
Tu es comme la mer
Tu es comme la mer, poésie. Texte de Philippe Lanjard et cyanotypes de Louisa Linton. |
12 € HT
Nombre de pages | 18 |
Auteur.e | Philippe Lanjard et Louisa Linton |
ISBN | 979-10-91874-39-7 |
Format | A5 |
Date de sortie | 01/05/2024 |
J'aime les mots.
Enfant, ils m’étaient des refuges mystérieux ; adolescent, je les ai écrits "à la manière de", pour faire mes gammes ; j'ai trouvé dans les poètes des âmes sœurs par delà le temps ; plus tard, j’ai laissé s'unir ces maîtres en une voix propre, qui deviendrait la mienne, pour libérer ma licence d'écriture.
Étudiant, je passais des nuits à brider mes envolées par l'écriture sous contrainte ; il m'en reste une certaine disposition à l'épure, à ne conserver que ce qui s'impose à moi comme l'essence du texte.
Tout y est passé : épique, classique, romantisme, symbolisme, surréalisme, structuralisme.
Et puis, j'ai tout envoyé en l'air, pour n'en recueillir que ce qui en est retombé. Je n'ai jamais cherché un style ; il ne m'intéresse pas.
L'écriture, en ce qui me concerne, est peut-être plus mystique que technique ; du moins la technique a-telle fini par se fondre dans la chair de l'acte d'écrire ; elle opère sans que je la recherche, en automatique, comme un programme en "arrière-plan".
Cela peut, qui sait, donner un style, mais si c'est le cas, alors c'est lui qui m'a trouvé – sourire.
Comédien, j'ai aimé dire les mots sur la scène. Murmurés, proférés, habités, livrés à l'oreille des spectateurs, le bruit des mots lorsqu'ils résonnent, raisonnent ou déraisonnent, dans l'espace d'un théâtre, le ressenti de leur impact sur le public qui, comme un corps, comme une entité constituée, réagit, vibre et renvoie à son tour la vibration de cet impact. J'ai aimé, aussi, le silence qui suit les mots, lorsque la salle est vide et que ce silence palpite encore de leur écho, à vous en picoter la peau.
J'aime les ondes que provoquent les mots lorsqu'on les lit pour soi ; j'aime la place qu'ils occupent sur la page blanche, "cet espace où le noir se tresse", et j'aime le bruit d'un livre que l'on referme.
J'ai beaucoup parlé autrefois, assoiffé de mots, de dire le Monde, d'en découdre avec lui.
Maintenant lorsque j'écris, lorsque je parle, je pense toujours au silence, qui est là, blotti aux creux des mots et qui viendra ensuite.
J'aime les mots
et j'aime le silence,
après les mots,
il y a toujours un blanc
et le silence.
De ma collaboration avec Louisa Linton.
J'ai aimé confier à Louisa Linton le soin de créer les cyanotypes qui, loin d'illustrer, respirent dans leur propre champ narratif, se blottissent dans les lieux de la page, comme ce silence qui m'est cher, en contrechamp, en contrepoint. Ils semblent surgir comme les images enfouies qui nous remontent du fin fond, de la mémoire, comme on revisite un instant passé, juste une lumière, un parfum, une sensation, une voix, rien de tangible, juste une impression, confuse souvent, mais toujours parlante, à sa façon d'image. Et puis, le bleu, le bleu, dans tous ses états, qui n'est ni totalement celui de la mer, ni du ciel, ni de l'encre, ni de l'âme, mais d'un tout, le tout auquel le texte ne cesse de nous ramener lorsqu'on lui cherche un sens unique, qui n'existe pas.
Philippe Lanjard
Tu es comme la mer
Philippe Lanjard : poèmes
Louis Linton : cyanotypes
18 pages
ISBN 979-10-91874-39-7
éditions de l'Obsidienne
Montpellier