétrole.

– Tu n'as pas aimé?

– Si... J'avais l'impression de quelque chose d'irréel... un film...

– romantique...

– Oui! Le lit, dans une alcôve... le papier peint avec de grandes fleurs oranges et jaunes qui dansent avec la flamme de la bougie... Il m'a prise contre lui.
Nous étions tous les deux allongés sur le dos, côte à côte, immobiles. Il avait mis son pyjama... J'ai gardé mon T-shirt et ma culotte. Nous écoutions Genesis... au moins quatre fois la même cassette... sans bouger, ou presque pas. Il me caressait doucement.

– Et toi?

– Je me suis serrée contre lui, sur son épaule. J'ai posé ma main sur son ventre, sur le pyjama. La bougie a complètement fondu. Elle s'est éteinte. Après, il a tiré la lampe à pétrole vers lui. Il l’a éteinte aussi. La chambre était éclairée par les lumières de la rue.
Nous nous sommes endormis... Il était très tard.
Le matin, au réveil, il a passé sa main sous mon T-shirt.
Je me suis allongée sur lui.

– Nati, tu as déjà fait l'amour?

– Non...

– Moi non plus...

– Je croyais que tu l'avais déjà fait.

– Non. C'est vrai... Je ne l'ai jamais fait.

– Léo, j'ai eu mes règles...

– ...

– Léo, j'ai envie de faire l'amour avec toi.

– Je crois que je ne vais pas y arriver.

– Tu as peur?

– Je ne sais pas... mais tu vois! Je ne peux pas...

– Il prend ma main entre ses cuisses, sur le pyjama. Il est resté sur le dos, immobile, les yeux fermés. Il a commencé à bander et puis... rien.
Je ne savais pas si j'étais énervée, si j'allais me lever pour partir. Je ne savais plus rien: il ne m'aime pas! Il n'a pas envie de moi! Je ne lui plais pas... Je ne sais toujours pas quoi faire. Je n'osais même plus le toucher.

Finalement, c'est lui qui bouge.

– Nati, je vais faire du thé...

Pendant qu'il le prépare, je me rhabille et je lui dis que je vais partir à la gare, qu'il y aura bientôt un train. Il me regarde...

J'ai cru qu'il allait pleurer... Il se retient...

– Quand tu veux, Nati...

Nous buvons le thé. Nous allons à la gare. Il m'accompagne sur le quai. Il me fait une bise en me passant sa main dans les cheveux.

– Je ne peux pas rester, Nati; je ne veux pas attendre le train. Tiens... C'est l'adresse de ma nouvelle colo, jusqu'à fin août...

Il part.

– Tu vas lui écrire...

– Je ne sais pas, Laure, je ne sais plus.

– Si! tu vas lui écrire. Nous achèterons des petits cadeaux. Tu vas lui envoyer une lettre, avec le colis! hein! Nati? Tu penseras à moi et à ce que je vais te raconter. Tu te rappelleras?

– Quoi?

– Trois jours après notre visite à la colo, je vais chez Philippe. Ses parents n'étaient pas là. Nous faisons l'amour... dans sa chambre. Il n'a pas peur. Mais il me dit que, la première fois, un de ses copains n'a pas réussi à bander.

– Si tu le dis...

– C'est vrai, Nati.

– Je te crois, mais en attendant...

– En attendant... speak to me! Je prépare un thé à la menthe! Nous passons un moment ensemble... Tu rentres chez Papa-Maman, tu délires un truc sur la fête qui était géniale.

– Quelle fête?

Tu vas l'inventer!

– T'es bien...

– Ben oui! j'suis bien! Allez! Bouge-toi! Commence! Les invités?

– Phil!

– Ils le connaissent?

– Non.

– S'ils te demandent qui c'est? tu diras! L'ami de Laure!

– Je n'y avais pas pensé.

– Tu ne penses pas beaucoup aujourd'hui.

– Tu me prends vraiment pour une andouille!

– Non. Mais si tu as la tête ailleurs... Ils vont tout de suite s'en apercevoir. Et là...
Nati, il faut que tu trouves un truc, qu'ils ne se doutent de rien... que tout est OK!

– Je ne sais pas, Laure... Je crois que je vais plutôt demander à ma mère si je peux prendre rendez-vous pour avoir la pilule.

– Alors là, je n'en reviens pas. Tu vas le faire?

– Oui, je vais le faire! Je veux pouvoir faire l'amour sans flipper!

– Et tu crois qu'elle va le prendre bien?

– Oui. Sinon, tu crois qu'elle m'aurait laissé partir deux jours sans me demander où j'allais?

– Elle ne t'a rien demandé?

– Non.

– Elle est cool, ta maman.

– Je ne crois pas. Elle m'a dit:

Nati... ne compte pas sur les hommes pour penser à ta place.

– Bon. Tu demandes la pilule, tu écris à Léo...

MON AMOUR, JE TE REVOIS QUAND?

Tu envoies les petits cadeaux que nous irons acheter demain.
Tu bois ton thé. Tu rentres à la maison. Tu vas te coucher parce que tu n'en peux plus. Tu as sommeil, Nati... Tu leur dis en arrivant. Tu as sommeil... Tu leur fais un gros bisou... Tu vas dormir! Ils n'ont pas besoin de savoir si c'est la fête ou l'amour qui te fatigue.

Demain, si ta mère te demande des nouvelles de ton petit voyage, hop! tu places le rendez-vous chez le gynéco. Non?

– Je crois que ce sera quelque chose de ce genre... Laure, je te remercie. Demain, je t'appelle et nous irons faire un tour dans les petites boutiques. Bon... j'y vais, tu as raison, je n'en peux plus.

LA LETTRE

m'attend, bien posée dans mon casier de colo grand luxe, bord de lac, montagnes, chalet moderne, petites chambres à quatre lits, neuves et lumineuses. Chaque mono a la sienne. Tout seul ! La nuit il fait frais!
Rien à voir avec le premier camp, en juillet, sous la tente, le duvet sur les oreilles, la flotte... presque rien à proposer sinon des balades en forêt, la construction de cabanes vite démolies par les mômes, des petits gitans... ou presque... l'ambiance alphabétisation en favelas... Les gamines, provos, draguent les monos... faut surtout pas répondre aux stimuli! pas touche! Tu connais, Paulo?

– Les p'tites queens, c'est compliqué Léo... c'est pas vraiment ma tasse de thé... et pi, j'ai pas non plus d'mauvaise conscience à soulager, gadjo! Quedchi!

– Paulo, tu es dur...

– J'crois pas.

Au Camp, derrière la Z.U.P... des gogues déglingués... des bagnoles brûlées... des vieux pneus partout... les grands qui te mettent la bagnole sur cales... Tu négocies.

– T'inquiète! C'est les mômes qu'ont fait l'coup! J'vais les chercher... Y'vont t'les r'mettre tes roues...

Yo soy el Niño prima del viento,
viajo en esta vida sin fronteras,
debajo del sol y las estrellas!
Miza ya mizai! Miza ya mizai!

– Tu veux tout savoir, Léo? Tu te scotches à la téloche... Quand c'est pas trop naz'broque, t'y vois les mêmes toiles! Et alors? Tes manouches! Y'sont v'nus tous seuls sur leur marécage pourri? Leur rêve! le plus profond! Moret! Tu morfales l'nigloo!
Qui leur a dit? Que là! y'pouvaient s'placarder? Les mêmes qui t'disent qu'il faut les alphabétiser! ! ! Pourquoi ils les invitent pas à camper à côté d'leurs villas? Mizaya mizai! Miza ya mizai!

– D'accord, Paulo... OK...
En août, les mômes étaient plutôt genre cool, style petits bourgeois comme tu dirais...

– Merci, Léo... j'gagne du temps!

– Les journées bien remplies... canoë-kayak, initiation à l'alpinisme, piscine, équitation... le soir! pas de problèmes! Ils étaient HS!

– Les p'tites têtes blondes, y'a d'la thune su'l'tapis pour les occuper...

– C'est ce que je voulais dire quand tu as commencé ton blabla... je ne suis pas plus con que toi! Paulo, je sais voir!

– Ouais... mais j'veille sur tes filtres couleurs... j'travaille uniqu'ment en noir et blanc... Pas d'matuvu mon p'tit cul!

– Bon, je continue? Il paraît que tu veux savoir ce que j'ai fait durant deux mois! Non?

– Normal... tu m'as même pas envoyé un p'tit mot...

– Tu te répètes... Bon...

L'enveloppe sentait l'ambre vert... l'encre bleue... l'écriture, ronde, avec un petit cercle à la place du point sur les i. Mais c'est l'heure du repas... Je repose la lettre dans le casier.

– Alors, Léo! tu nous sers?

– Attends! Tiens! J'arrive, me v'la, ma petite Camille!

– Ouhouh! Il est amoureux- eux, il est amoureux...

– Eh, Léo, c'tap'? on fait quoi?

– La sieste.

– Ouhouh! Non! Après?

– Après... après... euh... ah oui! Un petit tour en ville! pour acheter des cartes et des timbres. Ensuite... goûter! Et dès que vous avez le temps, hop! vous écrivez à Maman, Papa, et tout le monde.

– Tu vas écrire à ton amoureuse?

Putain de mômes! on peut rien leur cacher!

Je demande à Sara si elle veut bien mettre tout le monde à la sieste.

– Léo, ne parle pas d'Sara...

– Paulo...

– J'm'entape le coquillard! Alors... ton courrier du coeur?

– Le papier est encadré d'une frise avec des roses et des paons.

– Putain... la vraie lettre d'amour...

Mon cher Léo,

Je vous attends et j'espère être assez heureuse pour que rien ne vous empêche de répondre à mon invitation. Je n'en fais à nulle autre personne avec autant de plaisir qu'à vous.
Puis-je espérer que vous voudrez bien m'accompagner prochainement de la gare à votre si jolie chambre? Vous ne serez sans doute pas assez cruel pour me priver d'un plaisir que je désire... depuis longtemps.

Je vous en prie, Léo, dites un joli oui.

Mille tendresses...

P.S. Lulu m'a offert un vieux manuel trouvé sur les Puces: Le Secrétaire Pratique ou Traité complet de la Correspondance par Durand et Meslins, Librairie A. Taride, Paris, 1932. Elle a fait un gros effort... Je crois qu'elle y tenait beaucoup. Un cadeau qu'elle nou sa fait, à tous les deux, Léo...

– passe, Léo!

Petite Nati, mon amour,

mon bonheur est entre tes mains... J'attends la fin de ces deux semaines! Ici, tout va bien. Mais nous n'y jouerons pas avec les allumettes... Les visites ne sont pas prévues par le règlement.

Je ne t'en dirai guère plus par crainte de t'ensevelir sous un torrent de phrases déphasées et idiotes.

J'ai le cassette avec moi... et Genesis! Je crois que je tiendrai le coup! Les enfants sont super cool; Sara, la mono avec qui je travaille, aussi. Je m'entends bien avec elle. C'est plus détendu qu'avec Lulu. Tu ne lui diras pas, mais c'est vrai. Il faut dire que les mômes ne lui faisaient pas de cadeaux...

Je crois que je vais passer un bon moment ici. Je me sens bien, tranquille, et encore plus depuis que j'ai reçu ta lettre.

Mon amour, j'essaierai de faire de mon mieux et de devenir un mec "normal". Je n'ose pas m'étendre plus sur ce sujet.
D'abord, parce que je ne sais pas comment, quoi, quels mots écrire. Ensuite, parce que je ne voudrais pas que cela se termine en porno.

Je t'aime, j'en suis sûr, avec mon cœur et avec tout mon corps qui réclame la douceur de ta peau si brune.

Petite Nati, à bientôt.

Je serai de retour chez moi dimanche soir dans quinze jours... autour de onze heures.

Si tu le veux bien, je pose très doucement mes lèvres sur les tiennes et te sers tout aussi doucement contre moi. Bon, il faut que j'arrête.

J'aimerais bien continuer. Mais après, bonjour les délires...

Léo

P.S. ma porte est toujours ouverte. Le porche, en bas, est fermé à partir de vingt-deux heures. En arrivant, tu peux attendre chez moi ou au bar où nous sommes allés la dernière fois. Tu le retrouveras facilement. Tu continues la rue qui passe en bas de chez moi. La Place est au bout. Encore une fois, à dimanche! encore quinze jours... gros bisous sur ton petit ventre. Tu vois, je le savais... Ça va mal tourner. STOP!

– Bon... ensuite!

– Tu es toujours trop pressé, Paulo!

– Pendant tout c'temps, j'ai pris mon pied une cinquantaine de fois!

– Deux jours après...

– Tu t' branles toujours...

LE PAQUET!

Mon premier jour de repos. Je me laisse aller, vautré, à poil sur le lit.

– Hum... donne pas trop d'détails, j'vais bander...

Sara frappe à la porte!

– s'il te plaît... je suis tout à fait sérieux. Ne m'parle pas d'Sara! MERCI!

– Léo, un petit paquet pour toi. Je le pose, là, sur le paillasson!

– Elle repart aussi sec.

– ravie d'avoir semé sa merde!

Je me lève tout de même assez vite... Sans me rhabiller, j'ouvre la porte.

Le colis sent légèrement l'encens. Je referme la porte. J'arrache les scotchs et déplie le papier.

Nati a dessiné les signes du yin et du yang sur les gommettes qui scellent le couvercle d'une boîte en carton blanc... Je n'ai pas le choix... Je les coupes avec mon ongle.

La boîte en contient une seconde, enveloppée dans un papier de soie safran imprégné d'encens.

Paulo! une joie indescriptible! une émotion sensuelle! un désir sexuel intense! inexprimable! monte en moi! impossible à contenir...

– pas d'affolement affriolant, j'arrive...

– C'est pas le moment... Tu ne sauras jamais la fin de l'histoire...

– J'me calme, Léo, j'me calme... mais t'es dur...

– Dur? Non, au repos.

– Tu provoques, Léo!

– Tu crois? Alors? Vas-y! dévide la bobine!

Je déplie le papier. Il contient un coffret en carton cyan et safran. Nati y a déposé une photo, un cliché, noir et blanc, vieux de trois ou quatre ans.

– Tu l'as avec toi?

– Non, Paulo! en moi...

Tapie, assise, en pantalon, le regard espiègle et rieur, avec un sourire magnifique, le menton appuyé entre ses genoux, elle fixe l'appareil photo derrière la frange de ses cheveux.

Ses bras, muscles tendus, saillants, s'allongent jusqu'au sol, dans une position quasi-simiesque. Ses deux mains enserrent la gueule de son chien allongé sur le sol. Un tirage de débutante... avec les traces, très nettes, de deux petits pouces saisis à jamais dans le papier!

– Tu vois, Léo, tu fais des progrès... depuis que tu m'connais, tu fais beaucoup plus attention aux photos.

– C'est vrai, Paulo... Ces empreintes m'ont plongé dans une méditation indéfinissable...

She's a lady, she's got time
Brush back your hair,
and let me get to know your face.
She'sa lady, she's got time
Brush back your hair,
and let me get to know your flesh.

and let me get to know your flesh.
Touch me, now, now, now, now, now!

J'embrasse la photo. Je la pose sur le lit. Sous le couvercle du coffret, je trouve, soigneusement plié, un foulard indien en soie bleue que je déroule lentement, noue dans mes cheveux, en bandeau sur mon front.

– Mignon!

– Jaloux!

Je sors un par un tous les cadeaux emballés dans du papier de soie d'un bleu lumineux, presque turquoise... un petit flacon d'ambre vert, des bâtons d'encens, le petit cône mauve, une bague en argent, un encrier, un stylet chinois, une pierre noire, coupante, brillante comme du verre, mouchetée de blanc... une obsidienne! et un livre, Le Prophète, de Khalil Gibran!

– Tu vas dev'nir mystique...

– Avec toi, ce sera très difficile...
Je me suis habillé et je suis sorti en ville.

– Pour draguer...

– Non, pour acheter deux bouquins.

– De cul!

– De Gide! l'Immoraliste et Les Nourritures Terrestres!

– Du cul r'foulé pour p'tits bourgeois...

– Ce que j'aime bien chez toi, c'est que je sais d'avance quelle saloperie tu vas sortir.

– Normal... tu sais bien qu'j'ai raison...

Lecteur précoce et tourmenté, avachi dans ma chaise longue, le corps moite de chaleur, j'attends que passe le temps de l'ennui, au fond du jardin, chez la sœur de ma mère, une vieille intello coincée dans ses jupes rétros.

La main entre les cuisses, je cherche avec avidité les rares allusions à quelques amours interdits.

Ma tante trouve bien mes lectures un peu osées... mais elle se contente de déplorer ce qu'elle ne peut éviter... qu'un si grand écrivain exprime tant de haine envers la famille et le mariage... sans compter ses douteuses explorations vaticanes... et autres errances orientales. Mais la culture française étant ce qu'elle est...

– Nathanael! Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite! Bien parlé! mais... dans ses errances! ton cauch'mar a oublié l'voyage à Moscou! La Place Rouge sous la Neige!

– C'est fini?

– Nathalie?

Mon amour,

je suis incapable de décrire l'état dans lequel la découverte de ces trésors m'a laissé. Je suis muet, incapable de réagir, un incapable, que tu conduis à l'action.

Faute de mieux, faute de ne pouvoir plus, faute de ne pouvoir être à la hauteur d'une telle amoureuse intention, je t'envoie la seule réponse qui m'est venue: mon paresseux bonheur qui longtemps sommeilla, s'éveille...

Nati, je ne te parlerai pas des attentes... dis-toi que, par mon envoi, je n'ai cherché de rien prouver, mais de bien peindre et de bien éclairer ma peinture.

Á un bientôt encore trop lointain.



P.S. J'aurais aimé apporter plus de soin à ce paquet, mais dans une demi-heure ma journée de congé prend fin et j'ai déjà eu beaucoup de mal à trouver ici de quoi faire un simple colis apte à traverser les mers impétueuses des centres de tri.

LE QUAI

se vide lentement. Les bleus des néons se mêlent aux ultimes blancs orangés d'un pâle soleil couchant. Les macarons du dernier wagons'éloignent de plus en plus vite, brumes rouges dans l'air saturé d'humidité... Nacht und Nebel... Travelling arrière...

Sorti de la gare, plexus douloureux, montée de flip impossible à maîtriser, vide vertigineux, intense, insupportable, je traîne les pieds sans aucune envie de rentrer chez moi...

– Allô! Paulo!

– Bingo! deuxième sonnerie !

– Impatient, l'gars au bigo...

– Toi?

– Toi.

– Pourquoi?

– T'as compté les greluches! Je peux passer?

– Yes! Arthur...

– Arthur?

– Le p'tit fantôme... tu n'connais pas?

– Tu es encore complètement shooté...

– Si tu veux... seul en mon grand château...

– tu attends le revenant...

– Ne t'fais pas une toile... J'allais m'vautrer avec un bouquin de Jim Thomson. Bad Boy! Tu connais?

– Je suis incapable de lire l'anglais.

– Tant pis pour toi... parce que je n'crois pas qu'il soit traduit!

– Tu me raconteras.

– T'as une p'tite envie?

– Je ne sais pas, Paulo. Je ne sais pas!

– Tu n'sais jamais! Léo, t'es vraiment ingérable. Bon! Alors? Tu viens? Je vais t'raconter des histoires. Shéhérazade? Tu vois? Ta jolie peau d'jeunette... entre les griffes sanguinaires d'un tyran jaloux et imbu d'puissance!

– Comme tous les tyrans.

– Oui, Léo... Mais il doit assumer...

– Tirer son coup tous les soirs... Je le plains, le povre!

– T'as rien compris, Léo.

– Avec toi, c'est une habitude.

– Les habitudes t'enterr'ront.
Bon! C'est pas drôle! Léo... Imagine! tu pars à la chasse... tes eunuques te cocufient! Tu piges?
Parce que... en fait... tu t'en tapes complètement de la partie de chasse! Mais t'as jamais eu le choix!
Nous sommes tous dans la galère! Léo... il faut dégager c'te merde! ! ! Te pince pas le tar'! Garde libres tes battoirs! Faut s'faire des parpins!

– Oui! Oui, je sais! Bon... Á tout de suite!

– C'est vrai! Tu sais tout... Passe chez l'arbi!

– Tu me prends toujours pour un fils à...

– T'es un fils à! C'est ta galère! Léo... tu pourras jamais avaler mon whisky d'supérette! Alors, ramène du coca... ça passera mieux! et j'ai plus d'pello! plus d'credo! J'suis dans la fauche!

– Tu n'es pas très cool, Paulo...

– Tu charries! Tu m'laisses sans nouvelles... depuis un bon moment! et faut quej'sois cool?

– Tu sais bien que j'étais parti en colo.

– Ouais... mais... un p'tit timbre! une p'tite carte?.. C'est pas trop cher! même pour un moniteur!

– Qu'est-ce qui t'arrive, Paulo? Tu t'es pas branlé depuis quinze jours? Les morbacs t'ont attaqué... tatou tondu! tu fouisses trop!

– d'mon dur nase! Bon! Tu vas mieux! J'te reconnaissais plus. Alors? T'arrives?

– J'arrive, Paulo!

– Hé! Don't forget... la coca... à l'estanco d'l'arbi...

– Oui, Paulo... j'arrive!

Paulo habite un rez-de-chaussée minuscule et délabré, au fond de la cour, dans un ancien hôtel particulier de vignerons morts et enterrés! depuis de belles heurettes...
Rive Droite, le quartier zonard... humide, moisi vomi, haschi patchouli, pisse bibine, oignons gros rouge, commerces de faubourg... et mauvaise réputation...
Manchots aveugles, culs de jattes aux huîtres ensablées, chiens pelés et aphones, petits vieux émigrés, artisans sans devis, dealers en voie de réhabilitation... artistes maudits! et toutes facilités accordées aux étudiants, missionnaires ignorants d'un radieux avenir urbain!

Petit à petit l'oiseau fait son nid! Un petit troquet sympa remplace un bouiboui sans canzonnettes.
Le vieil horloger juif... paix à son âme! vi bist du gevezen... laisse la place aux fripes indiennes... Opportunité à saisir, bonne galette bio! Blé doré et cool proprio rénove la façade rose caviar... Attention la mouise! Senteur d'O.P.A.! Plâtres neufs! Murs placos... Pattes blanches! Tu sonnes à l'interphone!

La Rose Mairie affronte les urgences de la conjoncture économique et solidarité sociale... Guerre aux cocos! Les proprios sont coincés dans leurs squats préemptés.

Bénévoles! C'est pour la bonne Rose! Suivez le Guide!

Aménagement, habitat, environnement, équipement, formation, prévention, action sociale, animation...
Repenser la ville: un travail commun des élus, des administrations, des organisations professionnelles, des associations, des habitants.
Concertation permanente... dialogue ouvert, démocratie du quotidien et bonnes volontés!

– Mon amour... tu ne crains rien? Tu me suis..?

– Je ne crains rien, Léo... mais j'ai un peu froid...

Un soir de fin août le taux d'humidité de l'air est conséquent... La grande porte cochère! fin quinzième! La charrette à foin y passe!
Une ampoule, incongrue, suspendue dans la cage d'escalier moite, perturbe l'obscurité poisseuse.
L'aventure continue dans la nuit d'une étroite allée glissante qui longes les anciennes écuries...

D'un minuscule jardinet tu pousses le portillon moussu, noirci, couvert de champignons.

Une maisonnette branle en fin de cul de sac.

Peinture écaillée, une porte vitrée disjointe t'invite en cuisine.

Paulo, vautré sur deux gros coussins récupérés dans la rue me fait un petit signe de la main... ironique, vaguement désabusé... zeste de jalouse amertume. Une invite à jouer au rami! Sûrement! Rien de bien méchant. Juste un petit plaisir sadique...

– Paulo, j'adore ton petit jardin... .

– Tu m'le fais au rantanplan! T'es un bon coup, Léo! Merci d'être venu.

– Paulo, je ne sais jamais si tu agis par pur intérêt ou...

– par amour! T'es pas réglo, Léo! T'es trop parano! trop parano! Tu t'fais du rebecca inutile! J'suis cool, Léo! Va pas plus loin!

Je pose mon sac et m'affale sur le tapis. Une tente et son camping-gaz sont jetés, à même le sol, à côté de l'évier en grès deux bacs local technique compteur compris.

En plein hiver, reste couvert... les courants d'air s'engouffrent!

Loyer et resto-U payés, Paulo évite le bar de l'U! il a pas l'budget! Mais il ne refuse jamais une invitation! Soirées chics, boîtes, bars... clubs... il connaît!

Hommes mariés en goguette et vétérans de la drague le trouvent mignon lapin. Les bourses de ses partenaires ne sont pas son seul critère de choix! Il s'en accommode. Paulo apprécie aussi le sado-maso pépère de ses abonnés.

Il évite la cogne mais s'il le faut, il s'y colle. Sont pas déçus!

Paulo ne fait pas de cadeaux! S'il te propose une chaîne B&O en promo, tu ne demandes surtout pas qui que quoi donc où! Les études sont chères pour les mômes de prolos! Faut bien gagner sa vie! Sans s'faire exploiter! Tu prends ou tu glisses!

Tout l'été, il a mijoté son rata! Je ne suis qu'un monstrueux fils unique, un fils à! un p'tit bourge égoïste, conciliant, opportuniste, en pleine confusion théorique!

Alors, tu comprends, Nati... maintenant qu'il m'a devant lui, il ne va pas faire celui qui saute de joie... Tête raide, la bouteille de whisky entre deux verres, il va m'faire ma fête...

Au coin du plumard, il a deux petits flacons... de l'huile d'amande... et un cadeau de l'un de ces michetons, du poppers... anglais! Sûr, il va m'éclater... Nati... tu veux en savoir plus?

– Je n'en sais rien, Léo... mais, maintenant, tu dois aller jusqu'au bout... je ne sais pas... quoi faire... quoi dire... alors, continue...

– Paulo se fiche de la rumeur... Tu as vu le petit pédé là-bas?

– Où, Léo?

– Ici, Nati... et... penche-toi sur la question... La pédophilie ou la pédérastie définissent une attirance sexuelle pour les très jeunes êtres humains. Elles n'en déterminent pas pour autant le sexe.

Nati... j'aime ta petite tête de gamine, ta face de Lune! comme tu dis... ton petit corps... Tu vois... je suis un gros pédé! Coche la case! craque sur les gamines! Coche! Oui! Là! mais... ne perds pas les pédales! Je ne suis ni homo! ni hétéro! ... toutes ces cages, c'est leurs pouvoir! Leur zoo, faut l'exploser !

Je me baisse vers Paulo... un petit baiser assez rapide...

Embrasser un mec... j'ai toujours du mal à m'y faire... Je ne fais guère mieux avec une fille... Nati, je suis compliqué...

– Tu ne sais plus où tu en es, Léo, c'est tout...

– Non, Nati... je sais très bien où j'en suis. Mais je ne sais plus, ou pas, comment faire pour agir... et sortir! de leurs petites cases...

– Léo, arrête! Viens! Je veux partir d'ici! Allez, viens! Je craque!

– Excuse-moi, Nati... je veux tout te dire... rien te cacher... Ce n'est plus possible... Je ne veux pas te mentir... Je veux que tu saches tout...

– Paulo, ferme le rideau!

– Laisse tomber, Léo! on ne peut rien voir depuis la cour!

– Et si quelqu'un entre...

– T'es vraiment pénible... fais pas l'zigoto! Allez! Assure! Tire tes p'lures! Un jour, faudra bien qu'tu l'craches qu't'es pédé!

– Je ne suis pas pédé!

– Moi non plus... J'n'aime qu'les vieux... Les jeunes savent pas y faire! Pouh... tu n'veux pas plutôt ouvrir un coca? et servir un p'tit whisky?

– OK, Paulo.

– C'soir, j'suis en forme! J'te dis pas comme j'en ai envie. Deux mois que j't'attends. J'm'éclate avec toi. Alors? Il est où, ton problème? Ouvr' tes quinquets! Tu vas croupir encore combien d'temps dans l'placard?

– Je ne sais pas, Paulo. Je n'ai pas envie de faire le bravache... de me taper la pancarte... et puis... je crois... que j'aime bien les filles...

– Les filles adorent les pédés.

– Tu dis à une fille que tu es pédé! elle va le prendre comment?

– J'en sais rien, Léo. Ça dépend sûrement d'la nana, de c'qui lui a été bourré dans l'caisson!

– Alors, je ne veux pas prendre le risque.

– Quel risque? Qu'el' s'tire! dégoûtée?

– Oui.

– C'est pas un bon coup! Laisse tomber! Oublie...

– Facile...

– Qu'est-ce que t'en sais? Tu as déjà fais l'amour avec une fille?

– Paulo... hier soir, j'ai fait l'amour avec une fille... pour la première fois...

– ...

– Elle s'appelle Nati.

– C'est son prénom?

– Tout le monde l'appelle Nati.

– Ouh! mais t'as d'jà tout bu? C'est pas du p'tit lait Léo... c'est du whisky! Eau de feu! Toi finir comme Bison Futé!

– Je tiens le coup. Ouvre un autre coca.

– Very good, à vos ordres! Fifty- Fifty! Allonge-toi sur les coussins! Là! Super! Tu peux encore attraper ton verre?

– Non, pose-le à côté.

– Là?

– Oui.

– Viens voir un peu... hum... my God! J'vais t'bouffer l'ventre...

– Quand j'étais en première, la prof' de français... elle était jeune... et canon! toute la classe fantasmait! une adepte du texte libre! Tu devais le lire devant les autres... Imagine! L'délire! d'abord, le titre! Ma première copine! Passé le premier choc, tu défiles, gentil! Allongé sur le lit, je remonte ma main tout au long de son ventre pour relever son T-shirt.... un ange passe... la prof' réagit!

Le nombril est une partie très érotique du corps... mais les bactéries ombilicales sont très hétérogènes, exotiques et foisonnantes!

– Ben voilà! on fait une partouze! Hop! Lèchou su'le ventre!
Léo, ta liquette me gêne... Mais attends! Te tortille pas comme ça! Ces p'tites pointes de tétons... faut pas les oublier!

Alors? avec Nati! c'était comment? Tu veux pas m'raconter? ... tu veux pas un p'tit baiser derrière l'oreille?

– en petite culotte et en pyjama!

– Déballe! Tu m'excites!

– T'es un gros obsédé!

– J'savais bien, qu't'allais pas bien!

– C'est pas que je ne vais pas bien... c'est que... je n'avais pas envie de rester tout seul.

– Ben voilà! t'es plus tout seul!

– Paulo...

– Tu vas tout m'dire maint'nant...

– ... bon... je l'ai rencontrée à la première colo... Un soir, elles débarquent! Nati et Laure! Les deux meilleures copines de Lulu-je-ne-bande-plus! On termine La veillée des monos par un jeu... Le jeu de l'allumette! Tu connais?

– Oui... Tu passes une allumette de bouche à bouche et tu la casses en deux à chaque passage?

– Oui... c'est ça... quand j'ai passé l'allumette à Nati, il restait juste un tout petit bout.

– Ell' a encore passée? l'allumette?

– Non, elle n'a pas voulu.

– Les autres ont protesté?

– Oui, mais elle n'a pas voulu... là-dessus, elle s'est tirée dans sa tente!

– Et après?

– Le lendemain, Nati et Laure sont parties. Nous nous sommes dits au revoir comme s'il ne s'était rien passé.

Après la colo, j'ai demandé son adresse à Lulu... J'ai écrit. Elle est venue.

Je lui fais du thé, je lui montre tous les coins que j'aime.

Le soir, elle veut aller pisser et se laver! la honte! Je lui montre les chiottes du palier.

Après... j'ai mis de l'eau dans la grande cuvette, au cagibi! je lui passe une serviette propre.

J'avais une serviette propre, Paulo! Je ne sais pas comment... Mais j'en avais une...

Pendant qu'elle se lave, je me mets en pyjama.

Elle m'a dit qu'elle est vierge... Je pense au sang. Je n'ai jamais fait l'amour... Elle pense que je l'ai déjà fait... Elle croit que je sais faire l'amour! le sac de nœuds, Paulo! J'ai peur de lui faire mal. Je ne sais pas comment il faut faire pour ne pas lui faire mal. Je ne sais rien...

– Léo... T'es bourré! ... d'névroses d'angoisse!

– Paulo, laisse tomber ta psycho!

Nati tient la bougie, allumée... debout, en culotte et T-shirt. Elle me sourit...

Elle n'a pas peur. Elle est venue pour faire l'amour. Elle le veut! Aucun doute! Sûre de ce qu'elle veut! Aucune inquiétude! Elle en a envie.
Je ne sais plus si j'en ai envie, si jamais j'en ai eu, une seule fois, envie... Comme dans les films... Je la prends dans mes bras... Mais après! Hein? Après?

Nous passons la nuit ... avec Genesis. Je n'en peux plus. Touch Me, Touch Me, Now, Now, Now, Now, Now... Mais rien, keudal, je ne bande pas. Rien!

Paulo, je suis bourré...

– Ferme pas les yeux. Laisse-toi aller...

– Elle me caresse, attentive... un bouton, une écorchure, un creux où elle passe l'index...

Au petit matin, nous nous endormons... Au réveil, je la caresse. Elle a la peau très douce... Une peau de fille! J'aurais pu la caresser pendant des heures...

Mais... rien... rien de plus... Je lui demande si elle veut boire un thé.

Nous nous levons. Elle se lave. Elle se peigne. Nous buvons le thé, parlons de nos amis, de musique, comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Elle me dit qu'il y aura bientôt un train. Nous montons à la gare.

Sur le quai, elle me demande l'adresse de la prochaine colo. Nous nous embrassonss, les mains dans les cheveux. Le train part.

Au début, à la colo, j'ai le flip. Heureusement, il y a aussi Sara... Sara est cool, vraiment cool... Je fais comme les gamins, je me laisse aller à Sara.

– LÉO, NE PARLE PAS DE SARA!

– Du calme Paulo! take it esay!

– Ouais... take it easy... ... un p'tit whisky-coca?

– Si tu veux, Paulo..

– Non! pas si je veux! T'en veux un?

– Oui.

– Pfou... t'es vraiment pénible. Léo?

– Oui...

– Alors... Nati?

Fin de la colo! Á onze heures et quart, je suis devant le porche. Depuis la rue, je vois la lumière dans la mansarde. Je grimpe les quatre étages à toute vitesse... devant ma porte, tout essoufflé... avec le sac à dos et la guitare. Je pose tout ça dans le couloir... J'appuie sur la poignée... tout douc'ment...

Nati est allongée sur le lit... avec juste sa petite culotte... ses cheveux étalés... sur son dos nu... ses épaules bronzées... sous la lampe à pétrole... elle se retourne. Ses cheveux volent autour d'elle.

Nous nous embrassons... longtemps...

Je la caresse... à pleines mains! Je sens sa peau... si lisse... glisser sous mes doigts. Je me mets à bander, mais à bander...

Je me relève pour récupérer mon sac et ma guitare. Je ferme la porte.

Je m'assieds au bord du lit. Je me déshabille...

Nati s'allonge sur le dos. Elle sourit... Elle ne dit rien. Elle sourit...

Je passe mes doigts dans l'élastique de sa culotte et je la baisse, lentement...

Elle caresse son ventre contre le mien. Elle se serre encore plus contre moi. Elle m'enveloppe complètement... comme une bouche, sans les petits coups de dents.

– J'vois... avec les goulus... faut maîtriser... sinon! gare au gland rayé!

Nous nous embrassons encore... longtemps... à pleine langue... ma queue entre ses cuisses.

En plein délire, j'essaie de trouver une solution.

– Léo, maintenant, je prends la pilule. Nous pouvons faire l'amour jusqu'au bout...

– Elle dit ça comme si elle avait dit qu'il y a plein de gâteaux... qu'on pouvait s'empiffrer! La vie devant nous!

Paulo boit la moitié de son verre, d'un seul coup! Je fais pareil.

Il descend mon jean et mon slip jusqu'aux genoux.

Je ferme les yeux et je me laisse complètement aller...

La pièce est totalement silencieuse. Une moto... dans la rue.

Nati... tu as déjà masturbé un garçon?

– Non! jamais...

Elle me regarde... prend ma queue... tout doucement.

Du bout des doigts, elle me masse le gland. Ses cheveux glissent sur ses épaules, ses seins, ses bras, devant ses yeux... ses cheveux, si souples, si fins, sauvages, épars et si doux... Ils glissent entre mes doigts...

Elle se baisse... Ses cheveux s'étalent sur moi. Elle prend ma queue dans sa bouche.

– Léo, j'en peux plus. Mon pantalon m'gêne. Il faut que j'le vire. Continue, Léo, continue. Laisse-toi aller... Raconte et laisse-toi aller!

Attends, ... j'veux prendre du poppers.

Léo! à toi! Mets ton nez au-d'ssus du flacon! Sniffe bien! T'en renverse pas dessus!

Je sniffe lentement. Je suis complètement parti.

L'odeur du poppers monte dans la pièce. Paulo prend l'huile et me l'étale sur le ventre.

Il en a plein les mains. Il s'essuie... reprend le flacon de poppers.

– Léo, tiens... Sniffe un bon coup! ..

Elle me fait l'amour longtemps... et ça vient... Je jouis... par petits coups... tous les deux, serrés... serrés l'un contre l'autre... Je passe mes mains dans ses cheveux... Ils me fascinent... la nuit passe... Le jour se lève.

– Léo...

– ...

– Il faut que je rentre par le train de dix-sept heures...

– C'est dans dix heures...

– Léo, mets le réveil... J'aimerais prendre le temps de partir...

– Léo, tu restes avec moi cette nuit?

– Oui, Paulo...

– Léo... lève-toi... J'veux t'branler... debout!

LE RÉVEIL

Les draps chauds sentent l'ambre vert, le jour jaunâtre, le soleil pâle et le ciel bleu. Des nuages gris blanc ne savent pas trop s'ils vont se laisser aller.

Son visage est si étrangement reposé, ses grands yeux, légèrement bridés, sous le voile léger de ses cheveux, paupières fermées, arcs parfaits vers ses pommettes d'Indienne, face de lune dorée au-dessus du Grand Fleuve! roseaux, flûte, tambourins... pieds, nus et bronzés, chaînettes d'argent aux chevilles... Hej!

Elle se retourne, se blottit contre moi.

Je pose ma main sur sa joue... au lobe de l'oreille... une petite étoile d'argent... et encore, ses cheveux si fins qui glissent entre mes doigts...

Le Grand Fleuve ondule et brille sous les roseaux... immobile, un oiseau... écoute...

Essis gewen a sumer-tog ...

– Nati, tu n'as pas faim?

– Si... mais je ne veux pas sortir maintenant...

– Tu veux des galettes?

– Oui, avec du thé.

NOUS AVONS L'ÉTERNITÉ POUR NOUS.

tatatitatati tatati tatati tatati tatati tatati tatati...
La vie c'est comme l'eau
qui coule d'une fontaine
Quand je pense à toi
souvent je te revois
au bord de la mer
avec tes cheveux collés
par le sel et le soleil de l'été
tatatitatati tatati tatati tatati tatati tatati tatati...
Je n'oublierai pas ton nom
et ton regard
Je n'oublierai pas ta voix
Je ne t'oublierai pas...
tatatitatati tatati tatati tatati tatati tatati tatati...

ÉPILOGUE

– Je commençais à speeder. Y't'a fait quoi, Papet! Trois plombes que j'attends!

– David, ne commence pas... Tu te calmes ou t'y vas tout seul!

un poco de amor! Por favor!

– Le soleil m'éblouit!

– Papet! ça va pas?

– J'ai soif... Pfouh! le mal d'estomac... Juste le temps de m'asseoir! Il fait trop chaud, aujourd'hui...

Papet se vautre un peu plus dans le fauteuil.

Il tousse, deux fois... trois fois.

– Papet! tu vas?

– Mignon ton tee-shirt! Joli, joli... Tu ne devrais pas laisser ton portable dans ta poche... Cette bosse sur la cuisse... là!

Papet pose ses mains sur mes hanches, penche la tête en avant... sur mon ventre...

– et tu l'laisses faire!!!

Il pleure...

Je m'agenouille... Je le prends par les épaules... mes yeux dans les siens... Je souris...

noli me tangere! ... Papet... t'as le spleen?

– Excuse-moi, Myriam, excuse-moi, mille excuses... désolé, Myriam...

– Papet... C'est l'histoire d'une petite fille dans la forêt qui se balade avec Dutrou.

– Dis, t'as pas peur de te promener dans la forêt?

– Si un peu... mais Ça sera pire tout à l'heure...

– Quand?

– Quand...

je reviendrai...

tout seul...

– Papet! Je t'aime... Tu veux les écouteurs?

– Tu écoutes quoi, ma Puce?

– Gainsbourg!
Papet, On va dire que... je suis au regret de te dire que je m'en vais... Deuil Papet! Deuil!

– Où?

– Au Festival.

– Et tu vas écouter qui?

– La Compagnie Lubat!

– Bernard Lubat... tu écoutes Bernard Lubat?

– Il n'est pas mort... non?

– Non... Myriam... aide-moi... Il faut que je me lève...

Il ouvre le tiroir de son bureau.

Ses doigts pataugent dans les brins de tabac, des feuilles froissées...

– La carte Vitale... Pfouh... Vitale! Myriam! tu l'as sur toi!

– Un peu Papet! Vital!

– Tu vois cette règle? Centimeters! Inches! Conversion Factor. Clock. Select. Set. OFF/. Plus rien ne fonctionne! Lost in translation! Annam ! Saigon... 1979! Min Ha! Mais qu'est-ce qui m'arrive ce matin? Je suis foutu! Râpé... Myriam... t'imagines? J'avais les boules... Min Ha... je lui dis, comme ça:

MinHa! Tes nouilles sont trop cuites!

Comment j'ai pu dire ça? ... c'est tellement dérisoire... des nouilles trop cuites! N'importe quoi! Trop con! TROP CON! Myriam... il ne faut pas dire n'importe quoi à son amour...

Myriam? Tu n'as pas entendu un bruit?

– Non...

– J'ai cru... Regarde! Les carnets de commande! SERFLEX, le vrai! La montre en or! C'est là depuis quatorze ans! Depuis la mort de mon père! Tiens! Tu veux une carte électorale? Vierge!

– C'est plus de mon âge! Merci, Papet...

– Un tract jaune pour un festival de steel-band?

– Je crois qu'il est périmé! Tu devrais vérifier ton frigo plus souvent!

– Myriam... le frigo! C'est Anna! Bon... Rien! Rien! Je n'ai rien pour toi, Myriam!

– un vieux carnet d'adresses... Tu crains, Papet!

– Périmé... aussi!

– Même périmé... ce n'est pas prudent...

– Je m'en fiche... J'étais jeune! Mais... vaut mieux pas l'ouvrir... C'est pas le jour...

– Papet! et la petite caisse! là ! je peux l'ouvrir?

– Vas-y!

– Hum... la bonne odeur!

– ... c'est tout ce qui reste!

– Papet... faut que j'y aille!

– Ah! Je savais bien! tiens... prends-les!

– Papet...

– Ouais... Alors? Je les glisse dans ma poche? Direction Centre Ville Bar Tabac? ... pfouh... j'sais pas... aujourd'hui, j'ai déjà la gueule de bois!

– OK... OK... Merci, Papet. Merci, Papet! Salut, Papet! Faut que j'y aille! David va s'énerver!

– Á bientôt, ma Puce!

– Bon... Myriam, maintenant, on y va?

– allez, David... Décolle! On peut faire le plein!

JUBILÉ

Des morts!
Des divorces!
Des enfants, partout, des enfants...
Certains absents, déjà... en voyage...
D'autres qui ont déjà fait des enfants
Des enfants, des enfants. Partout.
Bon Citoyen, le Sens du devoir... C'est vite arrivé.
Réserviste intègre, ré-pu-bli-cain sécurisé,
Me voici, me voilà! Matraques, casques et boucliers!
Sus aux Bâtards! Mort aux Racailles!

Alors? J'sais pas...
J'me fais peur... Je suis parano...
Aux limites d'un moi illusoire...

FIN

AVEC, PAR ORDRE D'ENTRÉE

Yong Den Le lama Jacques Le barman des Lueurs de l'Aube
Myriam La fille de Léo Les passagers du train
Georges W. Bush La vieille dame du train
Léo Le poète Les passagers sur le quai
Eugène Lebarbeau Le premier garçon du To Mate
Babette La première minette d'Eugène Le second garçon du To Mate
Melody La deuxième minette d'Eugène Les clients du To Mate
Tux Le pingouin Le patron du To Mate
David L'ami de Myriam L'urgentiste
Les enfants Le grand type du train
Les filles brunes L'ami de Nati
Les marins La foule de 1981
Le général Sabine La libraire du Miroir
L'officier Jenny de Frisco L'amie américaine
Les passagers de l'abribus Allan Le fils du poète
Paul L'étudiant en psychologie Gilou Le polyglotte
Zorro Le cavalier Lucas Le rouleur de joint
Marie L'étudiante en musicologie La fille au miroir
Les clients du Bar de la Place Les touristes bleus
Les passants de la Place Diabolo Le petit chat
Julia La poétesse Thu Thi La mère de Valentine
Boris Le boxer L'amateur de peinture
Valentine La lycéenne La prof' d'Arts Plastiques
Le garçon de l'Obsidienne Martha Argerich La pianiste
Le commissaire Paul Jackson Pollock Le peintre américain
Mamie Maigret La foule de la gare
Le flic Anna La barbouze
Fifi La souris Roger Le père de Valentine
Lulu La célibataire Lily La meilleure copine de Valentine
Les Zoreilles Les danseurs du On Another Side
P'tit Robert Le père de Sara La commère
Le frère de Sara Le compère
Sara L'amie de Jim Les habitants du Bourg
Le couple du cinéma Le Maire du Bourg
Le garçon du Bar de La Place Le Curé du Bourg
Les copines de Valentine Les clients de La Brasserie
La foule sur le Cour Charles Hernu Le ministre
Freddy Le sculpteur Le staff de l'Elysée
Jean Le peintre et Luc son pseudo Le batteur
Le fedayin Le sanglier
Les fauchés de Freddy Marianne L'auto-stoppeuse
Le propriétaire Abdel Le chauffeur
La prof La jeune bohémienne
Les Parents d'Élèves Les monos de la première colo
Georges Le barbouze Joseph L'ébéniste
Tony Le fils de Léo La petite vietnamienne
Les d'mi-portions Yvon L'ami de Valentine
Les fils de fromagers Le défilé de l'enterrement
Bob Le pion Le galeriste
Le Chef des troisièmes Le public du vernissage
La Bande des troisièmes Le piéton du radio-trottoir
Les Bleus Le garçon du D3D
Le Gros Le premier Bleu Le père de Laure Le gros actionnaire
Jo La Dalle Le second Bleu Les manifestants
La nana dans la rue Le prof' d'histoire
Pascal Le collégien Le lycéen antisémite
Lotre Le pion des troisièmes Dany Le leader étudiant
Charbonnay Le prof de techno Samuel Le parrain de Laure
Dirlo Le directeur du collège Leonard L'oncle de Laure
Les prof's du Collège La mère de Nati
Les Polichinelles Les mômes du camp S.N.C.F.
Nati La petite Indienne Les mômes de la Z.U.P et du camp de gitans
Les piétons de la rue de l'Amour Camille La môme du camp S.N.C.F.
Le promeneur du Parc La tante de Léo
Laure La Princesse La prof' de français
Les dragueurs du Parc Min-Ha Fille d'Annam

– Salut Léo !

– Paulo!

– Tu sais quoi?

– Elle m'a dit!

– La smala n'a pas d'thunes! ! !

– La fatma craque!

– Va falloir faire quelque chose!

– Ouais... les bonobos!

– This may take some time...

– OK? Kookie Ookie?

– Hully! Gully Gully! OuKi KouKi!

– Tatoo kompri!

BANDE-SON

New Order: Bizarre Love Triangle, Substance, 1987
Neil Young: Eldorado, Freedom, 1989
Tryo:J'ai rien prévu pour demain, Mamagubida, 1998
Sheila:Le film à l'envers, J. Vilanueva, Editions New Chance / Intersong, 1984
Léo Ferré et les Zoo: la “The Nana”, Amour Anarchie, 1970
Neil Young: Running dry, Everybody knows this is nowhere, 1969
Van Morrisson Gloria, (version Patty Smith) 1975
Georges Brassens: Fernande, 1972
Nino Ferrer: Les hommes à tout faire, 1967
Sheila:Petite fille de français moyen, Paroles et Musique: Georges Aber, J.Monty, Claude Carrère, Disque Philips, 1969
PinkFloyd: Speak to Me, Dark Side of the Moon, 1973
Sheila:L'école est finie, Paroles:André Salvet & Jacques Hourdeaux. Musique: Claude Carrère, Editions Raoul Breton / Pleins Feux, 1963
Sheila:Papa t'es plus dans l'coup, Jil -Jan, Editions Métro, 1963
Georges Brassens: Le Blason, 1972
Serge Gainsbourg: La valse de Melody, L’histoire de Melody Nelson, 1971
Maurice Chevalier: Valentine, Paroles: Albert Willemetz. Musique: Christiné, de la revue Paris qui chante, Editions Salabert, 1925
Christophe:Aline, 1965
Georges Brassens: Il suffit de passer le pont, 1953
Percy Sledge: When a Man Loves a Woman, 1968
Neil Young: Tonight’s the Night, Tonight’s the Night, 1975
The Doors: Unknown Soldier, Waiting For The Sun, 1968
Georges Brassens: Les Trompettes de la Renommée, 1962
Sheila:Poupée de porcelaine, D. Vangarde, C. Carrère, J. Schmitt, Bleu Blanc Rouge Editions / C.Carrère Editions, Warner Musique France, 1972
Serge Gainsbourg Jane Birkin: Je t'aime, moi non plus, 1969
Sheila:Le tam-tam du vent, D. Barbevilien, Editions New Chance / Zoé Production, 1988
Bourvil, Jacqueline Mailland: Je t'aime, moi non plus, 1970
Marco Repetto, Martin et Stephan Eicher: Film2, Grauzone, 1981
Carte de Séjour: Douce France;Paroles et musique: Charles Trenet, L. Chauliac, 1987
Bourvil:La causerie anti-alcoolique, 1950.
Georges Brassens: La Mauvaise Réputation, 1952
Leonard Cohen: So Long, Marianne, Songs of... , 1968
Alain Bashung: Gaby oh Gaby, Paroles: Boris Bergman. Musique: Alain Bashung, Editions Allo Music, 1980
Tryo:La main verte, Mamagubida, 1998
Deep Purple: April, Deep Purple, 1969
Bourvil:C'était bien -"Au petit bal perdu", 1961
Georges Brassens: La Princesse et le Croque-Notes, 1972
Léo Ferré et les Zoo: La Lettre, Amour Anarchie, 1970
Chris& Carla: Swinger 500, Swinger 500, 1998
Chris& Carla: Bingo Catastrophe, Swinger 500, 1998
Chris& Carla: The Good News First, Swinger 500, 1998
Genesis:The Musical Box, Nursery cryme, 1971
Minimal Compact: Raging Souls, Raging Souls, 1985
Patrick Péronne, Jean-Michel Guillo: Song for Mister, Musique du film: Un dîner très spécial(José Benazeraf), 1977.
Christophe "à l'Olympia", Un succès fou, 2002
Graeme Allwright T. Paxton: Sacrée bouteille, Le jour de clarté, 1968
Sheila:Je suis comme toi, Y. Martin, A. Martin, Editions New Chance /Intersong, 1984
Johnny Halliday: Ma gueule, Pavillon de Paris 79, live, 1979
Georges Bizet: Carmen, Air du toreador, 1874
Georges Brassens: Sauf le respect que je vous dois, 1972
Los Niños de Sara: El Niño del vento, La cubanita, 2001
Ben Zimet: vi bist du gevezen, Chants et traditions Yddish, 1998
Georges Brassens: Les amoureux des bancs publics, 1953
Gojim:Ess is gewen a sumer-tog, Ess firt kejn weg zurik... , Jiddische Lieder aus dem ghetto in Wilna 1941-1943, 1992. Nino Ferrer: Chanson pour Nathalie, Suite en oeuf, 1975
Shakira:Un Poco de Amor, Grandes Exitos, 2002
Serge Gainsbourg: Je suis venu te dire que je m'en vais, Vu de l’extérieur, Paroles et Musique: Serge Gainsbourg, Melody Nelson Publishing, 1974
John Lennon: Imagine, 1971
The Doors: The End, The Doors, 1967

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TEXTES CITÉS

Le lama aux cinq sagesses, Lama Yong Den, traduit du tibétain par Alexandra David Neel, éd. Plon, Paris, 1933.
Champignons toxiques et hallucinogènes, (pp. 215 et ss), (p. 290), Roger Heim, éd. Boubée, Paris, 1963.
José Benazeraf, (p. 64, p. 82) Paul Hervé Mathis, Anna Angel, Anthologie permanente de l'Érotisme au Cinéma, Dirigée par Eric LOSFELD, Le Terrain Vague, 1973, Paris.
Fêtes et Civilisations, (p. 77), Jean Duvignaud, Librairie Weber, 1973.
On a marché sur la Lune, Hergé, Casterman, 1962.
La révolution sexuelle, (p. 368), Wilhem Reich, traduit de l'anglais par Constantin Sinelnikoff et Wilhem Reich, Infant Trust Fund, 10/18, Union Générale d'Édition, Paris, 1971.
Babeuf, Écrits présentés par Claude Mazauric , (p. 101), Messidor/ÉditionsSociales, Paris, 1988.
Libres enfants de Summerhill, A.S. Neill, 1960, 1970 pour l'édition française (Maspero).
Le Prophète, Khalil GIBRAN, 1923.

Le Miroir: texte et illustrations de Pierre Belleney
Licence creative commons 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0)

Editions de l'Obsidienne, Montpellier, France

Éditions de l'Obsidienne, Montpellier,
Août 2012 (première version), Juillet 2014 (seconde version)
ISBN 979-10-91874-00-7

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