Les Entretiens, Cahier n°3, Salvador Nana / Sarah B. Cohen (PDF)
Salvador Nana est né à Douala. Sarah le rencontra sur Facebook où il témoignait de sa vie de jeune gay au Cameroun où l’homosexualité est punie d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une forte amende. Cahier n°3, Salvador Nana / Sarah B. Cohen, PDF, A4, 40 pp., 8 photographies couleurs. |
5 € TTC
Auteur.e | Salvador Nana / Sarah B. Cohen |
ISBN | 9791091874083 |
Format | A4 |
Nombre de pages | 40 |
Date de sortie | 20/01/2019 |
Poids | 3.11 Mo |
Produit numérique |
Salvador Nana est né à Douala. Sur Facebook, il témoigne de sa vie de jeune gay au Cameroun où l’homosexualité est punie d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une forte amende:
« Petit, je suis un enfant plutôt intelligent, assidu et respectueux des valeurs traditionnelles.
Je suis différent des autres et ça, ils ne cessent de me le répéter : je préfère les poupées au foot, je joue plutôt avec mes sœurs qu’avec mes frères, je suis un peu maniéré et du coup on me colle toutes les étiquettes sur le dos : fille-garçon, pédé…
C’est dans cette ambiance que je grandis.
Au secondaire, de retour chez maman, je rencontre un voisin avec qui on se lie d’amitié et avec qui on fait plein de choses coquines ; lui, ne sachant pas toutes mes frustrations, se confie un jour à un voisin.
Ce voisin profite alors de ce lourd secret pour me faire chanter et m’extorquer des services gratuits.
Dans mon adolescence, maman me surprend un jour avec un mec et décide d’agir.
Elle m’emmène alors voir des tradipraticiens et le curé du quartier.
À son plus grand dam, il n’y a aucun changement sur mon physique et elle se dit alors déçue.
C’est ainsi qu’elle ne me parle plus, ne me regarde plus. Je vis dans une maison avec elle, mais comme si j’étais tout seul.
Pour payer mes études de droit, je dois faire des petits jobs par-ci, par-là. Des fois je veux quitter, aller me caser, mais mes petits jobs ne me permettent pas de claquer la porte et je dois supporter tous les regards moqueurs, ces hommes qui te huent au passage, ces femmes qui te toisent sur le chemin ou ces anciens amis qui se moquent dès que tu les croises.
Tu n’arrives plus à te retrouver, reconstruire ton identité ; des fois, j’ai pensé au suicide, à la fuite vers d’autres lieux, mais où ? La peur reste constante et tu vis renfermé sur toi-même.
Les hommes qu’on rencontre sur les réseaux sociaux sont parfois des escrocs ou des espions, car, chez nous, l’homosexualité est pénalisée.
Du coup on est sur le qui-vive, on a peur, on ne sait à qui faire confiance et on vit en réclusion.
Parfois tu as l’espoir de trouver quelqu’un ailleurs avec qui partager une idylle via les réseaux sociaux ou pendant des vacances, à l’occasion. Mais, là encore, tu peux tomber sur un raciste qui ajoute encore de la douleur à tes peines. C’est dommage et dur. »
Cahier n°3, Salvador Nana / Sarah B. Cohen, PDF, A4, 40 pp., 8 photographies couleurs.